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Selfie: «Shaqiri a commis une erreur et aurait dû s'excuser»

Le selfie du joueur avec, en médaillon, Ludovic Chenaux.
Le selfie du joueur avec, en médaillon, Ludovic Chenaux.

«Xherdan Shaqiri a commis une erreur et aurait dû s'excuser»

Le footballeur a suscité la polémique en publiant un selfie au volant. Spécialiste des réseaux sociaux, Ludovic Chenaux décrypte le phénomène du bad buzz et la gestion de crise du joueur.
21.06.2022, 18:5322.06.2022, 18:36
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Xherdan Shaqiri a été interpellé la semaine dernière par Road Cross. La fondation, qui s'engage pour la sécurité routière en Suisse, a peu apprécié le selfie pris par l'international suisse (106 sélections) au volant, puis partagé à ses 2,7 millions d'abonnés sur Instagram.

«Shaqiri est une personnalité publique. Il a un rôle de modèle au sein de sa communauté», a estimé la directrice de Road Cross. Le joueur a-t-il fauté? A partir de quand devient-on une personnalité? Et quelles sont les obligations inhérentes à ce statut? Ces questions, nous les avons posées à Ludovic Chenaux. Fondateur de l'agence fribourgeoise «Up to you», il accompagne plusieurs sportifs pros sur les réseaux sociaux.

En postant un selfie au volant, Xherdan Shaqiri a-t-il commis une erreur?
Ludovic Chenaux: Je pense que oui. Et j'aurais dit exactement la même chose s'il avait publié une photo de lui en train de boire une bière ou de fumer une cigarette. Cela aurait été problématique, car il a un devoir d'exemplarité.

Ce devoir d'exemplarité vient-il de son statut de footballeur international, de son nombre d'abonnés sur Instagram (2,7 millions) ou des deux?
Des deux. C'est un sportif professionnel qui joue en équipe de Suisse. Il est un exemple pour beaucoup de jeunes.

«XS» est l'un des joueurs les plus sollicités lors des entraînements de l'équipe nationale.
«XS» est l'un des joueurs les plus sollicités lors des entraînements de l'équipe nationale.

Où commence le devoir d'exemplarité?
Il est attendu dès le moment où une personnalité est une source d'inspiration pour le public. C'est le cas de Shaqiri: des milliers de jeunes gens rêvent d'être comme lui, de jouer dans de grandes équipes et en sélection. Ils rêvent d'être Shaqiri et, en ce sens, auront des comportements d'imitation, que ce soit dans le sport, la préparation, la nutrition, le mode de vie et, en l'occurrence ici, dans la sécurité routière.

«Si Shaqiri ne prend pas la conduite au sérieux, ses fans non plus. Avec son selfie, il banalise un comportement à risque sur la route»

On peut objecter que ses fans savent très bien qu'il est interdit de faire un selfie au volant. On ne peut tout de même pas accuser Shaqiri d'encourager ses suiveurs à commettre un délit.
Certes, mais si un sportif professionnel banalise, par sa publication sur les réseaux sociaux, un comportement dangereux, certains jeunes peuvent tout à fait se dire que faire un selfie de temps en temps au volant, ce n'est finalement pas très grave. C'est en ce sens que Road Cross est intervenu, en disant qu'il ne fallait pas prendre ce type d'attitude sur la route à la légère.

Le sportif s'est-il rendu compte de son erreur?
Sur le moment, je ne le pense pas. On voit bien que ce n'était pas maîtrisé. Il voulait faire un selfie et, manque de chance, il avait des lunettes de soleil, si bien qu'on s'est aperçu qu'il était sur la route.

Le détail qui tue

Image
Image: Instagram

En règle générale, il fait plutôt attention à ses publications. L'image est partie ainsi sur son compte Instagram et il a un peu perdu le contrôle par la suite.

Sans mauvais jeu de mots.
Exactement! (il rit)

Ça paraît incroyable de commettre une erreur pareille quand on est si célèbre et si suivi. Personne ne gère son compte?
Apparemment pas. Mais il peut y avoir une petite équipe qui collabore avec lui et qui «check» ses publications. On travaille de la même manière avec nos athlètes: on les laisse poster eux-mêmes, mais on intervient si le contenu pose problème.

Là, personne n'est intervenu.
C'est vrai et ça m'a surpris. Il n'a pas effacé sa publication, ne s'est pas excusé. Le joueur et son équipe ont visiblement essayé de laisser passer l'orage, alors qu'ils auraient pu faire une petite story en forme de mea culpa, dans laquelle le joueur aurait précisé qu'il est déconseillé de faire des selfies au volant.

C'est le genre d'interventions que vous suggérez lors d'un bad buzz?
Oui. Souvent, en communication de crise, il est préférable de prendre position rapidement.

«Laisser la publication sans rien dire permet à plein de gens de donner leur avis. Comme moi!»

Vous évoquiez un peu plus haut le devoir d'exemplarité de Shaqiri, pointant les problèmes que le joueur pourrait avoir s'il venait à s'afficher avec une bière ou une cigarette. Or, contrairement aux selfies sur la route, boire ou fumer ne sont pas interdits. Ce devoir d'exemplarité, ça n'est pas un peu exagéré? Pourquoi reprocher des habitudes (boire, fumer) légales et répandues?
Parce qu'il s'agit de personnalités publiques qui sont très payées pour faire ce qu'elles font, qu'elles ont des responsabilités et qu'en ce sens, on attend d'elles un comportement irréprochable. Elles doivent avoir une bonne hygiène de vie, bien manger, bien boire et dormir beaucoup.

Sur Instagram, une photo de Shaqiri le montre avec de l'eau et une petite portion de nourriture.
Sur Instagram, une photo de Shaqiri le montre avec de l'eau et une petite portion de nourriture.

Quelles peuvent être les conséquences, pour Xherdan Shaqiri, de la polémique née de son selfie?
Son dégât d'image sera très relatif, mais il n'est pas dit non plus qu'il n'y ait aucune répercussion sur le long terme. Les publications sur les réseaux peuvent vous suivre pendant longtemps. On reproche encore à certains athlètes leur hygiène de vie d'il y a quinze ans, lorsqu'ils sortaient en boîte, alors que la plupart ont aujourd'hui une attitude irréprochable.

Aujourd'hui, c'est FOTE!
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