Le chiffre était presque aussi attendu que la bobine de l'ex-président, shootée au flash devant le mur gris d'une prison d'Etat. Au point de faire l'objet de paris enflammés sur internet. Jeudi soir, les précieuses données sont enfin tombées: le poids et la taille de Donald Trump, inscrits en gras sur des papiers judiciaires. 6,3 pieds et 215 livres. Soit 98 kilos pour 1m90.
Loin, très loin, de l'honorable «125 kilos» que lui avaient attribué les utilisateurs du site BetOnline (qui vous propose notamment d'estimer la taille du pénis d'Elon Musk).
Il n'en fallait pas moins pour que les observateurs aguerris s'étranglent entre leur milk-shake et leurs french fries. «Wait, what?!» s'étouffe l'animateur de CNN, Jake Tapper, quelques minutes après la publication de ces statistiques très flatteuses.
S’il dit vrai, Donald Trump afficherait le même poids et la taille qu'un joueur de football professionnel. Petit exemple avec Lamar Jackson, qui affiche exactement les proportions sur son CV.
A la décharge des responsables de la prison de Fulton, les agents n'ont pas eu besoin de sortir une balance de leurs placards pour peser le prisonnier. Histoire d'accélérer le processus (à peine une demi-heure en tout, la taille et le poids de l'ancien président ont été signalés «à l'avance» d'après un conseiller de Trump à la chaîne ABC News.
Ajoutons que chaque prison traite ses accusés différemment. Dans certains comtés, les données des accusés sont tirées directement de leur permis de conduire et peuvent donc s'avérer «obsolètes». Pour l'anecdote, dans les documents publiés jeudi, les cheveux de Trump sont décrits comme de couleur «blonde» ou «fraise».
Que Trump ait les cheveux blonds ou couleur «fraise», ses prétendus 98 kilos n'ont pas manqué de faire pouffer les internautes sur la toile. «Le fait qu'il ait menti sur ce formulaire devrait faire l'objet d'une autre accusation», se gausse un utilisateur sur X (feu Twitter).
Voilà des années que le poids de Donald Trump, 77 ans, jadis président le plus âgé à avoir jamais pris ses fonctions, est une cible mouvante et un sujet de débat national et passionné.
Il faut dire qu'il détonnait, Donald Trump, en 2016, avec son amour de la malbouffe et son abstinence obstinée d'activité physique, en succédant à un Obama biberonné à la bouffe «healthy» et aux heures de jogging. Alors qu'il est candidat à la présidentielle, le businessman affirme peser quelque 107 kilos.
Deux ans plus tard, en 2018, il est temps pour le républicain de passer sur la balance du médecin de la Maison-Blanche, Ronnie Jackson. Verdict: 108 kilos. Avec un indice de masse corporelle de 29,9, bien qu'en «très bonne santé dans l'ensemble», le président approche dangereusement du stade de l'obésité.
C’est donc tout naturellement que Dr Jackson suggère à son patient d'augmenter sa pratique de sport et sa consommation de salade, tout en réduisant celle de hamburgers. Objectif: perdre, enfin, cette petite dizaine de kilos dont il jure de se délester depuis des années.
Hélas, c’est raté. L'année suivante, le chef d'Etat dépasse le seuil fatidique. Il affiche désormais un indice de masse corporelle de 30,4 et rejoint officiellement la catégorie clinique des «obèses». Un constat qui ne l'empêchera guère, en juin 2020, lors de son ultime examen médical en tant que président, d’atteindre les 110 kilos.
Ce n'est pas un secret d'Etat: bien qu'il soit biologiquement âgé de 77 ans, ses goûts alimentaires sont assez similaires à ceux d'un enfant de 7 ans.
Selon son ex-directeur de campagne, Corey Lewandowski, rien ne réjouit plus l'homme d'affaires que s'enfiler un bon vieux McDo, le soir venu. Parce que, selon Trump, «au moins, vous savez ce qu'ils y mettent». Sa commande préférée?
Un amour tel que, à son arrivée à la Maison-Blanche, le nouveau président réclame aux cuisines de recréer la nourriture de son fast-food préféré. Hélas, ces vaines tentatives de copie ne pourront guère «égaler la satisfaction» des plats originaux, note une journaliste de Politico.
Ce n'est pas la seule frivolité culinaire dont Donald Trump fera preuve au long de son mandat. A la Maison-Blanche, constate le TIME, le 45e président des Etats-Unis apprécie se démarquer légèrement de ses convives. Par exemple, il opte pour une vinaigrette «Mille-Îles» lorsque les invités ont droit à une basique sauce à salade crémeuse, et il est le seul à recevoir un «supplément de sauce» avec son poulet.
Pareil pour le dessert: lorsque tout le monde doit se contenter d'une seule boule de glace vanille avec sa part de gâteau au chocolat, Trump, lui, en reçoit deux.
Et pour faire passer tout ça, rien de tel qu'un bon Coca Light. La légende raconte que Trump s'enfile environ 12 canettes par jour - mais comme il ne boit pas d'alcool, sur conseil de son frère qui a sombré dans la boisson, on pourrait presque l'excuser.
Vous avez pigé: à l'exception des cornichons et des tomates de ses Big Mac, Donald Trump n'est pas grand amateur de légumes. De quoi compliquer un potentiel régime à base de laitue et d'eau citronnée. Rien d'étonnant, donc, à ce que les équipes de cuisine de la Maison-Blanche aient veillé à glisser discrètement des légumes dans ses repas, comme une maman tentant désespérément de faire avaler du brocoli à sa marmaille.
Depuis 31 mois qu'il n'est plus sous la supervision d'un médecin du gouvernement, il ne fait guère de doute que ce golfeur et conducteur de voiturette émérite n’a pas renoncé à sa passion pour la restauration rapide pour se mettre à la diète. On en veut pour preuve cette charmante bedaine, savamment mise en valeur dans des polos blancs, que le septuagénaire promène de terrain de golf en terrain de golf.
Au fond, au milieu des centaines de milliers d'élucubrations prononcées quotidiennement par Trump, un mensonge sur son poids pourrait paraître assez anecdotique. Je veux dire: qui ne l'a jamais fait?
Sauf que cette hilarité générale est peut-être amplement méritée. Le milliardaire, depuis toujours très «sensible» aux apparences (des autres, on s'entend) a toujours été très inspiré quand il s'agit de s'attaquer au physique.
De la plastique générale à la taille des mains, en passant par celle du tour de taille et des attributs masculins: tous les moyens sont bons pour descendre bassement ses ennemis. Le pauvre Ron DeSantis, alias «Ron boulette de viande» en référence à son petit ventre rond, peut en témoigner.
Mais la question du poids n'est pas qu'esthétique: c'est aussi un enjeu de santé et un gage de vitalité pour le candidat qui, depuis des mois, exploite sans vergogne les 80 ans de Joe Biden. A quelques mois des premières élections primaires présidentielles de 2024, pas question pour Trump de passer pour le vieil obèse en bout de course. En particulier lorsque les électeurs s’inquiètent de l’âge et de la forme physique des deux principaux prétendants.
L'an dernier, citant son médecin, Donald Trump affirmait qu'il était «le président le plus en bonne santé qu'il ait jamais vécu». Pas de quoi donc le convaincre de renoncer à la tendresse d'un Big Mac, «obésité» ou pas.