Thoune a un sérieux handicap dans la course au titre
Le FC Thoune est en train de réaliser une incroyable saison en Super League. Après 13 journées, le néo-promu est en effet en tête de la première division suisse avec neuf points d'avance sur le FC Bâle. Un avantage impensable au mois de juillet.
S'il continue ainsi, le club de l'Oberland bernois peut rêver de remporter le premier titre de champion de son histoire. Mais rien ne sera facile pour les hommes de Mauro Lustrinelli. D'abord parce que le FC Thoune devra garder un rythme de cador avec une équipe logiquement bâtie pour viser le maintien, ensuite parce que ses adversaires vont bien finir par s'adapter à ses manières dominantes, enfin parce que le format du championnat suisse ne favorise pas vraiment les surprises.
L'exemple de Leicester
Rappelons que les clubs se rencontrent selon le «modèle écossais». Après 33 tours (3 matchs contre chaque adversaire), les six meilleures formations disputent un mini-championnat pour le titre en s'affrontant chacune l'une contre l'autre (5 tours) pour désigner le champion.
Le classement
Si le classement actuel est le même au soir des 33 journées, le FC Thoune disputera donc un match contre Bâle, YB, Saint-Gall, Sion et Lugano. Il n'aura pas l'occasion d'affronter des équipes moins bien classées en fin de saison, comme c'est le cas dans les grands championnats européens, où chaque équipe joue deux fois contre chaque adversaire sur l'ensemble de l'exercice.
Sur les douze derniers matchs de la saison surprise de Leicester en Premier League (2015/2016), les futurs champions avaient affronté 8 équipes situées dans la deuxième moitié du classement, ce qui leur avait (aussi) permis de garder une dynamique hyper positive.
Pas de match «facile»
Thoune n'aura pas cette chance, dans une formule suisse qui ne plaide pas en faveur d'un outsider, d'une équipe dont les valeurs de solidarité et d'agressivité permettent de se sortir des fameux matchs pièges sur la pelouse des moins bien classés, et donc d'engranger des points là où les favoris peuvent en laisser.
Les Bernois devront être à la hauteur dans un mini-championnat de surcroît hyper concurrentiel: lors des cinq dernières rondes, la plupart des six équipes viseront soit le titre, soit l'Europe. Il n'y aura pas de match «facile» contre une formation qui n'a plus rien à espérer.
S'il est encore en course pour le titre au printemps prochain, Thoune n'aura donc pas le temps de souffler. Encore un désavantage pour le «petit», qui ne possède pas la même profondeur de banc que des formations au budget bien plus conséquent. Or les différences se ressentent davantage dans les ultimes journées de championnat, lorsque les organismes sont usés physiquement et mentalement.
Le calendrier joue un rôle
A ce moment décisif de la saison, bénéficier de solutions sur le banc donne un avantage précieux, surtout depuis que cinq changements par match sont autorisés.
Enfin, si les «grandes» équipes de notre pays sont plus redoutables en fin de saison, c'est aussi parce qu'elles ont généralement un calendrier plus favorable qu'en début d'exercice. Il est rare en effet, même si on le souhaite très fort chaque année, qu'elles disputent encore une Coupe d'Europe au mois de mai. Toute leur énergie est donc mise dans le championnat, tous leurs regards tournés vers la lutte pour le titre.
Or c'est à cette période qu'un leader surprise comme Thoune pourrait les affronter et cela aussi, ce n'est pas une bonne nouvelle pour le néo-promu.
L'histoire récente du championnat de Belgique nous rappelle d'ailleurs qu'il n'est pas facile de confirmer les attentes nées en saison régulière: néo-promu en 2021, l'Union Saint-Gilloise a terminé deux fois en tête de la saison régulière dans les années qui ont suivi avant de craquer en play-offs. Ce n'est qu'en 2024-25 qu'il a trouvé les ressources nécessaires pour remporter le championnat de Belgique pour la première fois depuis 90 ans.
