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Montagne: Aurelie Gonin signe le documentaire Alpine Quest

Aurelie Gonin a réalisé le documentaire Alpine Quest, qui suit une traversée des Alpes épique.
Aurelie Gonin a réalisé le documentaire Alpine Quest, qui suit une traversée des Alpes épique. image: watson/aurelie gonin

«Mes pieds se sont aplatis d'une pointure»: elle filme un défi fou en Suisse

La réalisatrice Aurelie Gonin signe Alpine Quest, un documentaire qui retrace l'épique traversée des Alpes à ski de trois Romandes. Un tournage en haute montagne n'a rien d'une sinécure.
23.11.2025, 07:0223.11.2025, 07:02

Les montagnes fascinent toujours autant. Leur beauté captive pendant de longues secondes nos regards contemplatifs et méditatifs. Notre fascination est exacerbée par leur côté mystérieux: les montagnes sont tellement proches géographiquement, on peut les observer si facilement. Et pourtant, ces lieux, souvent désertiques et hostiles, cachent des conditions de vie tellement éloignées de notre quotidien. S'y aventurer, c'est forcément découvrir, s'émerveiller. Mais aussi souffrir et prendre des risques.

La traversée épique des Alpes à vélo, ski de randonnée et course à pied – de Vienne à Monaco – des Romandes Loubna Freih, Mélanie Corthay et Sophie Pelka coche donc toutes les cases pour devenir un film documentaire captivant. Il s'appelle Alpine Quest, a été primé lors de deux festivals, en Slovaquie et à Toronto, et sera présenté en avant-première ce mardi 25 novembre (20h00) à l'auditorium du Millennium à Crissier (VD).

Loubna Freih, Mélanie Corthay et Sophie Pelka ont réalisé des prouesses dans les Alpes, sous l'objectif d'Aurelie Gonin.
Loubna Freih, Mélanie Corthay et Sophie Pelka ont réalisé des prouesses dans les Alpes, sous l'objectif d'Aurelie Gonin. image: aurelie gonin

«L'histoire s'écrivait d'elle-même», sourit la réalisatrice, Aurelie Gonin. Les images sont à couper le souffle – notamment les plans très larges et aériens des massifs enneigés – et la dramaturgie haletante. Le récit, entrecoupé d'interviews avec les protagonistes, est chronologique et nous immerge parmi les aventurières pendant les 54 jours de leur épopée, du 1er mars au 23 avril 2025.

Jusqu'à la fin des 52 minutes du film, et proche de leur arrivée à Monaco, on se demande encore si elles réussiront leur défi fou. Après une avalanche en Autriche, un grave accident en Valais ou quelques gros coups de blues, ce sont cette fois des tiques dans les Alpes-Martitimes qui compromettent la fin du voyage.

Forcément, ces péripéties entraînent des scènes fortes en émotions. Il y a par exemples les pleurs de Sophie Pelka juste après l'avalanche, qui lui a rappelé un traumatisme vécu. Ou ceux de Loubna Freih quand elle aperçoit le Cervin et se rend du même coup compte de la portée de son exploit.

Malgré ces moments puissants, le documentaire reste sobre. «Je n'avais pas envie de dramatiser ces situations», confie Aurelie Gonin. «C'est incomparable avec ce que vivent des gens dans des pays en guerre, par exemple. Et ce sont les aventurières qui ont consciemment choisi de vivre ça».

Une révolution a eu lieu ces cinq dernières années

Si le spectateur peut ressentir aussi fortement les émotions des protagonistes, c'est tout simplement parce que ces séquences ont pu être filmées. L'évolution technologique récente a révolutionné le tournage en montagne. «Il y a cinq ans, je n'aurais pas pu réaliser ce film», explique Aurelie Gonin. Filmer des personnes en haute montagne, qui plus est en mouvement, exige du matériel spécifique.

Il doit être résistant au froid, à la neige et au vent. Et, surtout, être manipulable dans des conditions parfois très inconfortables, comme des pentes raides et enneigées. Tout ce matériel doit donc être léger, d'autant qu'il faut encore transporter, à côté, celui de ski. Sans oublier les batteries qui doivent tenir longtemps, puisqu'il est impossible de les recharger. On est très loin des studios de tournage cosy...

Aurelie Gonin et son drone léger, qu'elle peut faire décoller dans sa main.
Aurelie Gonin et son drone léger, qu'elle peut faire décoller dans sa main. image: aurelie gonin

Aurelie Gonin a donc pris le strict nécessaire: une caméra légère, une action cam (une go pro, pour les profanes), des batteries et un petit drone, qu'elle peut faire s'envoler dans sa main. Elle a aussi fourni une action cam à chacune des trois aventurières, pour que celles-ci puissent se filmer seules quand la réalisatrice n'était pas à leur côté (elle les a accompagnées douze jours sur les 54). «Je les avais briefées, en leur expliquant notamment qu'il était important d'appuyer sur le bouton "rec" quand il y avait des moments importants ou forts en émotions. Ça a bien marché!», se marre la Française.

