Alors qu'il multiplie les croisades judiciaires, le prince Harry vient de perdre sa première bataille. Mardi soir, un juge de la Haute Cour de Londres a tranché: non, Son Altesse le duc de Sussex ne sera pas autorisé à s'allouer les services de la police métropolitaine, lors de ses déplacements au Royaume-Uni. Pas même s'il les paie de sa propre poche.
Pour comprendre les tracas du prince, il faut revenir aux sources du drame: le «Megxit». Souvenez-vous. En janvier 2020, au moment de leur retrait fracassant de la famille royale, Harry et Meghan se retrouvent dépouillés de leur service protection officiel, garanti par les forces de l’ordre, aux frais du contribuable britannique.
Une perspective insupportable pour Harry, habité depuis sa prime jeunesse par un fort sentiment d'insécurité. Lors d'une réunion secrète avec le reste de la clique royale (passée à la postérité sous le nom de «sommet de Sandringham»), le duc se bat bec et ongle pour conserver ses gardes du corps, quitte à sacrifier d'autres avantages royaux.
Son moyen de pression, au cours des négociations? Sans garantie de protection policière suffisante, les Sussex ne sont pas sûrs de vouloir reposer un jour un orteil au Royaume-Uni, cette terre hostiles grouillante de paparazzi.
On accorde donc au couple un statut exceptionnel: une protection policière au cas par cas, limitée aux seuls événements royaux officiels et à un niveau moindre de celui dont ils bénéficiaient comme membres actifs de la royauté. Un service limité dont les Sussex bénéficieront lors du jubilé de platine de la reine Elizabeth II. Ou, plus récemment, lors du passage-éclair d'Harry au couronnement de son père, en mai dernier.
En Californie et lors de leurs voyages, la sécurité des ex-royals est assurée par leurs propres gardes du corps, autorisés à porter des armes. Un défi particulier lorsqu'ils se rendent au Royaume-Uni, où les agents de sécurité privés ne bénéficient pas d'une telle autorisation.
En 2020, le prince a donc une idée: payer de sa propre proche une protection de haut niveau par des policiers spécialement formés, ayant accès aux renseignements britanniques. Une proposition aussitôt rejetée par le ministère de l'Intérieur. Débouté, Harry intente une action en justice.
Dans les documents du premier procès, qui se tient en janvier 2022, les avocats d'Harry argumentent que le prince, qui a hérité d'un «risque pour la sécurité à la naissance, à vie», reste «sixième dans la succession au trône», a effectué «deux missions de combat en Afghanistan» et encore, ces dernières années, «sa famille a fait l'objet de menaces néonazies et extrémistes bien documentées».
La semaine dernière, les avocats du duc n'ont pas hésité à comparer la présence d'Harry sur sol britannique à un match de foot ou à une manifestation sportive - des évènements durant lesquels la police est autorisée à facturer certains services.
Un argument balayé par la justice britannique et les avocats du ministère de l'Intérieur, qui a fait valoir qu’il n'est «pas approprié» que des personnes fortunées «achètent» une protection pouvant inclure des agents armés, lorsqu’il a été décidé que «l’intérêt public ne le justifie pas».
En bref: riche ou pas, célèbre ou pas, Harry ne peut pas «acheter» les services de la police métropolitaine.
La décision a été confirmée dans un copieux jugement de dix pages, rendu ce mardi. Le juge a réfuté la comparaison entre «les services de police fournis lors d'événements sportifs ou de divertissement» et ceux du prince Harry, qui impliquent «le déploiement d'agents spécialisés hautement qualifiés, dont le nombre est limité, et qui sont tenus de se mettre en danger pour protéger leurs mandants».
Sacré revers pour Harry, alors que sa sécurité vient justement d'être remise au centre du débat, depuis sa course-poursuite «presque catastrophique» la semaine dernière, à Manhattan. Des évènements qui font toujours l'objet de récits très contradictoires en fonction des sources.
Toutefois, ce désagrément ne marque pas la fin de la lutte ducal pour sa protection policière. Un second volet judiciaire contre le gouvernement britannique concernant la levée «abusive» de sa sécurité est toujours en cours. L'audience n'a pas encore eu lieu.
En plus des affaires de sécurité, le prince poursuit également les éditeurs des trois plus grands tabloïds britanniques – The Mirror, The Daily Mail et The Sun – pour avoir piraté ses téléphones et empiété sur sa vie privée. Le prince devrait comparaître à la barre des témoins au début du mois prochain.