Mino Raiola est décédé ce samedi à l'âge de 54 ans, a annoncé sa famille dans un communiqué. Il était hospitalisé depuis janvier dans un hôpital milanais pour une maladie pulmonaire.
— Mino Raiola (@MinoRaiola) April 30, 2022
Jeudi, son décès avait été annoncé par un journaliste italien sur Twitter et repris par de nombreux médias. Mais quelques minutes plus tard, il avait été démenti par Raiola lui-même sur le même réseau social. Ses proches avaient toutefois évoqué un état de santé «très grave».
Un épisode rocambolesque. Le dernier, donc, d'une longue liste, dans la vie rock'n'roll de l'agent le plus connu et sulfureux du football.
Carmine Raiola, de son vrai nom, voit le jour près de Naples le 4 novembre 1967. Une année plus tard, ses parents déménagent dans la banlieue d'Amsterdam, où ils ouvrent une pizzeria, le Napoli.
A en croire le manque d'infos sur l'enfance et l'adolescence de Carmine Raiola, sa jeunesse est aussi peu originale que le nom du restaurant familial. Malgré tout, le lieu séduit. D'abord grâce au pizzaïolo, parfois campé par Mino Raiola himself: les pizzas y sont bonnes, à tel point que des vedettes hollandaises du ballon rond viennent les déguster. En créant des liens avec eux, le futur agent glisse un premier orteil dans le monde du foot. Peu après, il devient directeur sportif du club local.
Le cuistot improvisé a fin nez et de la suite dans les idées. Flairant l'essor tout prochain du foot-business, il fonde en 1993 son entreprise Intermezzo. Elle lui permet de devenir l'intermédiaire de footballeurs néerlandais qui veulent jouer à l'étranger. Son premier gros coup? Dennis Bergkamp, transféré de l'Ajax Amsterdam à l'Inter Milan.
La folle machine est lancée, les clients accourent: Pavel Nedved, Zlatan Ibrahimovic, Paul Pogba, Marco Verratti ou plus récemment Erling Haaland. Moins de 30 ans plus tard, le très sérieux Forbes estime la fortune de l'agent star à 84,7 millions de dollars en 2020, accumulée grâce aux commissions perçues sur les nombreux transferts des plus grandes vedettes.
Parmi elles, c'est Ibrahimovic qui s'est le plus lié d'amitié avec le Napolitain. La première fois que les deux hommes se sont rencontrés en 2003, l'attaquant suédois n'en croyait pas ses yeux. «J'ai cru que c'était une blague. Il ressemblait à un type de la série Soprano, jeans, tee-shirt Nike avec un bide énorme», raconte-t-il dans sa biographie Moi, Zlatan Ibrahimovic.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la dégaine de Mino Raiola ne paie pas de mine. Faux airs de Coluche et de Patrick Timsit, le multimillionnaire préfère les t-shirts et les jeans aux costumes, pourtant très plébiscités par ses confrères. Mais ce n'est pas sur les apparences que l'Italien a bâti sa fortune. Il la doit, primo, à son esprit d'initiative et son travail, bien sûr.
Surtout, l'Italien est une gueule. Et il sait l'ouvrir. Pas le moins du monde impressionné par le jeune Zlatan, 22 ans, son charisme, sa Porsche et sa Rolex, il lui avait balancé: «Vous pensez pouvoir impressionner qui, avec toutes ces choses? C’est de la merde. Vous allez me vendre vos voitures et vos montres et commencer à bosser trois fois plus dur.»
Les métaphores excrémenteuses plaisent particulièrement à Mino Raiola. Fâché du traitement infligé par Pep Guardiola à Ibrahimovic lors du passage de ce dernier au Barça, il avait traité l'entraîneur catalan de «merde». Il avait utilisé des termes tout aussi fleuris pour parler de Jürgen Klopp et du rapport du technicien allemand à Liverpool avec un autre de ses clients, le sulfureux Mario Balotelli.
Raiola avait aussi sérieusement amoché verbalement le président de Naples, Aurelio De Laurentiis, qui s'opposait au départ de Marek Hamsik, un autre protégé de l'agent-vedette, en le comparant à Mussolini: «Il sème la terreur. (...) Il a une conception de la gestion dictatoriale, il est resté au temps du Duce (le surnom de Mussolini).»
Carmine Raiola a écrit une nouvelle ligne à sa légende en 2016. Juste après avoir réalisé le transfert record de Paul Pogba à Manchester United, il s'est offert une villa de 9 millions d'euros à Miami. Son ancien propriétaire? Al Capone.