En gardant son sourire, la réalisatrice d'Alpine Quest enchaîne sur une anecdote folle:

«Même en essayant d'alléger au maximum mon matériel, mon sac pesait tellement lourd qu'il a fait pression sur mes pieds, au point que ceux-ci se sont allongés. J'ai même gagné une pointure!»

Préparation physique intense

Il faut dire qu'Aurelie Gonin a donné du sien physiquement pendant ce tournage. Elle a engagé plusieurs fois des guides pour l'emmener à ski de randonnée sur des pentes compliquées, parallèles au tracé des aventurières, pour pouvoir filmer celles-ci en plans larges.

Un exemple de plan très large réalisé par Aurelie Gonin, dans une ascension.
Un exemple de plan très large réalisé par Aurelie Gonin, dans une ascension. image: aurelie gonin

Elle-même sportive de très bon niveau et experte de la montagne, elle s'est entraînée intensivement pendant deux mois avant ce tournage. «J'ai travaillé mes efforts fractionnés, ce qui était indispensable pour ce tournage. Contrairement aux aventurières, qui avaient un rythme régulier, je devais tout à coup accélérer pour les devancer et pouvoir les filmer depuis en haut. Pareil quand je les filmais depuis en bas: je devais ensuite me dépêcher pour les rattraper».

Tout cette préparation méticuleuse a payé: la réalisatrice n'a eu aucun pépin, ni physiquement, ni avec le matériel. «Quand on tourne en montagne, il faut toujours avoir de la marge au niveau physique», tranche-t-elle.

«Devoir réfléchir tout le temps, par exemple à comment on va filmer tel ou tel plan, ça prend beaucoup d'énergie. Or, il faut toujours pouvoir rester lucide et alerte en haute montagne, car un accident est vite arrivé dans ce genre d'environnement. Il y a aussi le danger de se faire haper par son travail, en filmant, et d'oublier la sécurité.»
Après les avoir filmées depuis en bas, Aurelie Gonin devait rattraper à ski les aventurières, dans la montée.
Après les avoir filmées depuis en bas, Aurelie Gonin devait rattraper à ski les aventurières, dans la montée.image: aurelie gonin

Un tournage aussi engageant, dans pareil milieu hostile, crée inévitablement une connexion plus forte entre les protagonistes qu'une production en studio. «On a pris soin les unes des autres. Et pouvoir partager des moments comme un lever de soleil en haute montagne, c'est très puissant émotionnellement», s'émeut Aurelie Gonin.

Des messages à passer

Mais il n'a pas fallu attendre de gravir ces sommets alpins pour que le feeling passe entre la vidéaste et l'aventurière Loubna Freih. «Le projet de Loubna m'a tout de suite parlé», rembobine la Française. Avant même le départ de l'expédition, l'aventurière valaisanne souhaitait intégrer au film des expertises d'une glaciologue et d'une hydrologue, afin d'alerter quant aux dégâts du réchauffement climatique sur les montagnes.

«Ce sont des thèmes qui me tiennent à cœur», précise Aurelie Gonin. «J'essaie d'utiliser une accroche sport pour parler de thèmes sociétaux», développe celle qui est aussi journaliste sportive. Et une seule image vaut parfois mille mots: celle des trois aventurières romandes qui marchent dans la boue, alors qu'elles s'attendaient à le faire dans la neige.

Le teaser d'Alpine Quest 📺

A écouter Aurelie Gonin, il devient impossible de réaliser un documentaire sur la montagne sans faire un peu de militantisme écologiste, tant les effets du réchauffement climatiques sont visibles:

«Il y a cinq ans ou dix ans, quand on réalisait un film de montagne, on vendait du rêve. Avec des images de beaux virages dans la poudreuse. Et c'était tout. Avec mon documentaire, je veux montrer la réalité.»

Mais c'est sur un autre message, écrit explicitement cette fois, noir sur le banc neigeux d'un décor alpin majestueux, que se conclut l'œuvre d'Aurelie Gonin:

«Il n'y a pas d'âge pour oser»

Il fait évidemment référence à l'exploit des quinquas Loubna Freih, Mélanie Corthay et Sophie Pelka. Mais chaque spectateur peut le reprendre à son compte.

A travers ses films sur le sport et la montagne, Aurelie Gonin aime évoquer les enjeux de société.
A travers ses films sur le sport et la montagne, Aurelie Gonin aime évoquer les enjeux de société.image: aurelie gonin

En plein cœur des Alpes, Aurelie Gonin, elle, a osé s'aventurer avec sa caméra très loin du confort des studios de cinéma cosy, qui sont pourtant géographiquement si proches.

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