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«Arrêtez ce massacre»: les cyclistes ont la peur au ventre

«Il faut arrêter ce massacre»: les cyclistes ont peur

«J'ai plus peur à l'entraînement qu'en compétition»: alors que les chutes se multiplient en course, les cyclistes professionnels sont aussi exposés quotidiennement aux dangers de la route à l'entraînement. Avec des conséquences parfois dramatiques.
04.02.2025, 11:5604.02.2025, 12:13
jacques klopp / afp
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Trois accidents en l'espace de quelques jours sont venus rappeler à quel point les coureurs sont vulnérables dans leur préparation effectuée en grande partie sur des routes ouvertes, au milieu des automobilistes et des camions.

En début de semaine dernière, sept membres de l'équipe allemande sur piste ont été fauchés lors d'une sortie d'entraînement à Palma de Majorque par un conducteur âgé de 89 ans qui a fait un écart. Six ont dû être hospitalisés, certains avec des fractures, mais aucun ne s'est retrouvé en danger de mort.

Le jeune Aidan Worden, spécialiste du contre-la-montre, n'a pas eu cette chance, décédé samedi après avoir été renversé par une voiture à Darwen en Angleterre, a annoncé son équipe 360 Cycling. Sa perte s'ajoute à celle de Sara Piffer, 19 ans. La jeune espoir du cyclisme italien est décédée il y a dix jours après avoir été percutée de plein fouet par une voiture doublant un autre véhicule en face.

«Il faut arrêter ce massacre. Il y a trop de morts sur nos routes», s'est ému Francesco Moser, légende de la petite reine, qui habite dans le même village, près de Trente, que la famille de la victime. Il faut dire que le cyclisme italien a payé un lourd tribut ces dernières années avec notamment les décès de deux champions, Michele Scarponi en 2017 et Davide Rebellin en 2022, tous deux renversés par un véhicule.

«J'y pense à chaque sortie»

Ailleurs aussi, les coureurs professionnels n'échappent pas aux drames. 98 cyclistes sont morts sur les routes de Belgique en 2023 (226 en France), dont Tijl De Decker, vainqueur de Paris-Roubaix espoirs, deux jours après avoir violemment percuté l'arrière d'une voiture.

En décembre encore, le double champion olympique de Paris, Remco Evenepoel, s'est retrouvé à l'hôpital avec de multiples fractures après n'avoir pu éviter une voiture de la poste belge, dont la factrice avait soudainement ouvert la portière. Ces exemples, tous les professionnels les ont en tête.

«J'y pense à chaque sortie. En fait, j'ai beaucoup plus peur aujourd'hui du danger à l'entraînement qu'en compétition»
Romain Bardet, cycliste pro

«En course, je me sens maître des risques. A l'entraînement en revanche, je suis à la merci de certains comportements d'automobilistes et je me sens beaucoup plus vulnérable», ajoute le grimpeur auvergnat qui se dit «très touché» lorsqu'il apprend des cas d'accidents mortels comme celui de Paul Varry, cycliste parisien écrasé par un homme en SUV soupçonné de lui avoir volontairement roulé dessus.

De son côté, le coureur allemand Lennard Kämna a frôlé le pire au printemps 2024 lorsqu'il a été percuté de face par une voiture qui s'était déportée sur la voie de gauche, lors d'un stage à Tenerife. Hospitalisé pendant un mois avec des fractures costales et une contusion pulmonaire, il tente aujourd'hui de relancer sa carrière avec sa nouvelle équipe Lidl-Trek. De l'accident, il ne se souvient de rien, mais les premières sorties ont été difficiles.

«Me retrouver dans le trafic, croiser des voitures a été très désagréable pendant quelques semaines. C'est passé mais je suis devenu beaucoup plus prudent»
Lennard Kämna dans le podcast «Tourfunk» de l'émission Sportschau

«Sous les roues du camion»

Le jeune coureur français Ewen Costiou fait également «plus attention» depuis qu'il est «rentré à 50 km/h dans un camion qui a pilé dans un virage serré» en descente, en juin dernier. L'accident, qu'il raconte à l'AFP, fait froid dans le dos, même si, au final, le Breton de 22 ans s'en est sorti avec "seulement" un traumatisme crânien et une cheville amochée. Dans les vapes après l'impact, il s'est retrouvé «juste sous les roues du camion» dont le chauffeur n'avait rien vu et a commencé à reculer pour laisser passer un bus arrivant en sens inverse.

Depuis, le coureur d'Arkéa-B&B Hotels est «plus stressé que d'habitude» lorsqu'une voiture «klaxonne ou te frôle en doublant». «C'est pour ça que je n'aime pas trop rouler en groupe. Parce que tout le monde ne comprend pas qu'on a le droit d'être à deux de front. Après, il y a des cons partout. Il y a des cyclistes qui abusent aussi. Mais c'est clair que pour nous le risque est permanent.»

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