Noémie Beney a vécu l’Euro de l’intérieur. Si son rôle de responsable des talents de l’équipe nationale était plutôt discret pendant le tournoi, l’ancienne internationale (43 sélections) joue un rôle clé dans le futur du football féminin suisse. Elle accompagne les jeunes pousses de la Nati dans le cadre du programme «Footura».
Noémie Beney, comment avez-vous vécu cet Euro?
Le tournoi a dépassé toutes nos attentes. On ignorait si les spectateurs viendraient réellement malgré les billets vendus. Aujourd’hui, quand j’y repense, l’émotion est encore forte – j’en ai presque les larmes aux yeux.
Avez-vous un pincement au cœur de ne pas avoir connu un tel tournoi en tant que joueuse?
Pas du tout. En tant que talent manager, je suis toujours proche du groupe. Je suis heureuse de voir ce qui est en train d’émerger, et que les générations futures puissent en bénéficier. D’autres se sont battues avant moi, nous avons pris le relais, et l’équipe actuelle œuvre déjà pour celles qui viendront ensuite.
Et qu'avez-vous ressenti en voyant votre nièce, Iman Beney, porter le maillot national?
C’est incroyable. J’ai eu la chance de commenter son premier match avec l’équipe A en 2023. Quand Iman est entrée sur le terrain lors du match d’ouverture, j’avais les larmes aux yeux. Je ne peux pas expliquer ce que cela signifie pour moi de la voir dans cette équipe.
Mais vous n’êtes pas seulement la tante d’Iman, vous êtes aussi responsable des talents de la Nati. De qui vous occupez-vous exactement?
Je m’occupe des joueuses du programme Footura. Footura est un programme de l’association visant à identifier les jeunes talents et à les suivre de près. J’ai un contact hebdomadaire avec elles, et en août, je me rendrai dans leurs clubs pour renforcer ce lien.
Les anciens sélectionneurs Inka Grings et Nils Nielsen avaient tenté une sélection U23. Ce projet est-il toujours envisagé?
Je suis convaincue qu’il faut combler l’écart croissant entre les U19 et l’équipe A. Sous quelle forme, ce n’est pas encore décidé. Je ne peux pas promettre une U23 à court terme, mais c’est une piste de réflexion. Nous devons explorer différentes options et voir ce qui fonctionne le mieux.
La plupart des jeunes talents, comme Schertenleib ou Wandeler, évoluent en attaque. Comment l’expliquer?
Sans doute un hasard. Mais c’est une vraie question que nous nous posons aussi. On sait qu’il faut renforcer le travail sur les postes défensifs pour assurer la relève. Certaines joueuses n’ont pas encore franchi le pas vers l’équipe A, mais on réfléchit à une meilleure planification, poste par poste.
Quand vous comparez les anciennes générations à celle d’aujourd’hui, qu’est-ce qui change?
Je peux parler des quatre joueuses issues du programme Footura (Iman Beney, Sydney Schertenleib, Noemi Ivelj, Leila Wandeler). Ce qui me frappe, c’est leur capacité à gérer la pression. Iman, par exemple, lors de la finale des play-offs, a inscrit le tir au but décisif à seulement 18 ans, devant 10 000 personnes. Moi, je n’en aurais jamais été capable. Cela dit, une joueuse comme Ramona Bachmann avait déjà cette force mentale. Difficile donc de dire s’il s’agit simplement de tempérament individuel ou si l’on assiste à l’émergence d’une génération dorée.
Pour la première fois, la Nati a atteint les quarts de finale de l’Euro. Pensez-vous que la Suisse peut désormais s’installer durablement à ce niveau?
On voit émerger une génération de très bonnes jeunes joueuses. Mais en regardant le classement FIFA, on constate que six des dix meilleures équipes sont européennes. Que la Suisse intègre systématiquement le top 8 à chaque tournoi serait formidable – mais est-ce réaliste? L’objectif doit être de se qualifier régulièrement pour les phases finales. Et je suis persuadée que l’Euro organisé en Suisse nous y aidera.