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Retraite de Federer (interview): «Suis-je si bon acteur?»

Retraite de Federer: «Un moment donné, j'en avais assez»
Roger Federer a donné une interview à la presse suisse à Londres.Image: KEYSTONE

Federer: «Suis-je si bon acteur que personne ne l'avait remarqué?»

Roger Federer rompt son silence à Londres sur les raisons de son départ à la retraite. Il raconte quand il a pris sa décision et comment il a vécu ces derniers jours.
24.09.2022, 07:53
simon häring, londres
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Samedi à 17h19, le manager Tony Godsick a contacté un groupe de journalistes suisses et a promis une table ronde avec Roger Federer. Deux jours se sont écoulés depuis que le Bâlois a annoncé sa retraite auprès de sa femme Mirka et de ses parents Robert et Lynette. Depuis, il est resté silencieux. Personne ne savait vraiment s'il s'agissait d'une décision de raison ou de cœur. Il l'a expliqué mardi à Londres.

«J'ai différé la rédaction de la lettre. J'ai beaucoup réfléchi. Il m'a fallu beaucoup d'énergie et d'influx nerveux pour écrire cette lettre. C'était très émouvant»

La décision a été prise quelques jours après son passage à Wimbledon début juillet, pour le centenaire du tournoi anglais. «Je n'ai tout simplement pas fait assez de progrès», précise Roger Federer. «Je me suis demandé pourquoi je fais encore ça. Je marchais sur une ligne très fine. Je savais que c'était fini.»

Comment avez-vous vécu les semaines qui ont précédé votre retraite?
Roger Federer: J'avais des nœuds dans l'estomac. J'ai posé l'ordinateur devant moi. Ecrire la lettre a été très difficile et m'a coûté beaucoup d' énergie. C'était dur pour moi. Aussi pour Mirka. Maintenant, je me sens mieux. Je voulais me libérer de cette pression. Ce n'était pas facile de garder la décision pour moi, de ne pas en parler à trop de gens. Cela crée une pression énorme.

Quand avez-vous décidé de mettre fin à votre carrière?
Quand je suis monté sur le court de Wimbledon le 3 juillet, j'ai pensé que c'était peut-être la dernière fois. Jusque-là, j'y croyais vraiment. Dans les jours qui ont suivi, j'ai remarqué que mon genou n'allait pas mieux, que j'avais atteint le maximum. Alors je me suis demandé: à qui d'autre cela profite-t-il de continuer? Ce n'est plus assez. C'est fini. Ce fut un moment très émouvant.

Comment avez-vous vécu les jours et les semaines qui ont suivi votre décision? Etait-ce une sorte de phase de deuil?
Absolument. Au début, il y avait de la tristesse, puis je l'ai repoussée. Nous étions encore en vacances et avons évité le sujet. Je devais d'abord laisser couler. J'étais incroyablement fatigué et épuisé, j'ai tellement donné pour mon retour, pour cette rééducation, l'entraînement. Lorsque la décision a été prise, j'ai réalisé à quel point je m'étais ôté un fardeau, à quel point j'avais «stressé» dans mon subconscient. Ce fut aussi une période difficile pour mes parents et mes proches. Tous savaient comment j'étais. Comment répondre à quelqu'un qui vous demande si vous vous sentez bien? Vous répondez simplement: cela prendra un peu plus de temps. Avec tout ça, je suis content pour mon entourage que cette décision soit maintenant derrière nous. Puis j'ai écrit la lettre, c'était un vrai processus. A un moment donné, j'en avais assez, je ne pouvais plus entendre les questions sur mon genou.

Et comment va votre genou?
(Rires). J'espère assez bien pour un double. Il était clair pour moi depuis longtemps que je ne peux pas jouer en simple, que je ne peux pas non plus jouer à Bâle. J'ai demandé à Björn Borg si je pouvais jouer en double vendredi. Il m'a dit: Roger, c'est déjà un rêve pour nous tous de te revoir sur un court de tennis. La pression sur moi est énorme. Je fais tout pour pouvoir jouer à un niveau qui me semble acceptable.

Vous n'avez jamais expliqué la gravité de votre blessure au genou...

... et je ne le ferai probablement jamais. Je pense que c'est une affaire privée. Souvent, les détails ne sont pas importants, pour moi non plus. Ce que j'avais besoin de savoir, c'était: que dois-je faire pour la rééducation? Combien de temps ça va prendre? Quelles sont mes options?

Pourquoi avez-vous décidé d'arrêter maintenant, juste avant la Laver Cup?
Ce n'était pas facile de trouver le bon moment et j'ai essayé de tout prendre en compte, également par respect envers la reine décédée récemment et les dix jours de deuil national ici à Londres. Je voulais tout faire juste, mais aussi en finir le plus vite possible pour me soulager du fardeau.

