Que vous ayez suivi de près ou de loin les affres de la campagne présidentielle américaine, l'an dernier, il y a un personnage que vous n'avez pas pu oublier. Un politicien englué dans sa guerre interminable avec Disney et le wokisme. Brillant, certes, mais aussi à l'aise dans une foule qu'un carlin dépressif. Petit mais pourvu de bottes de cow-boy à talons. Un homme capable de manger du flan au chocolat à main nue (!) et que Donald Trump avait plaisir à rabaisser avec des surnoms ridicules - de «boulette de viande» à «Tiny D».
Définitivement, vous n'avez pas pu oublier Ron DeSantis.
Sacré Ron. Depuis qu'il s'est retiré de la course à la Maison-Blanche en janvier 2024, ses scores liliputiens sous le bras, laissant la voie grande ouverte au candidat Donald Trump, le puissant et populaire gouverneur de Floride est allé panser ses plaies dans son Etat bien aimé et repris son job adoré de grand patron du «Shining State».
Rien de tel que deux ouragans meurtriers, l'automne dernier, pour se racheter une crédibilité auprès de ses concitoyens.
A la tête de l'Etat depuis 2019, après deux mandats de quatre ans consécutifs, il est temps pour l'avocat et ancien militaire de formation de 47 ans de préparer la suite et de se désigner un successeur.
Pour perpétuer son héritage conservateur et ses nombreuses luttes législatives et politiques, il s'agit donc pour Ron DeSantis d'adouber quelqu'un de proche. Un allié de longue date. Pourquoi pas Ashley Moody, l'ancienne procureure générale de Floride? L'intéressée a préféré prendre la place au Sénat laissée vacante par Marco Rubio, le nouveau ministre des Affaires étrangères de Donald Trump.
Ce lundi, c'est donc le nom d'une autre personnage plus proche encore que Ron DeSantis a avancé pour se lancer dans la course au poste de gouverneur, en août 2026: sa propre femme, Casey.
Une suggestion provocante, certes, mais pas complètement étonnante. L'ambitieuse première dame de Floride, dont l'influence sur la politique et les deux campagnes de son mari est bien documentée, est aussi populaire que «redoutable» - les mots de sa moitié.
Une idée d'autant plus logique que, selon plusieurs médias américain, Ron DeSantis envisagerait de se présenter à nouveau à la Maison-Blanche en 2028. La collecte de fonds et l'attention médiatique nécessaires pour une telle campagne pourraient être facilitées si la personne à ses côtés est également une personnalité publique. Le gouverneur de Floride, par exemple?
Ce n'est de loin pas la première fois que l'ancienne journaliste, qui s'est investie à 200% dans la campagne de son mari, est pressentie pour prendre les rênes de la Floride. Casey DeSantis incarne une «solution belle et élégante», confirme un consultant républicain de Floride, auprès de Politico.
Il y a quelques jours encore, c'est NBC News qui rapportait que le nom de la first lady circulait avec insistance parmi les riches donateurs républicains de Palm Beach.
Une idée encore renforcée par un sondage d’opinion, publié la semaine dernière par l'université de Floride du Nord, qui révèle que les personnes interrogées ont une opinion plus favorable de Casey DeSantis que de tout autre candidat républicain potentiel. Il faut dire que la première dame, qui a lancé plusieurs initiatives d'envergure sur des thématiques diverses et variées, affiche un solide bilan qui rivalise avec celui d'autres gouverneurs.
Ce qui est plus étonnant, en revanche, c'est que cette annonce provocatrice le place directement en porte-à-faux avec Donald Trump. Car le président américain a lui aussi pris les devants en désignant son candidat préféré dans cette future élection: Byron Donalds, un fidèle MAGA de longue date.
«Cours, Byron, cours!», a ainsi clamé le chef de l'Etat sur les réseaux sociaux jeudi dernier, ajoutant que le natif de Naples (FL) serait «un gouverneur vraiment formidable et puissant pour la Floride».
Comme Casey DeSantis, l'intéressé n'a encore pas confirmé ses intentions de se lancer dans la course – aucun candidat majeur ne l’a fait - mais il a profité d'une conférence organisée dans la foulée dans le Maryland pour glisser qu’il fallait «rester à l’écoute».
Ce soutien à deux personnalités opposées ne manque pas de placer Donald Trump et Ron DeSantis dans un énième bras de fer. Une nouvelle guerre, menée par procuration cette fois-ci, dont les répercussions sur le paysage politique de Floride et du pays tout entier pourraient être massives.
D'ailleurs, pour marquer le début des hostilités, Ron DeSantis n'a pas mâché ses saillies à l'égard du candidat de Donald Trump, lundi, affirmant que ce désormais rival n'avait pas fait grand-chose pendant son mandat à la Chambre des représentants, préférant se concentrer sur sa campagne dans d'autres Etats.
«Vous avez un gars comme Byron qui n'a tout simplement participé à aucune des victoires que nous avons remportées ici contre la gauche au cours des dernières années», a lancé l'actuel gouverneur lors d'une conférence de presse lundi, avant d'évoquer sa merveilleuse femme, «encore plus conservatrice que lui».
Des attaques auxquelles Byron Donalds s'est contenté de répondre par un «OK» sarcastique au quotidien conservateur The Floridian. Sans manquer d'ajouter: «Je suis heureux d'avoir le soutien du président. Cela signifie beaucoup pour moi, nous allons donc continuer à faire notre travail et à aller de l'avant», a répliqué Byron Donalds. Et toc.
Et quand le journal demande encore au représentant ce qu'il pense des affirmations selon lesquelles Casey DeSantis gouvernerait mieux que lui, l'intéressé préfère miser sur la prudence. «Je ne peux même pas spéculer là-dessus parce que nous ne savons pas ce qui se passe – personne n’est dans une course. Mais je sais juste où en sont les choses, j’aime où je suis.»
Certains alliés de longue date de Trump, eux, prédisent que la puissance et l'influence de Donald Trump, dans un Etat désormais fermement républicain, devrait suffire à le faire passer la rampe en 2026 - envers et contre tout.
«Cela envoie un message indéniable: Trump a une longue mémoire, et quiconque ose défier les candidats qu'il soutient en Floride se retrouvera dans sa ligne de mire», rappelle de son côté Max Goodman, un consultant républicain de Floride.
Rien qui semble effrayer le couple le plus puissant de Floride. Déjà habitué à faire face aux assauts de son célèbre résident de Palm Beach.