En regardant Monaco-PSG mercredi soir, on a tout de suite pensé au match entre Saint-Gall et Bâle dix jours plus tôt, parce qu'une action très similaire a débouché sur une interprétation totalement différente de l'arbitre.
Lors du match disputé en Suisse alémanique (1-1), le Rhénan Bénie Traoré avait été sanctionné pour avoir touché son adversaire à la cheville dans l'élan de son tacle (parfaitement maîtrisé dans un premier temps) sur le ballon.
L'arbitre Lionel Tschudi avait été visionner les images à la vidéo et avait brandi un carton rouge direct, ce qui avait provoqué la colère et l'incompréhension de Xherdan Shaqiri et de son coach Fabio Celestini. «C'est incroyable. Bénie touche clairement le ballon en premier. Il se jette bien. C'est une action tout à fait normale. C'est naturel de toucher l'adversaire», avait réagi le premier. «Quand on a joué au football, on sait que ça ne mérite pas un carton rouge. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mais pour moi, on ne peut pas se freiner», avait asséné le second.
L'arbitre français François Letexier a lui aussi sanctionné une action similaire dans l'intention, mercredi lors du choc au sommet entre Monaco et le PSG (2-4), mais au contraire de son confrère suisse, il n'a pas brandi le moindre carton à Wilfried Singo.
A la 22e minute, le Monégasque a lui aussi joué le ballon dans un premier temps avant d'heurter Gianluigi Donnarumma. M. Letexier n'a rien dit, donnant un corner aux joueurs de la Principauté, avant de se raviser en voyant la joue du gardien parisien et de siffler un coup-franc.
En Suisse, Lionel Tschudi avait été vertement critiqué pour avoir sanctionné Bénie Traoré. Mais chez nos voisins, François Letexier a subi le même sort pour...ne pas avoir expulsé Wilfried Singo. Pourquoi un tel écart dans la perception? Et pourquoi une telle différence dans la décision prise par l'arbitre? La réponse tient dans l'interprétation des règles.
Comme le rappelait L'Equipe dans son édition de jeudi, la loi 12 des lois du jeu distingue trois cas de contact:
A Saint-Gall et Monaco, les deux joueurs ont disputé le ballon avant de blesser leur adversaire mais en Suisse, M. Tschudi a retenu la 3e option, tandis qu'en France, M. Letexier a opté pour la 1re. Il s'agit dans les deux cas d'une lecture de l'action, une interprétation humaine qu'aucun outil électronique ne pourra jamais remplacer et qui n'a pas fini de faire débat, surtout que le désaccord porte autant sur la forme que sur le fond: faut-il juger le geste, ses conséquences ou les deux?