Ding ding, les républicains sont sur le ring! C'est à Milwaukee, Wisconsin, que démarre officiellement le marathon pour la Maison-Blanche. Coup d'envoi le 23 août, avec un premier débat télévisé dont la conservatrice chaîne Fox News se réserve la diffusion.
Une étape symbolique et une chance inégalée pour chacun des candidats républicains de se différencier dans un champ déjà bondé, afin de capter des dons et l'intérêt des électeurs. D'autant que Donald Trump, favori incontesté, a officiellement confirmé qu'il sauterait ce rendez-vous symbolique.
C'est qu'il s'annonce gratiné, ce cru 2023, avec plus de 13 candidats déjà déclarés côté républicain. Pas question que tout ce petit monde se bouscule et se marche dessus sur le plateau. Histoire de faire un premier tri et d'éliminer, les candidats ayant peu, voire aucune, chance de victoire, le Comité national républicain a décidé d'établir des règles strictes.
Pour pouvoir prétendre à ce premier combat télévisé et montrer ce que chacun a dans le ventre, quelques conditions devaient être réunies avant ce lundi 21 août. Dons, pourcentage dans les sondages nationaux, et enfin (la condition sine qua non imposée par le GOP qui a provoqué le plus de controverses parmi les candidats): une «promesse de loyauté» de soutenir le candidat final de la primaire.
Pour l'heure, seuls deux prétendants ont catégoriquement rejeté cet engagement. Donald Trump (qui d'autre?), ainsi que l'ancien membre du Congrès du Texas, Will Hurd, candidat farouchement anti-Trump, et qui préférerait probablement avaler du cyanure que de jurer allégeance à son ennemi public numéro 1. Mais bon, comme Will Hurd n'a pas de toute façon pas réussi à remplir les autres conditions, cette formalité ne changeait pas grand-chose à son absence du plateau ce mercredi.
Neuf candidats se sont ainsi qualifiés pour cette première étape: Donald Trump (évidemment), suivi de son «principal» rival Ron DeSantis, de plus en plus à la traîne dans les sondages.
Aux deux ennemis s'ajoutent l'ancien gouverneur de l'Arkansas Asa Hutchinson, le sénateur Tim Scott, l'ancienne gouverneur et seule femme du panel, Nikki Haley, ainsi que l'ex-gouverneur du New Jersey Chris Christie. Enfin, l'actuel gouverneur du Dakota du Nord Doug Burgum, et Vivek Ramaswamy, l'entrepreneur et auteur à succès novice en politique, mais qui a fait une belle percée dans les sondages ces dernières semaines.
C'est sans oublier Mike Pence, l'ex-vice-président de Donald Trump, l'un des derniers à s'être qualifié. Ce qui ne l'a pas manqué de fanfaronner qu'il était parvenu à atteindre les seuils de dons requis sans «cadeau ni gadget». Une pique à peine voilée à son concurrent Doug Burgum, homme d'affaires fortuné dont la campagne est largement autofinancée, et qui s'est illustré en offrant des cartes-cadeaux de vingt dollars en échange de dons d'un dollar. Ah, l'Amérique.
Alors que ses adversaires ont désespérément besoin d'être sur scène pour capter un peu de lumière, l'ancien président a fait planer le doute sur sa participation jusqu'à la toute dernière minute. «Quand vous avez une grosse avance, vous ne le faites pas», a-t-il allégué il y a deux semaines sur Fox News. Et pour une fois, il disait vrai.
L'ex-chef d'Etat profite pour le moment d'une avance écrasante sur les autres. Son challenger le plus sérieux, Ron DeSantis, accuse un retard de près de 46 points. «Un départ si prodigieux sur le reste de la meute républicaine que le cosmos devrait se fendre et le frapper pour bloquer sa nomination», siffle Politico.
Au vu de son avance actuelle, Trump a beaucoup à perdre en participant au débat. Et peu à gagner, à l'exception de quelques années de prison. En effet, dans le cadre de son inculpation à Washington pour «complot» en vue d'annuler les résultats de la présidentielle de 2020, l'accusé s'est vu formellement interdire par la juge de «tenter d'influencer les témoins».
Or, qui se trouvera justement sur la scène le 23 août? Un certain Mike Pence, qui, en tant que vice-président, a été un témoin tout particulier des efforts de Trump pour saper les élections.
Malgré cet évident péril judiciaire, l'ancien président s'est tâté, interrogeant ses propres conseillers, avocats et principaux donateurs républicains. Il est même allé jusqu'à se laisser courtiser par Jay Wallace et Suzanne Scott, respectivement président et directrice générale de Fox News, lors d'un dîner début août.
Ces caresses n'ont guère convaincu Trump de participer au débat. Au contraire. Ce pèlerinage aurait même servi à enhardir le candidat.
Le chaos, parlons-en: selon des sources bien informées du New York Times, Trump compte disrupter le débat en dévoilant, au même moment, un entretien pré-enregistré avec le présentateur télé et vedette déchue de Fox News, l'infréquentable Tucker Carlson, sur «X» (ex-Twitter). De quoi concurrencer très sérieusement la diffusion du débat traditionnel.
Faisant fi de cette distraction, huit concurrents s'apprêtent à se jeter tout seuls dans l'arène. Et bien que l'absence de Trump sera aussi immanquable qu'un éléphant de la pièce, elle pourrait aussi constituer une aubaine. Une rare occasion de se faire entendre au-dessus du mégaphone Trump. Sans ce brouhaha, les républicains ont, enfin, une chance de se présenter et d'exposer leurs idées aux électeurs.
Au menu des discussions? La question de l'avortement, la potentielle destitution de Joe Biden, le cas de l'Ukraine et la gestion des frontières avec le Mexique. Et évidemment, l'épineux «dossier Donald Trump». Une occasion en or de taper sur le candidat et de tenter de lui rafler quelques voix.
Ce ne sont toutefois pas tant les projets que la présentation, le capital-sympathie, l'intelligence, le charisme, la confiance en soi, l'intuition politique et le culot que jugeront les spectateurs pour départager les huit candidats présents.
Le débat s'annonce particulièrement crucial pour Ron DeSantis, lui qui manque cruellement d'un nouvel élan pour prétendre à la nomination de son parti. Numéro 2 dans les sondages, le gouverneur de Floride devra donc s'attendre à une «pluie» d'attaques de ses concurrents sur le plateau. Voilà des semaines qu'il aiguise ses couteaux et ses saillies. Que le bain de sang rouge républicain commence!