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Interview

«En 2006, la Suisse avait trop fêté contre la Corée du Sud»

Switzerland's national soccer teams director Pierluigi Tami answers questions from journalists after a open training session of Swiss national team in preparation for the FIFA World Cup Qatar 202 ...
Depuis 2019, Pierluigi Tami, 61 ans, accompagne l'équipe nationale dans ses moindres faits et gestes en tant que directeur.Image: KEYSTONE
Interview

«En 2006, la Suisse avait trop fêté contre la Corée du Sud»

Pierluigi Tami, le directeur de l'équipe nationale, explique combien la Nati a changé ces 16 dernières années et pourquoi la sélection suisse, qui entamera la compétition ce jeudi contre le Cameroun, est celle possédant la plus grande expérience du haut niveau.
21.11.2022, 06:0221.11.2022, 09:26
jonas schneeberger, doha / keystone-sda
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En tant qu'assistant de Köbi Kuhn et entraîneur de longue date chez les jeunes internationaux et en Super League, Pierluigi Tami fait partie des plus fins connaisseurs du football suisse. Depuis 2019, le Tessinois de 61 ans accompagne l'équipe nationale dans ses moindres faits et gestes en tant que directeur. Il estime désormais que l'équipe est prête à vivre une expérience historique.

Pierluigi Tami, quel est votre objectif personnel pour le Mondial au Qatar?
Que nous réalisions le meilleur résultat suisse de l'histoire.

Vous voulez faire mieux que le quart de finale de 1954?
1954 était une autre époque. Atteindre les quarts de finale cette année serait déjà un grand résultat. Mais je ne veux pas fixer de limite. En 2006, avec Köbi Kuhn, on parlait toujours des 8es de finale. On entendait sans cesse: 8es de finale, 8es de finale, 8es de finale. Quand on atteignait les 8es de finale, il n'y avait plus de suspense. Je dis toujours: «Si tu veux courir 100 km, tu auras toujours cette distance en tête et si, après ces 100 km, on te dit tout à coup de faire plus, tu n'y arriveras pas. Mais si tu as 150 km en tête dès le début, tu peux les atteindre.»

Switzerland's national soccer teams director Pierluigi Tami during training prior the 2022 FIFA World Cup European Qualifying Group C soccer match between Northern Ireland and Switzerland at Wind ...
Pierluigi Tami.Image: KEYSTONE

Qu'est-ce qui vous conforte dans l'idée que les chances de victoire sont plus grandes au Qatar que lors des autres participations suisses à la Coupe du monde des temps modernes?
J'ai dit l'autre jour à l'équipe et au staff que c'était la cinquième qualification consécutive de la Suisse pour une Coupe du monde. Cette qualification est donc déjà quelque chose d'assez positif. Je connais les joueurs actuels et je sais qu'ils ne s'en contenteront pas. Ils veulent plus et en sont capables.

Une élimination en phase de groupes est également vite arrivée.
Il se peut que la Coupe du monde soit terminée après trois matches, car les adversaires du groupe (réd: Brésil, Serbie et Cameroun) sont très forts. Mais les joueurs n'auraient alors aucun regret, sachant qu'ils ont tout fait pour réaliser quelque chose de grand. Ils doivent aussi pouvoir dire dans ce cas que les autres étaient meilleurs. Lors des dernières participations à des phases finales, on avait le sentiment après chaque élimination que les joueurs avaient quelque chose à regretter. Je me souviens bien de 2006 et de la défaite en 8e de finale contre l'Ukraine. On avait l'impression que les joueurs n'étaient pas du tout dans le match. Le 2-0 contre la Corée du Sud lors du dernier match de groupe avait été trop fêté.

Swiss players celebrate their 2-0 win at the end of the World Cup, Group G soccer match between Switzerland and South Korea, at the Hanover stadium, Germany, Friday, June 23, 2006. The other teams in  ...
La joie des Suisses après leur succès en 2006 face aux Coréens.Image: AP

La Nati de 2006 était également bonne et sûre d'elle, mais les joueurs de l'équipe nationale d'aujourd'hui ont une autre image d'eux-mêmes et une autre confiance en eux.
Nous avons avant tout une équipe très expérimentée, avec des joueurs qui disputent leur troisième, voire leur quatrième Coupe du monde. Certains ont plus de 100 sélections, d'autres 40, 50 ou 60. Il y a de grandes personnalités et beaucoup de qualité dans l'équipe. Les bases pour que quelque chose de grand soit là, il s'agit maintenant de la détermination de chacun à saisir cette chance. L'ambiance au sein du groupe est également déterminante. Les joueurs doivent avoir du plaisir et de la joie pour réussir, surtout quand ils doivent rester longtemps au même endroit, comme ici avec les courtes distances.

Pensez-vous qu'il s'agisse de la meilleure équipe nationale suisse?
Non. Les équipes précédentes de la Coupe du monde étaient aussi bonnes. Mais je pense que c'est celle qui a le plus d'expérience au haut niveau. J'aime bien ce groupe. Il est beau, fort et présente un bon mélange. La sélection actuelle possède aussi des jeunes joueurs intéressants, qui profitent de rejoindre un cercle qui vit ensemble depuis très longtemps. J'aime aussi le fait que l'équipe a une vision claire de la manière dont elle veut jouer.

Il semble que l'esprit d'équipe au sein de la Nati soit exceptionnellement bon. Comment le percevez-vous?
On sent que les joueurs aiment venir en équipe nationale et qu'ils apprécient d'être ensemble. Je suis particulièrement heureux de voir qu'ils ne sont pas toujours accrochés à leur téléphone portable pendant leur temps libre.

«On a du mal à le croire, mais ils parlent et rient ensemble et jouent à des jeux de société. Je n'avais plus vu cela depuis de nombreuses années.»
Pierluigi Tami

Qui a transporté cet esprit dans l'équipe?
C'est peut-être dû au fait que beaucoup de joueurs approchent de la trentaine. Les internationaux plus âgés, ceux nés 1991 et 1992 comme Shaqiri, Xhaka ou encore Rodriguez, y contribuent sans doute beaucoup. Ils font aussi en sorte qu'il soit très facile pour les jeunes qui arrivent dans cette équipe de bien s'intégrer.

Murat Yakin n'a pas convoqué de remplaçants pour les latéraux Ricardo Rodriguez et Silvan Widmer. Dans quelle mesure êtes-vous impliqué dans les plans de l'entraîneur?
La question de savoir ce que Yakin fera si l'un des deux est absent se pose. Peut-être a-t-il l'intention de jouer avec trois défenseurs, après tout, nous disposons de quatre centraux en grande forme. Et puis, nous avons des joueurs polyvalents comme Edimilson Fernandes, qui peuvent faire office de joker. Nous verrons quelle sera l'idée tactique de Yakin durant le tournoi. Il a déjà souvent montré qu'il était capable de trouver des solutions créatives ou flexibles. C'est Murat.

Adaptation en français: Julien Caloz

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