Il ne reste que quelques secondes à jouer entre le Real Madrid et le club mexicain de Pachuca lorsque soudain, une altercation éclate entre Antonio Rüdiger et Gustavo Cabral. L'arbitre, Ramon Abatti, s’empresse alors d’intervenir pour séparer les deux joueurs et prête une oreille attentive aux explications de l’international allemand.
Quelques secondes plus tard, Abatti s’isole et effectue un geste encore relativement méconnu sur les terrains de football: il croise ses avant-bras au niveau de sa tête, à la manière d’un arbitre de basket signalant un changement.
Brazilian referee Ramón Abatti activated the FIFA anti-racism protocol for abuse directed towards Antonio Rudiger at Real Madrid v Pachuca tonight.
— Fare (@farenet) June 22, 2025
The match took place at the Bank of America stadium in Charlotte, North Carolina.
(Pic from @PavelFdez)#FIFACWC pic.twitter.com/9FXFbN29na
En agissant ainsi, Ramon Abatti déclenche le protocole anti-racisme de la FIFA, approuvé à l'unanimité le 17 mai 2024 lors du 74e Congrès de l'instance, puis déployé et généralisé à l’ensemble des compétitions internationales à partir de la Coupe du Monde féminine U20, en septembre dernier.
Cependant, c’est véritablement lors de ce Real Madrid – Pachuca, à la Coupe du Monde des clubs, que le grand public a découvert son application. Ici, avant que le geste ne soit réalisé, Rüdiger a rapporté à l’arbitre avoir été la cible d’un juron à caractère raciste, proféré par Gustavo Cabral. Ce dernier a reconnu, après la rencontre, avoir insulté le défenseur allemand, tout en minimisant la portée de ses propos. Il parle d'une invective «banale» et affirme l’avoir traité de «lâche de merde».
Mais concrètement, comment fonctionne ce nouveau protocole? Trois étapes peuvent être déclenchées. La première consiste à interrompre la partie, comme cela a été le cas lors de la rencontre entre le Real Madrid et Pachuca. Et si les propos émanent des tribunes, une annonce est diffusée «afin de faire savoir que le match sera arrêté si les comportements racistes ne cessent pas», explique la FIFA.
La deuxième étape consiste en un arrêt temporaire du match, avec un retour des joueurs aux vestiaires. Une nouvelle annonce est alors diffusée dans le stade pour prévenir que tout nouvel incident entraînera l’arrêt définitif de la rencontre.
Enfin, la troisième et dernière étape prévoit l’arrêt définitif du match. «Cette décision doit être prise en consultation avec les autorités concernées et les experts compétents, et uniquement lorsque la sécurité de toutes et tous peut être assurée», détaille la FIFA.
Ce protocole cible principalement les comportements racistes émanant des tribunes, plutôt que ceux survenant entre joueurs. Néanmoins, son déclenchement entraîne la rédaction de rapports, susceptibles de conduire à l’ouverture d’une enquête.
C’est précisément ce qu’il s’est passé dans le cas opposant Rüdiger à Cabral. En effet, l’instance dirigeante du football mondial a annoncé mardi l’ouverture d’une procédure disciplinaire à l’encontre du défenseur argentin, après examen du rapport transmis par les officiels. Une enquête officielle est donc en cours.
(roc)