Il n'est pas si simple de passer du rugby au foot US: la preuve
L'ancien ailier international gallois Louis Rees-Zammit a annoncé la semaine dernière sur ses réseaux sociaux qu'il retournait au rugby à XV dans son pays, sans préciser dans quel club, après avoir tenté sans succès l'aventure du football américain en NFL depuis janvier 2024.
Rees-Zammit avait alors signé aux Kansas City Chiefs, qui l'avaient cédé aux Jacksonville Jaguars la saison dernière. Il n'a jamais disputé de match dans aucune de ces deux franchises, se contentant des entraînements, rappelle l'AFP. «Ce fut une grande expérience, mais il est temps de rentrer à la maison», a déclaré cet ailier qui, avant son départ en NFL, était réputé pour sa précocité et sa vitesse.
L'exemple de Rees-Zammit est loin d'être isolé. Plusieurs joueurs ont raté leur transition entre deux sports qui se ressemblent moins que ce que l'on pourrait imaginer. Certains rugbymen ont rejoint la NFL mais n'ont jamais joué en saison régulière, comme Christian Wade, Alex Gray ou encore Christian Scotland‑Williamson. D'autres ont disputé quelques parties avant de revenir au rugby, comme Hayden Smith ou Daniel Adongo.
Pourquoi tant d'échecs? Parce qu'il y a «une énorme différence entre la nature physique du rugby et le fait de jouer en NFL», souligne le média The Rugby Paper, citant les mots de Travis Clayton, un des rares joueurs à avoir réussi la transition:
Une fois que les gestes sont appris, il faut encore maîtriser les subtilités de son poste, s'intégrer dans un collectif nord-américain, répéter les plans de jeu, comprendre les schémas de blocage, et tout ce qui fait la particularité d'un sport comme le football américain.
On ne s'entraîne pas de la même manière non plus dans les deux sports. Même si l'Ovalie s'intéresse de plus en plus au foot US pour l’explosivité et la mobilité, les efforts sur le terrain sont encore bien distincts. «Au foot américain, le ratio effort-repos est de 1,5 à 3. Ce qui veut dire que si on fait dix secondes d’effort, on aura entre 15 et 30 secondes de repos derrière», rappelle Philippe Gardent, un des pionniers français du foot US, dans Ouest-France. Les phases de jeu en rugby sont généralement plus longues, si bien qu'elles nécessitent une endurance plus marquée.
Enfin, les points d’impact ne sont pas du tout les mêmes. «Alors que les plaquages se concentrent sur la taille au rugby, les stops restent autorisés sur tout le haut du corps en football américain», souligne le média français.
Autant de distinctions qui permettent de comprendre pourquoi de si nombreux rugbymen ont échoué dans leur tentative de seconde carrière par-delà l'Atlantique, dans un sport qui possède sa propre histoire et ses propres codes.