Selon le président de la Fifa, Gianni Infantino, le tournoi au Qatar est «la meilleure Coupe du monde de tous les temps». Pour que le public y croie, la Fédération internationale a tout intérêt à ne pas diffuser des images de gradins vides ou d'actions de protestations sur le terrain et en-dehors. Elle a donc décidé de faire voir le Mondial de manière plus positive qu'il ne l'est en réalité.
En montrant par exemple des supporters en train de faire la fête plutôt que des travées sans spectateurs, ou en refusant de retransmettre l'action des Allemands: la plupart des téléspectateurs n'ont pas eu droit au geste (une main sur la bouche) de la Mannschaft avant son entrée dans la compétition. Le signal international de télévision, produit par la société suisse HBS, n'a pas retransmis cette scène.
La Fifa contrôle le signal à partir duquel pratiquement toutes les chaînes de télévision, y compris la SRF, obtiennent leurs images. Mais contrairement à d'autres tournois, elle intervient de manière plus globale dans la transmission. Ainsi, même ce qui se passe sur la pelouse ne doit pas être présenté dans son intégralité. Comme le prouvent les recherches du Süddeutsche Zeitung, la Fifa ne montre pas certaines situations litigieuses dans la retransmission du signal TV international.
Mais prenons un exemple concret: lors du quart de finale entre l'Angleterre et la France, le premier but des Français a été précédé d'une possible faute d'Upamecano sur Saka. Le Français a récupéré le ballon sans ménagement dans son propre camp avant de lancer la contre-attaque. Que s'est-il vraiment passé? Impossible de le dire. Lorsque le but a été montré au ralenti, l'action reproduite a débuté bien après la récupération litigieuse du ballon. La scène douteuse est donc passée majoritairement inaperçue auprès du grand public.
Na moral, vocês não acharam falta do Upamecano no Saka no início do contra-ataque? pic.twitter.com/CqGLBH36Bm
— Sincerão (@oficialsincerao) December 10, 2022
Une situation similaire s'est produite lors du quart de finale entre le Maroc et le Portugal. A la 86e minute, le défenseur marocain El Yamiq a osé un coup de tête dans sa propre surface de réparation qui aurait pu conduire à une main. Alors que l'arbitre a immédiatement fait signe de jouer, les Portugais se sont déchaînés et ont réclamé une faute. Comme il n'y a pas eu de ralenti, les téléspectateurs n'ont jamais su ce qu'il s'était réellement passé.
L'introduction de la VAR devait permettre de minimiser les polémiques résultant d'erreurs d'arbitrage. Pourtant, même lors de cette Coupe du monde, des joueurs s'en prennent publiquement aux directeurs de jeu après presque chaque match. Luka Modric, Bruno Fernandes ou Lionel Messi se sont déjà plaints, sans que l'on sache si leurs critiques étaient toutes justifiées, faute de ralentis disponibles.