Ferdinand Omanyala était particulièrement attendu sur la piste aux étoiles du Stade de France. Et pour cause, il est le porte-drapeau de la délégation kényane aux Jeux olympiques de Paris 2024. Ce n'est pourtant pas un coureur de fond. Son épreuve de prédilection n'est autre que le 100 mètres, une discipline dans laquelle il a réalisé la deuxième meilleure performance mondiale de la saison, à quelques semaines de l'échéance olympique.
Son 9''79 aux sélections kenyanes a retenti au-delà de la vallée du Grand Rift. Il semblait enfin y avoir un Africain capable de remporter une médaille aux Jeux dans l'épreuve reine de l'athlétisme, après les exploits du Namibien Frank Fredericks à Barcelone et Atlanta. Or Omanyala a échoué dès les demi-finales, huitième de sa série en 10''08. Ce sont le Botswanais Letsile Tebogo et le Sud-Africain Akani Simbine qui ont représenté l'Afrique dimanche soir en finale du 100 mètres.
Ce scénario ressemble en tous points à celui de l'an passé. Ferdinand Omanyala était arrivé aux Mondiaux de Budapest avec la deuxième meilleure marque de l'année, un centième derrière les 9''83 réalisés par le Britannique Zharnel Hughes. S'il s'était hissé en finale, il n'avait pris qu'une timide septième place, après avoir couru en 10''07 loin derrière Noah Lyles.
On pourrait penser que le Kenyan se crispe lors des grands rendez-vous. Ce n'est pas réellement le cas. Ces différences significatives s'expliquent par l'altitude. Ses meilleures performances - y compris son record personnel en 9'77, deux centièmes de mieux que le nouveau champion olympique du 100 mètres - ont toutes été réalisées à Nairobi, soit à 1795 mètres au-dessus du niveau de la mer.
C'est ainsi que de nombreux records du monde ont été améliorés aux Jeux de Mexico en 1968, le stade olympique se trouvant à une altitude proche des 2 300 mètres. C'est aussi pour cela que le meeting de La Chaux-de-Fonds, «petit» par la taille, est apprécié des athlètes et réputé dans le milieu de l'athlétisme.
Si le stade de la Charrière ne pointe qu'à 998 mètres d'altitude, cela suffit à faire des différences. Elles sont certes moins conséquentes qu'à Nairobi ou Mexico, sauf que La Chaux-de-Fonds a un autre atout dans sa manche. Alors que la Fédération internationale d'athlétisme homologue les records sans se soucier de l'altitude, contrairement au vent, plusieurs fédérations nationales demandent à leurs athlètes des minimas effectués à moins de 1000 mètres, afin de faire respecter l'équité lors des sélections.
Dans ce contexte, les temps d'Omanyala, 28 ans, doivent toujours être considérés dans leur ensemble. Il en va de même pour les performances de ses compatriotes, spécialistes du fond et demi-fond, à la seule différence que les chronos qu'ils réalisent au Kenya sont moins solides que ceux signés en compétition en bord de mer. L'altitude nuit en effet à la performance dans ces disciplines faisant intervenir la filière aérobie. Lors d'un 5000 mètres par exemple, l'organisme utilisera l'oxygène pour produire de l'énergie. Or comme chacun le sait, l'oxygène se raréfie avec l'altitude.