On a coutume de dire qu'à «ce niveau-là, tout se joue sur des détails». Pour une fois, ce ne sont pas des fadaises. Tandis que Ge-Servette et Zoug se tenaient par la barbichette, il a suffit d'une relance hasardeuse, une seule passe malencontreuse (Tömmernes), pour que les Genevois perdent le premier acte de la finale. 1-0, but de Kovar (21e), suite mercredi aux Vernets (19 h).
Encore un «détail»? L'intervention de Genoni face à Simon à Le Coultre (48e), tandis que ce dernier sortait de prison et filait droit au but. «Un arrêt de grande classe qui change tout», s'est époumoné le commentateur de la SRF.
C'est un autre poncif de la dialectique hockeystique que de souligner l'importance du gardien, mais dans un contexte de micro-détails, Zoug a compris que ces mots avaient un sens: las de buter sur Genoni (ex-Berne) dans la course au titre, il a fini par l'engager et le payer grassement pour écoeurer les autres. Lundi, comme presque tous les autres jours de l'hiver, ce fut un bon placement.
Un dernier détail, enfin: annoncé grippé, Linus Omark a beaucoup manqué aux Genevois. Les talents de l'artiste, ses folles extravagances, mais aussi sa capacité à tenir le puck en phase de possession, ont privé les Grenats d'un certain effet de surprise.
Ce matin, la presse alémanique est pourtant unanime à relever un duel équilibré et passionnant, où l'intelligence de jeu prédomine sur toute autre conception de malice et de masculinité.
A watson, Klaus Zaugg semble vénérer le flegme du GSHC post-McSorley, sans négliger sa rigueur teutonne, son organisation tip top en ordre. «Un club a-t-il déjà réussi à s'émanciper aussi rapidement et en douceur d'une personnalité charismatique, omniprésente depuis vingt ans? Nous pouvons quasiment affirmer avec certitude que non. C'est la preuve indubitable que McSorley a créé des structures stables, qui ne dépendent pas de sa personne.»
Genève-Servette devra certes gagner mercredi pour éviter que sa déification tourne court (cette finale se dispute au meilleur des cinq matches). Mais quoi qu'il advienne de son dernier combat, il jouit déjà d'une reconnaissance rare outre-Sarine, où plusieurs médias en ont fait leur favori (de coeur et de raison). C'est peut-être un détail pour nous, mais pour certains cercles d'influence, ça veut dire beaucoup.