Gregor Deschwanden a brillé samedi à Engelberg (OW), en terminant troisième. Le sauteur à ski lucernois a fêté son troisième podium de la saison en Coupe du monde, après deux deuxièmes places à Wisła et à Titisee-Neustadt.
Cette saison, son moins bon résultat est une onzième place. Il y a encore deux ans, une telle régularité paraissait hors de portée pour lui. Alors pourquoi a-t-il fallu attendre ses 33 ans – et sa 13e saison en Coupe du monde – pour que l'Helvète, toujours courtois et optimiste, s’impose véritablement parmi l’élite mondiale?
Fidèle à lui-même, Gregor Deschwanden commence son analyse en mettant en avant les autres. Il remercie notamment ses entraîneurs Rune Velta et Martin Künzle, ainsi que le technicien Björn Schneider. Grâce à l’expertise de ce dernier dans le fartage, les skis des Helvètes figurent actuellement parmi les plus rapides. Un point crucial lors de la prise d'élan.
L’équipe suisse est également à la pointe en matière de combinaisons. Par le passé, le retard pris sur ce plan freinait souvent les performances en cours de saison.
Mais au-delà des aspects matériels, c’est bien Deschwanden qui fait la différence. L’économiste de formation est aujourd’hui capable d’exécuter ses sauts avec une technique presque automatique, libéré de toute surcharge mentale. «Ne pas trop réfléchir pendant le saut» est une clé de réussite cruciale en saut à ski.
Lorsqu’il traversait une période difficile, le Lucernois a sollicité l’aide de l’ancien champion Andreas Küttel. Ce dernier l’a poussé à chercher des solutions plus globales, plutôt que de simplement intensifier son entraînement. À l’époque, son esprit n’était pas en phase avec ses performances techniques. «Aujourd’hui, je suis en adéquation», se réjouit Deschwanden.
Il a appris à visualiser ses objectifs et à tirer confiance des progrès techniques, indépendamment des résultats. En se fixant des objectifs modestes mais progressifs, il a pu briser certains blocages mentaux.
Son entraîneur actuel, Rune Velta, a également joué un rôle majeur. Contrairement à son prédécesseur, qui se concentrait sur les détails du décollage, Velta met l’accent sur l’ensemble du saut et la phase de vol. Cette approche globale a permis à Deschwanden de mieux visualiser et comprendre ses objectifs.
Deschwanden adopte ainsi une méthode opposée à celle du Saint-Gallois Simon Ammann, quadruple champion olympique.
«Je préfère voir le tableau dans son ensemble», explique le Lucernois. «Je sais aujourd’hui comment gérer mon vol pour aller loin.»
Gregor Deschwanden est à un tournant de sa carrière. Avec son approche réfléchie, sa confiance retrouvée et une équipe solide à ses côtés, il semble prêt à repousser ses limites et à écrire une nouvelle page du saut à ski suisse.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber