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Pourquoi le Tour de Lombardie est-il autant sous-estimé?

Pourquoi le Tour de Lombardie est-il autant sous-estimé? Parcours et palmarès
Le Suisse Oscar Camenzind n'a pas pu résister à donner un bacio au trophée du Giro di Lombardia, qu'il a remporté en 1998. Image: EPA DPA

Pourquoi le Tour de Lombardie est-il autant sous-estimé?

Considéré comme le 5e Monument des classiques cyclistes, Il Lombardia, dont la 118e édition se dispute ce samedi entre Côme et Bergame (252 km), n'a pas le prestige de Paris-Roubaix ou du Tour des Flandres. En voici les 5 raisons.
11.10.2024, 11:54
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Parce qu'il a lieu en octobre

La course souffre du calendrier. Elle est la seule grande classique qui ne se court pas au printemps mais à l'automne, d'où son surnom de «la Classique des feuilles mortes». On pourrait imaginer que cette particularité lui soit favorable, car après tout, aucune course ne lui fait de l'ombre et les fans de vélo ne peuvent avoir d'yeux que pour elle. Mais la vie du Giro di Lombardia n'est pas aussi simple.

«Avec le début de la saison des courses d'un jour, en mars, commencent deux mois au cours desquels le battage médiatique autour du cyclisme atteint son paroxysme, rappelle le site italien Ultima Voce. Le monde entier se catalyse sur le cyclisme à tel point que même les courses "mineures", comme Gand-Wevelgem ou le GPE3, parviennent à attirer du public. Sans parler de l'Amstel Gold Race, qui pourrait être un Monument à part entière. Le Tour de Lombardie, lui, se déroule à une période de l'année où les projecteurs du cyclisme sont déjà partiellement éteints

Parce qu'on est en Italie

La Botte est un des pays historiques du cyclisme. C'est la chance, mais aussi le drame, du Tour de Lombardie. La course a beau être répertoriée comme un Monument, elle n'est pas la plus populaire chez elle, ni même la deuxième des épreuves les plus aimées. Milan-San Remo arrive largement en tête des suffrages du coeur, et les Strade Bianche lui collent au train.

Comment dès lors la faire aimer par les étrangers, les Français qui s'extasient devant Paris-Roubaix, ou les Belges devant le Tour des Flandres? Quand on demande à Tony Rominger si ses deux victoires en Lombardie (1989 et 1992) ont la même valeur que s'il avait remporté Roubaix ou les Flandres, il reconnaît que non. «On ne peut pas comparer avec ces deux courses, mais avec Liège-Bastogne-Liège oui. Car les pavés, c'est une autre histoire, c'est un spectacle permanent, beaucoup de gens ne regardent l'épreuve que pour les chutes. Il y a aussi des pavés sur le Tour des Flandres, une classique faite pour un coureur plus complet encore que le Lombardie.»

Parce que ce n'est pas une classique comme les autres

Il Lombardia souffre justement de son profil. Contrairement à toutes les autres grandes classiques, qui couronnent les spécialistes des courses d'un jour, l'épreuve lombarde fait la part belle aux grimpeurs, donc aux coureurs que l'on voit déjà beaucoup durant tout l'été sur les courses à étapes.

C'est d'ailleurs parce qu'il faut être un bon grimpeur que Tony Rominger s'y est imposé deux fois. «Les montées sont très dures, la course est vraiment faite pour des coureurs qui jouent le général sur les courses à étapes, nous dit celui qui a remporté trois fois la Vuelta et une fois le Giro. Il y a des ascensions de 10-12 km.»

Quelle est votre Monument préféré?

Parce que ce sont toujours les mêmes qui gagnent

Historiquement, l'épreuve a surtout fait briller les coureurs transalpins. Entre la 1re et la 102e édition, 66% des vainqueurs étaient Italiens!

Le palmarès est toutefois en train de changer et depuis 2009, on assiste à un basculement de l'histoire puisque seul Vincenzo Nibali (en 2015 et 2017) est parvenu à s'imposer à domicile. Mais dans l'imaginaire collectif, Il Lombardia reste encore une course faite par, et pour, les coureurs italiens.

Parce que le calendrier s'est étoffé

«Il y a 20 ou 30 ans, le Tour de Lombardie était un rendez-vous aussi important que les autres. Mais aujourd'hui, comme il y a beaucoup, beaucoup de courses, peut-être que sa réputation a un peu changé.» Tony Rominger rappelle que la saison de cyclisme débute par le Tour Down Under en...janvier déjà.

Pourquoi le Tour de Lombardie est-il autant sous-estimé? Rominger sur le Giro 95.
Rominger sur le Giro 95.Image: KEYSTONE

«La saison devient plus longue et à la fin, les coureurs ont moins de forces et d'envie», abonde l'ancien cycliste suisse, qui démonte une idée trop souvent répandue:

«Contrairement à ce que l'on peut penser, et même si le calendrier est plus fourni, les coureurs d'aujourd'hui n'ont pas plus de jours de route dans les jambes. On en avait davantage, car on considérait certaines épreuves comme des entraînements, on y participait pour se préparer à un objectif futur. Aujourd'hui, ce n'est plus possible de faire ça. Si tu n'es pas à 100%, tu n'arrives même pas à l'arrivée, tellement c'est dur et ça roule vite.»

C'est donc moins la quantité de courses qui pèse sur les organismes que leur intensité sur dix mois. Le Tour de Lombardie représente pour beaucoup le dernier effort de la saison à donner, mais son profil intimidant a de quoi rebuter même les plus costauds.

Cet article a été adapté d'une première version parue sur notre site en octobre 2023.

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