«Quand j'ai ouvert l'application de la Ligue lundi soir, quelques instants avant l'acte I de la demi-finale entre Fribourg et Lausanne, j'ai été très surpris. Je me suis dit: "Nom de bleu, comment se fait-il que Kevin Pasche soit titulaire dans les buts du LHC?!" Ca m'a semblé bizarre. Mais réflexion faite...»
Réflexion faite, Sébastien Kohler, ex-gardien du championnat suisse et ancien entraîneur des portiers de Langenthal, estime que le choix de remplacer Hughes par Kevin Pasche, lundi soir, était «judicieux», pour autant que la décision du coach vaudois ne soit bien sûr pas motivée par une blessure de Connor Hughes.
Sébastien Kohler, pourquoi titulariser Pasche lundi était-il selon vous une bonne idée?
Parce que Hughes sortait d'une grosse série contre Davos. Elle a été intense, physiquement et psychologiquement, avec de longs déplacements et beaucoup de fatigue accumulée. C'était donc judicieux de lui accorder une pause, pour qu'il puisse souffler et recharger les batteries. Et puis, Kevin Pasche a très bien joué malgré la défaite 2-1, donc Geoff Ward a eu raison de procéder à un turnover.
Finalement, le coach vaudois a fait avec son gardien ce que Zoug aurait dû faire avec Leonardo Genoni, qui sortait lui aussi d'une série de 7 matchs (contre Berne). Il a encore été aligné contre les ZSC Lions lundi et ça ne s'est pas bien passé, puisqu'il a été remplacé après avoir réalisé la plus mauvaise performance statistique de sa carrière en play-off.
Exactement, Genoni avait enchaîné les matchs contre Berne et il avait besoin d'un break.
Le fait de titulariser Kevin Pasche dans les buts du LHC permet aussi de garder le numéro 2 dans le coup.
Oui et c'est important, car on ne sait pas du tout ce qui peut se passer dans une confrontation au meilleur des sept matchs. Si vous avez un gardien qui n'a pas beaucoup joué et qui doit soudain rentrer dans une série, ça peut être très compliqué pour lui. Surtout qu'en play-off, les entraînements n'en sont plus vraiment. Les joueurs patinent pour garder le rythme entre deux matchs, mais pas davantage. Pour le deuxième gardien, ce n'est pas une situation évidente.
Hughes n'a pas été extraordinaire contre Davos et on ne connaît pas encore tout le potentiel de son remplaçant. Après tout, pourquoi ne pas titulariser Kevin Pasche contre Fribourg ce mercredi encore?
Parce que ce n'est pas à ce moment de la saison qu'on fait des essais et qu'on lance dans le grand bain un gardien qui n'a jamais participé aux séries finales. Etre titulaire en play-off est aussi une nouveauté pour Connor Hughes, mais il a débuté tous les matchs contre Davos en quart de finale et c'est le numéro un du poste au LHC. A mon avis, il sera dans les buts pour l'acte II.
Peut-on imaginer que Geoff Ward ait convoqué Pasche devant les filets lundi afin de piquer l'orgueil du titulaire habituel, qui n'a pas été irréprochable en quart de finale?
Je ne le crois pas. Le choix du coach lausannois n'était pas une sanction à mon avis.
En étant sur le banc lundi soir, Connor Hughes a-t-il pu prendre des informations précieuses sur la façon dont les joueurs de Gottéron se projettent vers le but, des choses qu'il n'aurait pas vues, ou moins bien, s'il avait été entre les poteaux ce soir là?
Je pense bien qu'il n'était pas assis sur le banc pour compter les spectateurs de la BCF Arena (il rit)! Plus sérieusement, vous avez tout à fait raison. On voit les choses différemment depuis le banc ou les tribunes. Encore une fois: ce changement de gardien était tout bénéfique pour Lausanne. Même pour les joueurs, qui ont pu se rendre compte qu'ils avaient deux gardiens sur lesquels ils pouvaient compter.
Savoir qu'il a un numéro 2 solide derrière lui peut aussi indirectement aider Connor Hughes, non? Cela lui ôte de la pression.
Clairement. Et puis, je vais vous dire: si Pasche a été effectivement choisi pour faire souffler le numéro 1, c'est peut-être bien que Lausanne n'ait pas gagné à Fribourg. Parce que si Hughes avait dû revenir sur la glace après une victoire de son collègue, ça aurait été un peu différent dans la tête.
On dit souvent qu'il faut un grand gardien pour être champion, et on voit cette saison encore que dans les buts des demi-finalistes, il y a de grands noms comme Genoni, Berra et Hrubec. Et puis il y a Connor Hughes, dont c'est la première titularisation à ce niveau. Lausanne a-t-il une chance d'aller au bout avec un gardien si peu expérimenté?
Bon, on a quand même les quatre meilleures équipes de la saison en demi-finale, donc les quatre meilleurs gardiens du classement. Je parle du niveau collectif et pas individuel, bien sûr. Et puis, regardez ce qu'il s'est passé l'année dernière: qui aurait pensé que le gardien genevois Robert Mayer serait aussi extraordinaire? Il suffit que soudain tout s'aligne pour le portier du LHC, que les pucks tapent le poteau ou le coude au lieu de rentrer, et tout est différent alors que lui n'a rien changé devant ses filets. À ce stade de la compétition, Lausanne et son gardien ont leurs chances.