Dario Cologna s'est rappelé au bon souvenir de l'Italie. Le Grison a couru dimanche «La Rampa con i Campioni», une épreuve populaire disputée sur le parcours de la dernière étape du Tour de Ski, et qu'il a remportée avant que ne suivent plus tard dans la journée les élites.
C'est la deuxième fois que le Suisse conquiert cette course, achevée comme il se doit par la difficile montée de l'Alpe Cermis. Une ascension en haut de laquelle Cologna ne s'est jamais imposé durant sa carrière professionnelle, mais où il a célébré quatre succès sur le Tour de Ski, record qu'il co-détient depuis dimanche avec Johannes Klæbo.
Or c'est avec un autre Norvégien que le Grison a partagé l'affiche sur cette «Rampa con i Campioni» 2025: le dénommé Petter Northug. Quatrième à 43 secondes, le Scandinave a encore subi la loi du Suisse, comme en 2009 et 2011, années où il s'est classé deuxième du Tour de Ski derrière Dario Cologna. «Ce n'était pas un grand duel», a déclaré le fondeur du Val Müstair au sujet de cette nouvelle confrontation, une fois la ligne d'arrivée franchie. «J'espère que Petter va progresser. Il n'était peut-être pas sur son terrain de jeu favori (réd: la montée de l'Alpe Cermis – 3,6 km à 12%, avec des passages à 28% – est un exercice particulier). J'ai vu au début de l'ascension qu'il lâchait un peu», a-t-il ajouté.
Si Cologna souhaite voir son ancien rival skier plus vite, c'est parce que Northug a des projets plein la tête depuis qu'il s'est retiré de la Coupe du monde il y a six ans. De retour à la compétition en 2022, avec sa propre équipe sur le circuit longue distance «Ski Classics», incluant notamment «La Diagonela», le Scandinave rêve désormais de participer au sprint par équipes des prochains Championnats du monde de ski nordique, organisés dans son pays.
Or ses chances de se qualifier et de faire équipe avec Johannes Klæbo sont relativement faibles, compte tenu du niveau global du fond norvégien et de sa propre forme. Gêné par son dos, Northug courait dimanche à Val di Fiemme pour la première fois de l'hiver.
Les plans du fondeur norvégien ne se limitent toutefois pas aux Mondiaux de Trondheim. Il envisage sérieusement une participation aux Jeux olympiques d'hiver de 2026 du côté de Milan-Cortina, et serait pour cela en discussion avec d'autres pays, notamment l'Autriche, mais surtout le Liechtenstein. «Il y a eu un dialogue. Nous verrons ce qu'il en est en mars. Nous aurons alors une réponse, positive ou négative», a rappelé dimanche le double champion olympique auprès de la chaîne TV 2, pour laquelle il est également consultant. «C'est ma dernière chance de participer aux JO. La situation centrale de ce pays, dans les Alpes, est idéale pour s'entrainer. C’est proche de tous les lieux importants», avait-il précédemment assuré à l'automne dernier.
Ce désir qu'a Northug de skier sous la bannière du Liechtenstein n'a pas échappé à Dario Cologna. Interrogé en haut de la montée de l'Alpe Cermis par la NRK, le Suisse, certes sourire aux lèvres, a semblé proposer son aide au Norvégien. Après tout, Petter Northug aura besoin d'un équipier de standing, s'il ne veut pas seulement se distinguer lors des épreuves olympiques individuelles.
«Ce serait une belle histoire»: Cologna l'a martelé par deux fois après la course. Réponse du principal intéressé? «Si Dario a des idées, je suis prêt à en discuter autour d'une table. Il y a de la place dans mon équipe. Sa présence serait une bonne chose, c'est certain», a estimé Northug, soulignant toutefois que le Suisse est un peu «lent», alors que ce dernier a pourtant terminé devant lui à l'Alpe Cermis.
L'homme aux 52 podiums en Coupe du monde veut dire par-là que Cologna doit être prêt à travailler le sprint, un format de course dans lequel il a toujours été moins performant que Petter Northug, champion du monde de la spécialité en 2015. «Si nous voulons faire équipe, nous aurons besoin de fibres rapides. Il court des marathons. Il faut au moins qu'il arrête de pratiquer, et augmente les entraînements à ski», a détaillé le fondeur, en référence au récent chrono de Dario Cologna à Valence (2h22"51).
Il est encore trop tôt pour savoir si oui ou non Northug, 39 ans, vivra en 2026 ses troisièmes Jeux olympiques, ses premiers pour le compte d'une autre nation. «J'ai 20% de chances de participer aux prochains JO», concédait-il dans un podcast en novembre 2024. Le flou est encore plus important en ce qui concerne une quelconque coopération avec Dario Cologna, 38 ans. Or après leur rivalité sportive, une bromance à Val di Fiemme, site d'accueil des compétitions de ski de fond de Milan-Cortina, serait une aubaine pour ce sport.