La Coupe arabe de la FIFA 2021 est la dixième édition de cette compétition qui réunit les nations arabes africaines et asiatiques. Mais c'est la première fois qu'elle est organisée par la FIFA.
Avec la disparition de la Coupe des Confédérations, ce tournoi fait office de répétition générale pour la Coupe du monde au Qatar de l'année prochaine. D'ailleurs, 6 des 8 stades du prochain mondial sont utilisés.
Sur les terrains qataris, pas de Mohamed Salah, ni de Riyad Mahrez. La compétition se déroulant en pleine saison européenne, ces sélections arabes se sont présentées avec des joueurs évoluant essentiellement au pays ou dans les principales ligues de cette région du monde (Tunisie, Maroc ou encore Qatar). C'est aussi l'occasion d'observer l'équipe nationale du Qatar, à un an de sa Coupe du monde et qui évolue, elle, avec ses principaux éléments.
Le show pour le lancement de la Coupe Arabe de la FIFA organisée au Qatar. 🇶🇦🤩 pic.twitter.com/q0U2VR2Vug
— Actu Foot (@ActuFoot_) November 30, 2021
Pour la FIFA, c'est surtout l'événement propice pour tester son nouvel outil, le hors-jeu semi-automatisé. La compétition fait office de test grandeur nature.
On nous rabâche depuis des mois que cette pandémie mondiale représente paradoxalement aussi une opportunité d'avancer, de transformer notre société, de la digitaliser. Cette fantaisie populaire a en tout cas été bien entendue du côté de Zurich et de la FIFA, qui semble partir en croisade contre le football traditionnel. Déjà l'été dernier, elle testait de potentielles nouvelles règles lors d'un tournoi amical juniors.
Aujourd'hui, on parle plutôt de technologie avec le hors-jeu semi-automatisé. En gros, il s'agit d'un prolongement de la VAR, avec une ligne du hors-jeu détectée automatiquement et transmise instantanément à la VAR, puis à l'arbitre principal. Celui-ci aurait toujours le dernier mot, à l'image de ce qui se fait avec la «goal line technology», comme l'explique les initiateurs du projet:
Dans une vidéo de la FIFATV, le légendaire arbitre Pierluigi Collina, président de la Commission d'Arbitrage de la FIFA, explique avec ses mots les raisons qui ont poussé à ce projet:
Pour ce qui est de la technologie en elle-même, c'est le directeur de la technologie et de l'innovation, Johannes Holzmüller, qui apporte un éclairage:
Il continue son speech en expliquant que c'est ensuite le rôle des arbitres VAR de valider (ou non) la notification reçue, d'où l'appellation «semi-automatique.
Si le projet n'en est qu'à sa phase test, c'est qu'il y a encore plusieurs points à travailler. Les deux principaux étant:
Cette nouvelle technologie a déjà permis d'annuler plusieurs goals depuis le début de la Coupe arabe. On s'est penché sur trois situations pour analyser et comprendre la réelle plus-value du hors-jeu semi-automatisé.
Maroc - Palestine, but annulé pour le Maroc à la 69ème:
Les Marocains se sont vu annuler un but pour hors-jeu face à la Palestine, alors que le score était déjà de 4-0 pour eux. Il aura fallu 4 minutes à l'arbitre pour prendre une décision. La ligne de démarcation du hors-jeu est très fine et on a vraiment de la peine à voir qui est sur la ligne bleue et qui est sur la ligne rouge. Les deux problématiques de la FIFA ne semblent pas résolues sur cette situation.
Arabie Saoudite - Jordanie, but annulé pour la Jordanie à la 39ème:
Un but au final assez simple à annuler tant le hors-jeu paraît évident. L'arbitre semble recevoir une notification dans l'oreillette (sa gestuelle peut nous le faire penser) et n'a besoin que d'une minute pour annuler la réussite. Tout cela ne nous évite toutefois pas les scènes gênantes et insupportables des joies éphémères de l'équipe qui marque.
Mauritanie - Emirats arabes unis (EAU), but annulé aux EAU à la 69ème minute:
Ali Saleh doit l'avoir en travers de la gorge. Surtout après relecture des images. A la 69ème minute de son match contre la Mauritanie, l'Emirati claque une magnifique bicyclette et donne l'avantage à son pays. Forcément, il y a des scènes de bonheur après cette réussite. Trois minutes plus tard, l'arbitre annule le goal pour un hors-jeu lunaire. Dur...
Ces situations nous démontrent que ce nouvel outil pourrait être utile à l'avenir sur certaines réussites pour, notamment, faire gagner du temps sur les décisions de la VAR. Toutefois, elles nous prouvent aussi qu'il ne résoudra pas toutes les problématiques émises par la FIFA.
Pire, il pourrait encore venir creuser un peu plus l'écart entre le football professionnel et élitiste avec le football amateur. De plus, les fédérations les plus pauvres, qui galèrent déjà à financer la VAR, pourront-elles suivre ce rythme infernal de l'automatisation du football?
Un autre clivage risque aussi de se renforcer: celui entre les traditionnalistes et les progressistes du football. Ici, on préfère très clairement un monde où l'on ne refuse pas à Ali Saleh d'offrir un magnifique but et de la joie à son pays pour une position de hors-jeu d'un centimètre au niveau du genou, captée par 12 caméras et 29 points de données 50 fois par seconde.
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