Le retour de Lindsey Vonn a été salué par Roger Federer
Derrière les barrières installées dans l’aire d’arrivée ce samedi, la foule est dense lorsque Lindsey Vonn quitte la cérémonie des vainqueures, escortée par des agents de sécurité. Une demi-douzaine d’enfants en tenue de ski scandent son nom derrière les grilles: «Lindsey! Lindsey! Lindsey!» Ils agitent la main et brandissent des feutres. La star américaine du ski, déjà très sollicitée par les médias et dont la fatigue se lisait sur le visage, leur lance: «J’arrive tout de suite, les amis.»
L’engouement autour de Lindsey Vonn est immense pour l’ouverture de la saison de vitesse à St-Moritz. Vendredi, elle s’est imposée avec autorité dans la descente. Samedi, seule l’Allemande Emma Aicher, 22 ans, est parvenue à la devancer. L’importance du retour de la skieuse de 41 ans pour la Fédération internationale de ski apparaît clairement dans les propos de son CEO.
Les résultats de samedi:
Urs Lehmann, en poste depuis l’été à la tête de la FIS, affirme que «c’est exactement ce dont notre sport a besoin. Si nous voulons être visibles à l’échelle mondiale, il nous faut ce genre d’histoires.» Depuis la victoire de Vonn vendredi, la FIS a enregistré des audiences en ligne colossales, souligne Lehmann: «Cela dépasse toutes les attentes.»
Vendredi, Lindsey Vonn est devenue la vainqueure d’une course de Coupe du monde la plus âgée. Une histoire qui dépasse largement le cadre du ski alpin. Roger Federer, avec qui elle est amie de longue date, lui a d’ailleurs adressé un message. «Il m’a envoyé ses salutations et m’a souhaité bonne chance», confie-t-elle.
Un tel enchaînement d’événements a évidemment laissé des traces. «Vendredi, j’ai dépensé un peu trop d’énergie. J’étais un peu fatiguée», reconnaît Vonn. Moins fluide dans le secteur intermédiaire que la veille, elle a notamment touché la neige de la hanche. «Dans ces conditions, on ne peut évidemment pas gagner», a-t-elle admis. Elle est bien parvenue à prendre la tête provisoirement, mais seulement pour un bref instant.
Juste après Lindsey Vonn, l’Allemande Emma Aicher s’est élancée sur la piste. À 22 ans, elle est la dernière véritable skieuse polyvalente du Cirque blanc, engagée dans les quatre disciplines. Cette saison déjà, elle est montée sur le podium en prenant la 3e place du slalom de Levi. À St-Moritz, Aicher a abaissé le temps de Lindsey Vonn de 24 centièmes: la jeunesse a repris le dessus dans les Grisons.
La mère d’Emma Aicher est suédoise, son père allemand. Elle a grandi en Suède, avant de vivre trois ans à Engelberg, où elle s’entraînait avec le ski-club local. Aujourd’hui, elle est installée à Salzbourg. Le suisse allemand, en revanche, elle ne le parle pas, a-t-elle reconnu en souriant: «Je pourrais peut-être dire quelque chose maintenant, mais ce serait sûrement faux.»
À l’arrivée, Emma Aicher a accueilli son deuxième succès en descente de Coupe du monde avec un flegme désarmant. «Je suis très satisfaite, j’ai réussi à faire ce que je voulais», a-t-elle expliqué. Interrogée sur sa personnalité, elle a répondu avec simplicité: «Aucune idée. Beaucoup de gens me décriraient sans doute comme quelqu’un de plutôt calme.» Elle semble aborder avec la même sérénité la charge que représente le fait de concourir dans quatre disciplines. «J’aime tout simplement beaucoup skier, et ça m’aide.»
La performance d’Aicher n’a pas laissé Lindsey Vonn indifférente. «Emma a un tel toucher de neige, on le voit dans toutes les disciplines. Elle sera encore là pour les années à venir, c’est sûr. Elle est encore jeune», a déclaré l’Américaine, avant d’éclater de rire. L’âge est d’ailleurs devenu un thème central en Coupe du monde féminine. À St-Moritz, Sofia Goggia, représentante de la génération plus expérimentée, a pris la troisième place. L’Italienne a 33 ans et confiait encore vendredi qu’elle pouvait très bien s’imaginer skier à 41 ans. «Mais seulement comme touriste.»
L’équipe suisse, minée par les blessures, n’est pour sa part pas parvenue à placer une skieuse dans le top 10. Mais Jasmine Flury, de retour après une longue pause forcée, a signé un net progrès. Trentième la veille, elle s’est classée onzième, échouant à seulement six centièmes du top 10.
La Grisonne a été affectée par les absences de Lara Gut-Behrami, Corinne Suter et Michelle Gisin. «J’étais très émotive vendredi, et cela m’a freinée d’une certaine manière. Je suis soulagée d’avoir réussi à franchir ce cap aujourd’hui.» Aux côtés de Flury, Malorie Blanc (19e), Priska Ming-Nufer (23e), Delia Durrer (25e) et Joana Hählen (26e) ont également terminé dans les points.
Urs Lehmann n’a pas souhaité entrer dans les détails de la situation actuelle au sein de Swiss-Ski. Son mandat à la FIS l’oblige à la neutralité. Il a néanmoins déclaré:
Ses propos allaient rapidement se vérifier. Quelques instants plus tard, les hommes suisses signaient un triplé à Val d’Isère grâce à Loïc Meillard, Luca Aerni et Marco Odermatt.
