Il a été question de «barrière» ce week-end, à l'occasion de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc: les fameuses barrières horaires, redoutées par les coureurs qui ferment la marche, tant elles sont difficiles à respecter.
Mais d’autres barrières ont également alimenté les échanges: celles qui délimitent un passage à niveau et que plusieurs coureurs ont bravées malgré leur fermeture, comme en témoignent au moins deux vidéos filmées à des moments différents, puis publiées sur Instagram.
A la vue du cadre, du passage d’un train RegionAlps aux couleurs du Valais et de la carte du parcours, il apparaît très clairement que ce passage à niveau est situé à proximité immédiate de la gare de Martigny-Croix, sur la ligne Martigny–Le Châble/Orsières.
Si le parcours de l’UTMB traverse bien la Cité d’Octodure, les traileurs ralentis ou ayant forcé le passage dans les séquences mentionnées précédemment sont ceux de l’OCC: une course satellite de 61 kilomètres reliant Orsières à Chamonix via Champex, finale de la catégorie 50K des UTMB World Series.
La première vidéo montre le Polonais Andrzej Witek, visiblement agacé d’avoir dû s’arrêter, en train de parlementer avec un membre de l'organisation. Il reprend sa course en direction du ravitaillement de Martigny, situé à quelques hectomètres, entre le passage du train et la réouverture des barrières, encouragé par les nombreux «Go» lancés par les spectateurs. La seconde dévoile plusieurs traileurs contraints de patienter, dont une femme qui traverse les rails à peine la rame passée.
Ces images ont vivement fait réagir la communauté du trail. Si certains ont pris la défense des coureurs incriminés, soulignant qu’il s’agissait d’une course prestigieuse pour laquelle ils se sont durement entraînés, que le train était déjà passé et qu’il n’y avait qu’une seule voie à traverser, beaucoup se sont montrés indignés par ce qu'ils ont vu. Ils ne comprennent pas que l’on puisse agir ainsi pour un gain de quelques secondes, sur une épreuve que le vainqueur, Jim Walmsley, a remportée en cinq heures. Ils s’inquiètent aussi du message envoyé aux enfants massés le long du parcours.
Parmi les commentaires, une revendication revient régulièrement: la disqualification des coureurs n’ayant pas respecté la signalétique, comme cela peut se produire en cyclisme. Exemple en 2018, lorsque 35 coureurs, dont Arnaud Démare et Dylan Groenewegen, avaient été mis hors course lors du Grand Prix de l’Escaut pour avoir forcé le passage.
Si le règlement de l’UTMB, lui, ne mentionne pas explicitement le franchissement des passages à niveau, il précise que toute «attitude dangereuse avérée» est pénalisée par une pénalité de 15 minutes. Par ailleurs, le «refus d’obtempérer à un ordre de la direction de la course, d’un commissaire, d’un chef de poste, d’un médecin ou d’un secouriste» entraîne une disqualification.
Troisième de l’OCC à trois minutes du vainqueur, Andrzej Witek n’a toutefois pas été sanctionné.
(roc)