Vous avez alors décidé d'annoncer votre retraite sur les réseaux sociaux avec une lettre que vous avez lue. Pourquoi?
Je savais que je devais le faire de cette façon si je voulais que mes fans l'apprennent de moi. En même temps, je ne voulais pas qu'il y ait une vidéo qui me fasse penser dans cinq ou dix ans: Oh mon Dieu, c'était quoi ce truc? Puis j'ai eu envie d'écrire une lettre. Puis cette lettre est devenue de plus en plus longue. Et je me demandais si les gens pouvaient lire mon écriture. Donc finalement j'ai décidé de faire comme ça. Pour moi, c'est authentique. Cela fait ressortir l'émotion, mes fans l'obtiennent de moi, donc c'est très personnel. J'ai répété chaque mot plusieurs fois.

Comment avez-vous vécu le dernier match de votre carrière, le quart de finale de Wimbledon 2021 face à Hubert Hurkacz?
Dans le dernier set, j'ai vécu l'une des pires heures de ma carrière. J'ai réalisé que rien ne fonctionnait plus, que c'était fini. J'avais des nuages dans la tête, je pensais: ça ne peut plus continuer comme ça. Puis j'ai hésité: est-ce que je vous dis tout, la presse? Mais personne ne m'a posé de questions sur le genou. Je me suis demandé: suis-je un si bon acteur que personne ne le remarque? (Rire) La dernière année a été extrêmement difficile pour moi. J'étais tellement loin d'être à 100%. Que j'aie atteint les quarts de finale à Wimbledon dans ces circonstances est incroyable. Et malgré tout, j'ai quand même pu profiter de cette opération, de cette rééducation, pour moi et pour les miens, pour faire du sport dans les années à venir.

Swiss tennis player Roger Federer, center, greets the fans on the sidelines of the women's Super-G race at the FIS Alpine Ski World Cup in Lenzerheide, Switzerland, Saturday, March 5, 2022
Roger Federer adore le ski. Il était aux finales de Lenzerheide (GR), où il a fait construire deux chalets pour sa famille.Image: KEYSTONE

Comment ça se passe dans la vie de tous les jours?
Là, je n'ai plus de problèmes. J'ai toujours cet objectif et ce grand espoir de pouvoir à nouveau skier et rejouer au football. Mais je sais que j'ai encore beaucoup à faire.

Vous avez toujours répété que votre carrière ne devait pas se terminer de manière ringarde. Aviez-vous une idée du départ idéal?
Pour moi, cela n'a jamais été lié à un tournoi. Mon souhait était de revenir et de jouer au tennis devant des gens, de faire ce que j'aime. Je me suis vite rendu compte que ce n'était probablement plus possible pour les tournois du Grand Chelem. J'aurais aimé m'entraîner uniquement pour des tournois plus petits. Et puis je suis arrivé à un point où c'était clair pour moi: non, je ne veux plus de ça.

Vous avez annoncé que vous continuerez à jouer au tennis. Sous quelle forme?
Je ne voulais pas priver les fans de l'espoir de me revoir jouer. J'aime trop ce sport, j'ai envie d'en rester proche, mais je ne sais pas encore sous quelle forme. J'aime beaucoup jouer les exhibitions, j'ai encore la possibilité de remplir les stades. Mon grand souhait est de jouer une autre exhib'. Dans les six à neuf prochains mois, inviter tous mes anciens entraîneurs et leur dire «merci et au revoir». Je rêve de ça.

Blick auf die Baustelle des rund 16000 Quadratmeter grossen Grundstuecks von Tennisspieler Roger Federer, aufgenommen am Dienstag, 27. Juli 2021 in Rapperswil-Jona. (KEYSTONE/Ennio Leanza).
Son domaine en construction sur les rives du lac de Zurich.Image: KEYSTONE

Quels autres rôles pouvez-vous imaginer?
Je n'aurais jamais pensé dire ça mais il y a quelques mois, je me suis dit: pourquoi ne pas commenter? A Wimbledon par exemple. Cela me permettrait de rester en contact avec le circuit et les joueurs. Mais pour être honnête, j'ai d'abord pensé: es-tu devenu complètement fou d'envisager des trucs pareils? En même temps, nous avions toujours prévu de tout garder ouvert pour l'après-carrière. Je veux être un bon père, j'ai beaucoup d'amis avec qui je veux rester en contact. J'ai le grand luxe de ne pas avoir à faire quelque chose que je n'ai pas envie de faire.

Comment votre femme Mirka a-t-elle réagi à votre décision?
Les dernières années ont été difficiles pour moi, mais je pense que c'était encore plus difficile pour elle. Elle n'aimait plus me voir avec toutes ces blessures. J'ai eu un peu pitié d'elle aussi. C'est un grand soulagement pour Mirka que tout soit fini maintenant.

Comment vos quatre enfants ont-ils réagi?
On ne le leur a dit que la veille. C'est devenu très émouvant, trois de mes enfants ont pleuré (rires). Ils ont demandé: ça veut dire que nous n'allons plus à Wimbledon? D'un côté, ils sont tristes. Mais d'un autre, ils exprimaient toujours le même souhait: quand ira-t-on enfin skier? «Arrête de jouer au tennis, on a envie de skier.» Je veux être là pour ma famille autant que possible. C'est extrêmement important pour moi.

(Adaptation française: chd)

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