Lorsqu'il est arrivé en Turquie début juin 2024, José Mourinho a été célébré en héros. «J'appartiens désormais à votre famille. Ce maillot est ma peau. Le football est la passion, et il n'y a pas de meilleur endroit au monde pour la ressentir», s'est exclamé le coach portugais, auquel Fenerbahçe a déroulé le tapis rouge avec un contrat de deux ans à près de 12 millions d'euros nets la saison.
Le Lusitanien devait permettre au «Fener» de renouer avec son glorieux passé, peut-être de remporter le titre national pour la première fois depuis 2014, à tout le moins de disputer la Ligue des champions, une compétition à laquelle le club turc ne participe plus depuis 2019. Historiquement, bien sûr, les entraîneurs étrangers échouent souvent à conquérir le titre de champion de Turquie. Mais José Mourinho a une telle expérience et un tel palmarès qu'avec lui, tous les rêves sont permis, surtout avec un staff de six personnes à ses côtés et des pouvoirs élargis en termes de mercato.
Mais les résultats n'ont jamais été à la hauteur de l'annonce, et après 14 mois, deux éliminations en qualifs de C1 (contre Lille et Benfica) et une 2e place en championnat, José Mourinho a été démis de ses fonctions. Il a quitté la Turquie sans gloire ce week-end. Des images de la télévision l'ont montré seul en salle d'embarquement, occupé à pianoter sur son téléphone comme n'importe quel passager. Ou plutôt: n'importe quel touriste fortuné, car selon plusieurs médias, Mourinho aurait tout de même quitté Fenerbahçe avec 15 millions d'euros d'indemnités de licenciement.
L’histoire d’amour entre Mourinho et Fenerbahçe en 2 images 😢 : pic.twitter.com/ccZ1oeqe9g
— José Mourinho Show (@Jmshow10_) August 30, 2025
Cette somme ne lui fera pas oublier son passage raté en Turquie, où José Mourinho a égratigné sa réputation: il a échoué pour la 6e fois consécutive à se qualifier pour la Ligue des champions et n'a remporté qu'un seul trophée (la Conference League) ces huit dernières années.
Mais plus que ce bilan chiffré, c'est son comportement qui interroge de plus en plus les suiveurs du football. En Turquie, il s'en est pris aux arbitres, il a été accusé de racisme, a pincé le nez d'un coach adverse et a fini par s'attaquer à sa propre direction. «Il est devenu fatigant, lassant, une caricature de lui-même dans son comportement et ses déclarations», estime aujourd'hui le journaliste Raphael Sebaoun sur La chaîne L'Equipe, ajoutant que le Portugais devrait songer à arrêter sa carrière.
«Il est toujours moins spécial», est obligé de constater La Gazzetta dello Sport. Pour le quotidien rose, l'avenir de celui qui a tout de même remporté 26 titres au cours de sa carrière est «rempli de doutes».
José Mourinho semble payer aujourd'hui son arrogance, ses provocations, ses ruses ou encore sa théâtralité face aux médias et sur le banc de touche. Tout ce que, finalement, le public et ses dirigeants trouvaient génial quand Mourinho gagnait, et agaçant désormais que les résultats ne suivent plus.
Il est probable aussi que «si le football a changé» (Mbappé), ses méthodes ne trouvent plus le même écho auprès des joueurs. Car si le Portugais est un fin tacticien, il mise également sur sa personnalité aussi entière que clivante pour tirer le meilleur de ses équipes. Or celle-ci ne semble plus produire le même effet que par le passé.
Le natif de Setubal aurait le droit, et surtout les moyens, de prendre une retraite anticipée. Il a perçu 108,1 millions d'euros d'indemnités de licenciements en carrière, selon le media portugais Record. Mais compte tenu de son tempérament et de son amour du football, on l'imagine plutôt relever l'un des plus sérieux défis de sa riche carrière: redevenir un grand entraîneur.
D'autres coachs à succès ont réussi à revenir au sommet après une période compliquée. C'est le cas de Carlo Ancelotti après son passage à Everton, de Luis Enrique au sortir de son expérience avec la Roma ou encore d'Antonio Conte, malheureux en Angleterre avant de briller à nouveau en Italie, avec l'Inter puis Naples.