Robert Redford a popularisé le ski alpin à Hollywood
L'ange blond du grand Hollywood a déployé ses ailes pour rejoindre les cieux. Vous l'aurez compris, icône mythique du grand Hollywood des années 70, Robert Redford s'en est allé à 89 ans, après une carrière phénoménale. Il se faisait chantre d'un cinéma généreux et progressiste, il mettait en lumière le cinéma indépendant américain avec son festival du film de Sundance.
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L'Américain, qualifié de wonder boy à la beauté magnétique et au jeu impeccable, s'est rapidement lassé de la frénésie de l'industrie. Il s'est rapidement détourné des strass des paillettes, pour mettre le cap sur les montagnes de l'Utah. Les paysages enneigés ont souvent été sa cure de bien-être, un antidote au langage de l'argent abstrait des studios de cinéma. Mais les plateaux ont aussi brosser une réponse à la personnalité du bonhomme. Un film lui collera à la peau: La descente infernale, sorti en 1969.
Il délaisse son costume de Butch Cassidy pour demeurer David Chappellet. Il devient un cowboy taiseux pour le cinéaste Michael Ritchie, un fermier à l’avenir prometteur, intégrant l’équipe américaine de ski. Ce personnage construit par Ritchie est supposément la contraction de deux skieurs américains: Billy Kidd et Wladimir «Spider» Sabich.
«Meilleur film jamais réalisé sur le sport»
Dans sa combinaison, sur les pistes de Kitzbühel, Wengen, St. Anton, Grenoble, Megève ou encore Boulder et dans l'Idaho, La descente infernale devient une référence dans le genre, qualifié de «meilleur film jamais réalisé sur le sport, sans vraiment parler de sport du tout», par le mythique critique cinéma Roger Ebert.
Oui et non, sommes-nous tenté de dire. Si le ski est le facteur principal pour raconter l'histoire, les montagnes comme métaphores de la solitude du champion, ce métrage est à l'image du sport et en parle comme rarement, même s'il sort du tableau usuel.
La descente infernale investit l'esprit du champion, s'immerge dans la tête de l'athlète.
Et pour le comédien américain, il a trouvé un écho, une forme d'expression sous les traits de David Chappellet. A travers ce skieur à l’égoïsme épineux, c'était une porte de sortie après avoir étreint la gloire dans le costume de Sundance Kid, dans Butch Cassidy et le Kid, l’un de ses plus grands succès. C’est un choix qui s’analyse comme un prolongement dans son parcours d’acteur, une quête identitaire pour Redford. Ce rôle représente même une partition symbolique dans sa carrière et digne rappel de sa philosophie de vie:
Risquer chaque jour est l'adn du sport dans les grandes lignes. Dans le sport professionnel, comme le souligne subtilement La descente infernale: les individus s’obligent à s’isoler, voire à développer une fibre sauvage, et s'équilibrent sur un fil pour peut-être se couvrir de gloire. Le risque est alors obligatoire.
A travers le culte de la performance, ce sont des abîmes de brutalité qui s’ouvrent, qu’on pense insoupçonnées. Car le champion reste aussi insaisissable que la superstar des plateaux, enfermé dans une bulle de performance et de notoriété.
Comme le relevait Le Monde dans son hommage à l'acteur américain, le comédien disait:
Le sport, c'est ça: vous êtes porté aux nues, mais vous n'êtes qu'un numéro gagnant qu'on va essorer plusieurs années.
Le réalisateur Ritchie a réussi à transmettre cette aigreur et cette mélancolie qui règnent et grandissent dans la tête de Chappellet. Sa caméra expose une vérité, une trajectoire incertaine d’un crack du ski alpin et, plus intéressant, un reflet de la culture américaine, où l’individu doit triompher au-dessus de toute considération établie. Les liens avec Robert Redford, son pays, le monde du show-business sont prégnants avec ce personnage et ce film de sport. C'est même un miroir de l'homme qui vient de sombrer dans un sommeil éternel.