Loïc Meillard, vous avez perdu deux places dimanche lors de la deuxième manche du slalom de Kitzbühel. Quel bilan tirez-vous de cette course?
Je ne suis pas satisfait. Je n'ai pas réussi à montrer mon meilleur ski. C'est dommage.
C'est donc une bonne chose d'avoir pris directement la direction de Schladming. Après votre victoire en géant l'an passé, il y a forcément de bonnes ondes ici.
C'est une piste sur laquelle j'ai réussi quelques belles choses, oui. Mais au final, ce ne sont que des souvenirs. Ils sont certes très beaux, mais tout cela fait partie du passé.
Lors de votre succès ici il y a un an, vous aviez creusé les écarts dès la première manche. A l'exception de Gino Caviezel, tous les coureurs étaient relégués à plus d'une seconde. Etait-ce la course la plus réussie de votre carrière?
Non, c'était une bonne course, mais pas la meilleure. La différence avec mes concurrents s'explique par ces conditions glaciales. Je m'étais tout de suite senti à l'aise, j'avais les bons réglages, j'ai beaucoup aimé.
Avez-vous téléphoné aux organisateurs des épreuves de Schladming pour leur demander de préparer la piste de la même manière?
Ce n'était pas nécessaire, ils le font toujours bien! (le géant de Schladming disputé mardi se tenait en effet sur une vraie patinoire).
Marco Odermatt, Cyprien Sarrazin et Manuel Feller ont tous déjà atteint l'état de flow cette saison. Et vous?
Sans doute jamais complètement.
Vous avez la tête un peu trop dans les nuages?
C'est en partie vrai.
Mais en même temps, je dois dire qu'à chaque fois que je me suis approché de cet état de flow, je me suis cogné la tête - je suis très vite revenu à la réalité.
Près de la moitié des courses ont été disputées cette saison. Quel est votre bilan personnel?
En géant, mon début de saison a été quelque peu compliqué, alors qu'en slalom, tout s'est plutôt bien passé.
Contrairement à la saison dernière, lors de laquelle mi-janvier vous étiez déjà monté sur le podium en Super-G, géant et slalom, vous n'avez pas encore fait mieux que cinquième cet hiver. Etes-vous inquiet de voir le podium autant vous échapper?
Non, pas vraiment. J'ai dû me concentrer sur autre chose jusqu'à présent. Mais il est clair que tout athlète se présente au départ pour monter sur la boîte. J'ai déjà montré que j'en étais capable. Cette saison, cela n'a malheureusement pas encore fonctionné, il m'a manqué des petits détails. Mais c'est le sport. Il faut continuer à travailler pour inverser ça.
En évoquant cette «autre chose», vous faites probablement allusion aux problèmes rencontrés avec vos nouvelles fixations, qui se sont ouvertes aussi bien lors du géant de Sölden, finalement annulé, qu'à Adelboden. A quoi avez-vous pensé lorsque vous vous êtes soudainement retrouvé à skier sur une jambe?
Au début, c'était difficile à accepter. Aujourd'hui, ça va mieux. Ce sont des choses qui peuvent arriver. Et il n'y a rien que je puisse faire personnellement pour changer ça.
On se pose des questions. Pourquoi la fixation s'ouvre-t-elle à Adelboden et pas à Val d'Isère, où ça tapait bien plus? Que pourrais-je faire différemment, même si ce n'est pas ma faute? Au moins, en slalom, tout fonctionne parfaitement.
Je remarque que cela vous travaille beaucoup.
J'ai tendance à trop réfléchir, trop analyser.
Avez-vous obtenu des réponses à vos nombreuses interrogations de la part de votre équipementier?
Nous avons remarqué que quelque chose ne tenait pas suffisamment. Mais il nous faut plus de temps pour savoir de quoi il s’agit précisément.
Ce qu'il s'est passé a-t-il une influence sur votre manière de skier?
A Adelboden lors du slalom, cela a certainement pris le dessus dans ma tête. La première manche était mauvaise, c'était très certainement lié à la frustration de la veille. Depuis, j'ai parcouru de nombreux kilomètres à l'entraînement et cela m'a aidé à retrouver la confiance.
Vous êtes toujours le seul à skier avec cette fixation?
Oui, c'est exact.
Ne dépensez-vous pas trop d'énergie avec ça?
Bien sûr, cela demande du temps, du travail, des discussions, mais aussi de l'énergie. Je ne peux pas me concentrer sur autre chose à la place. Cela reste néanmoins très excitant. J'espère que nous aboutirons à quelque chose qui fonctionne, qui aidera la marque et les autres athlètes.
Vous avez subi il y a quelques années de graves coupures à la jambe lors d'une chute en ski libre au Japon. Ces images vous sont-elles revenues en mémoire lorsque vous avez appris la chute de Kilde à Wengen?
Un peu, quand même. Il y a d'abord eu celle de Christof Innerhofer à Bormio, puis rebelote avec Kilde. Ce sont des moments que l'on ne souhaite à personne.
Certaines de ces chutes auraient pu être évitées.
Exactement. Dorénavant, je porte des sous-vêtements techniques qui résistent aux coupures. Cela permet de réduire le risque de blessures. Mais ce n'est pas une garantie à 100%.
(kat/sda/roc)