Il y a eu des émotions jeudi soir au Stade de Genève. Beaucoup d'émotions, même. Et l'équipe de Suisse est passée par toute la palette. Il y a d'abord eu la joie et la fierté d'entrer sur cette pelouse genevoise et de voir des tribunes pleines (26 388 spectateurs). Et puis la consternation à la 79e minute, quand la Finlande a ouvert le score sur penalty. Un but qui qualifiait virtuellement les Nordiques, au détriment des Helvètes.
Finalement, l'équipe nationale et toute l'arène (enfin presque, si l'on excepte le secteur visiteurs) ont exulté sur le but égalisateur et libérateur de Riola Xhemaili dans les arrêts de jeu (92e). Grâce à cette réussite, les Suissesses terminent deuxièmes de leur groupe et joueront un quart de finale historique – le premier dans un Euro – vendredi à Berne. Face à l'Espagne ou l'Italie.
Forcément, avec toute cette adrénaline et cette joie, Smilla Vallotto, milieu de terrain de la Nati, était survoltée en interview d'après-match, au micro de la RTS.
Et elle a eu une réaction aussi inattendue que spontanée quand le journaliste, Christophe Cerf, lui a fait remarquer que cette qualification «n'a pas été facile, il a fallu se battre. Vous avez bien commencé, et derrière, ça a été plus compliqué». La réponse de la numéro 14?
Une punchline ponctuée d'un hurlement et d'un éclat de rire. Et puis, Smilla Vallotto s'est ressaisie: «Enfin, on n'a pas gagné, mais on est en quarts de finale».
Cette interview d'une rare spontanéité tranche complètement avec ce que l'on a l'habitude de voir, notamment dans le football masculin, avec les discours d'athlètes qui deviennent toujours de plus en plus lisses et convenus. Car contrôlés de près par le service de presse des clubs ou fédérations.
Cette fraîcheur et ce moment d'égarement (sympathique) de Smilla Vallotto fera en tout cas plaisir à tous ceux qui trouvent qu'il y a trop de langues de bois parmi les sportifs.
L'attitude de la joueuse de la Nati prouve aussi l'état d'esprit positif et euphorique qui règne actuellement au sein de cette équipe décomplexée.
Poussées par tout un pays et désormais libérées de la peur d'échouer dès la phase de groupes, les protégées de Pia Sundhage rêvent d'un nouvel exploit historique en quarts de finale de «leur» Euro.