La 11e étape du Tour d'Espagne a été écourtée mercredi à Bilbao et n'a pas connu de vainqueur, en raison de la présence de manifestants pro-palestiniens aux abords de la ligne d’arrivée. Plus tôt dans la journée, le peloton avait déjà dû s'arrêter durant le départ fictif, avant de devoir slalomer entre les manifestants dans l'une des ascensions au programme.
«Suite à des incidents sur la ligne d'arrivée, nous avons décidé de prendre les temps à trois kilomètres de la ligne. Il n'y aura pas de vainqueur d'étape», a indiqué la direction de la Vuelta. Ces temps ont été pris en compte pour le classement général, toujours dominé par le Danois Jonas Vingegaard.
Lors d’un premier passage du peloton sur la ligne d’arrivée, de nombreux manifestants pro-Palestine étaient massés le long de la dernière ligne droite. Certains ont alors tenté de franchir les barrières de sécurité, avant d'être stoppés par des membres de l'organisation puis par les forces de l'ordre. Au total, cinq personnes ont été identifiées par la police locale, trois autres interpellées et quatre policiers ont été blessés dans divers incidents à l'arrivée, selon Bingen Zupiria, conseiller à la Sécurité du gouvernement régional basque.
Cette 80e édition de la Vuelta est émaillée depuis le départ par des manifestations quotidiennes de militants protestant notamment contre la présence de l'équipe israélienne Israel-Premier Tech sur le troisième grand Tour de l'année.
Mercredi, avant le départ de l'étape, plusieurs coureurs ont pointé les risques pour leur sécurité au lendemain de la chute de l'un d'eux provoquée lors d'une telle manifestation.
«Je comprends que la situation n'est pas bonne mais hier (réd: mardi) j'ai chuté à cause d'une manifestation sur la route. S'il vous plaît, nous sommes juste des coureurs cyclistes qui faisons notre travail et si ça continue comme ça, notre sécurité n'est plus garantie. Nous nous sentons en danger», a insisté le coureur italien Simone Petilli sur les réseaux sociaux.
Le grimpeur de l'équipe belge Intermarché s'était retrouvé au sol lorsque plusieurs manifestants ont traversé la route au passage du peloton lancé à vive allure, obligeant les coureurs à freiner brutalement.
La ministre espagnole de la Jeunesse Sira Rego, issue du mouvement d'extrême gauche Sumar, lui a directement répondu. «En Palestine, plus de 63 000 personnes ne se sentent plus en danger parce qu'elles ont été assassinées par Israël», a-t-elle écrit à son tour, saluant la «leçon d'humanité» donnée par la société espagnole après les incidents survenus à Bilbao.
Lors du contre-la-montre par équipes de la cinquième étape, des militants portant banderoles et drapeaux palestiniens avaient déjà tenté de bloquer les coureurs de la formation israélienne à Figueras, en Catalogne. Le directeur de la Vuelta, Javier Guillen, avait indiqué que les organisateurs porteraient plainte auprès de la police, qualifiant cette manifestation d'«acte de violence». Sira Rego avait dans la foulée jugé «absolument inacceptable» de qualifier de «violente» une «protestation pacifique» contre une équipe soutenue par un Etat accusé de «violence systématique» dans la bande de Gaza.
Dans ce contexte, des questions se posent désormais sur la bonne tenue des étapes à venir, et le directeur technique de la Vuelta, Kiko Garcia, a suggéré mercredi soir que l'équipe Israel-Premier Tech se retire de la course.
«Pour moi, il n'y en a qu'une (solution) pour le moment qui serait que l'équipe Israel elle-même se rende compte que sa présence ici ne facilite pas la sécurité de toutes les autres», a-t-il estimé dans un entretien accordé à la chaîne Cadena Ser, soulignant que l'organisation n'avait pas le pouvoir d'exclure une équipe.
Israel-Premier Tech a répondu dans la soirée en rejetant totalement cette option: «Israel-Premier Tech est une équipe cycliste professionnelle et en tant que telle reste déterminée à participer à la Vuelta. Toute autre alternative créerait un précédent dangereux dans le sport cycliste non seulement pour Israel–Premier Tech mais pour toutes les équipes», a-t-elle affirmé dans un communiqué.
(afp/roc)