«Un crève-cœur»: ce Suisse raconte la métamorphose de son sport
Il y a un peu plus d'un an, aux JO de Paris 2024, le pentathlon moderne tel que nous le connaissions tirait sa révérence. Ces Jeux marquaient en effet la fin de l'épreuve d'équitation, désormais remplacée par le parcours d'obstacles, façon «Ninja Warriors». Un changement contraire à la volonté des athlètes.
«Tous ont lutté pour garder l’essence du pentathlon: le cheval du soldat, la passion du cavalier. Des groupes se sont formés, des pétitions ont été signées, en vain. Dans notre sport, les athlètes ont peu d’importance», explique d’emblée le pentathlète suisse Alexandre Dällenbach, finaliste des derniers Jeux olympiques, lorsque nous le contactons pour savoir comment il a géré cette transition et dresser un premier bilan de l’évolution de sa discipline.
L'art d'apprendre
Dällenbach faisait partie du mouvement. Pourtant, son parcours aurait pu laisser penser qu’il soutenait le retrait de l’équitation, une épreuve technique qu’il vaut mieux débuter jeune, ce qu'il n'a pas fait.
Fils du Fribourgeois Alain Dällenbach, ancien cycliste professionnel, et de la Réunionnaise Chantal Dällenbach, ex-recordwoman de France du marathon, Alexandre est arrivé tardivement au pentathlon moderne, après avoir été suspendu pour dopage en triathlon. Il a également mis sa nouvelle discipline entre parenthèses pendant un certain temps, à la suite d’un arrêt respiratoire survenu en compétition.
Ce processus d'apprentissage, Alexandre Dällenbach, 34 ans, a donc dû le reconduire avec le parcours d'obstacles, une épreuve pour laquelle la jeunesse constitue selon lui un atout, et avec laquelle il n’avait «aucune affinité».
Une lourde organisation
Rempli de doutes, le sportif touche-à-tout a entamé sa transition en travaillant le renforcement musculaire, une nécessité imposée par la discipline, mais aussi par le manque d’infrastructures.
Le pentathlète ajoute: «J’ai dû effectuer des voyages de 15 heures pour me rendre à Bath et essayer la discipline durant deux semaines avant les Championnats d’Europe. Autant dire que ce n'était pas gagné. C’est un sport compliqué à pratiquer. Il faut aller à Bath, Berne, Rome ou Budapest. Il faut aussi que les fédérations respectives donnent leur accord pour utiliser leurs installations. Mais je me débrouille. J’ai commencé à souder moi-même une structure avec un ami». Alors que l’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM) vantait qu'un tel changement rendrait son sport plus accessible, il n'en est rien pour le Suisse, isolé sur l'île de la Réunion. «Il n'y a rien à 5000 kilomètres à la ronde.»
Dällenbach reconnaît toutefois que sa nouvelle discipline est «fun au niveau de l'apprentissage». «Tu as l'impression de redevenir un gamin», dit-il, saluant son côté spectaculaire et moderne.
Le parcours d'obstacles des Mondiaux
Et l'adaptation semble plutôt réussie. Mi août, Alexandre Dällenbach est devenu champion de Suisse de pentathlon moderne. Et aux Mondiaux, il a signé une encourageante 27e place, avec une performance sur le parcours d'obstacles conforme à son résultat d'ensemble. «Papi fait de la résistance», souffle-t-il, conscient de faire figure d’exception dans un tableau désormais dominé par ceux nés après les années 2000.
Il reste désormais trois ans à Alexandre Dällenbach pour préparer sa prochaine échéance: les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, qui pourraient être, à 37 ans, ses deuxièmes seulement, après ceux de Paris l'an passé. Car ni l’âge ni la révolution traversée par son sport n’ont eu raison de son envie de continuer. «J’ai toujours voulu transmettre à mes enfants mon motto: "Papa n’abandonne jamais". Même après vingt ans d’olympiades ratées, j’ai fini par y arriver. Ce n’est pas maintenant que j’ai enfin effleuré la médaille que je vais m’arrêter.»
