Sport
Nati

Nati: Le profil idéal pour remplacer Vladimir Petkovic selon 3 experts

Qui pour remplacer Vladimir Petkovic? Portrait du successeur idéal

Image
image: keystone/shutterstock
Orpheline de son sélectionneur, parti à Bordeaux, la Nati s'en cherche un nouveau. Qui doit bien connaître la Suisse, ses sensibilités culturelles et ses clivages linguistiques, notamment.
01.08.2021, 18:0402.08.2021, 10:31

Arsène Wenger, Joachim Löw, Mauro Lustrinelli, Laurent Blanc, Peter Zeidler et plein d'autres. Depuis le départ de Vladimir Petkovic à Bordeaux, les rumeurs sur le nom de son successeur vont bon train dans la presse et les bistrots helvétiques. En attendant une avancée plus sérieuse sur l'identité de l'élu, Steve von Bergen, Stéphane Grichting et Gilbert Gress esquissent le portrait de l'homme dont l'équipe de Suisse a besoin.

Pression à court terme

«Le challenge est énorme!», prévient Steve von Bergen. L'ancien international et actuel consultant de la Radio télévision suisse (RTS) en veut pour preuve la situation de la Nati: il lui reste six matchs pour obtenir sa qualification directe à la Coupe du monde 2022 au Qatar, en prenant la première place du groupe.

Image

Pour y arriver, elle devra passer devant l'Italie, championne d'Europe... Un adversaire que les Suisses affronteront deux fois. «Il y a aussi des attentes très fortes après le quart de finale du dernier Euro», renchérit Steve von Bergen. «C'est donc une personne courageuse et avec les épaules suffisamment solides qui devra prendre place sur le banc de l'équipe de Suisse.»

Steve von Bergen contre l'Equateur à la Coupe du monde 2014.
Steve von Bergen (à droite) avec le maillot de la Nati face à l'Equateur à la Coupe du monde 2014. Image: keystone

Gérer la pression, une qualité qui s'acquiert surtout grâce à l'expérience. Alors faut-il engager coûte que coûte l'un des plus prestigieux techniciens de la planète, comme Wenger ou Löw par exemple? Pas forcément, selon Steve von Bergen:

«Un jeune entraîneur a l'avantage d'amener une vision moderne du football, avec le contre-pressing par exemple. Il peut aussi apporter ce surplus de motivation, parce qu'il a une grosse faim de titres»
Steve von Bergen, ancien international suisse

Bien connaître la Suisse

Jeune loup ou vieux briscard, le successeur de Petkovic devra faire vite pour s'acclimater à sa nouvelle équipe et en tirer le meilleur: la Nati reprend les qualifs pour le Mondial dès le 5 septembre, avec la réception de l'Italie à Bâle. Et cette adaptation ne se fait pas en un claquement doigt, surtout dans notre pays.

L'ASF établit une «short list»
L'Association Suisse de Football (ASF) a établi une «short list» parmi les candidats à la succession de Vladimir Petkovic. L'instance précise qu'une commission formée du président de l'ASF Dominique Blanc, du directeur des équipes nationales Pierluigi Tami, du président de la Swiss Football League (SFL) Heinrich Schifferle et du directeur du développement football Patrick Bruggmann a défini les critères que doit remplir le nouvel entraîneur national et a dressé une première liste de candidats sur cette base. (ats)

«En plus d'être un bon motivateur, le nouveau sélectionneur devra être imprégné par la culture suisse ou vite le devenir», estime Stéphane Grichting. «Il lui faudra connaître ses spécificités, l’histoire de son immigration et maîtriser si possible deux langues nationales et l'anglais.»

Stéphane Grichting avec la Nati.
Stéphane Grichting a porté le maillot de la Nati de 2004 à 2011. Il compte 45 sélections. Image: keystone

L'ancien défenseur de la Nati et d'Auxerre opte pour un coach capable de s'inscrire sur le long terme, même si sa première mission – la qualif pour le Mondial et la phase finale au Qatar – ne durera que seize mois. «Dans un premier temps, il pourra s'appuyer sur des bases solides et une équipe en confiance. Mais il faudra ensuite assez rapidement renouveler une partie du contingent et prendre un nouveau départ. Parce que la génération des Sommer et Schär arrêtera bientôt. Et plusieurs années sont nécessaires pour faire monter une équipe en puissance.» Il faudra donc s'y atteler le plus rapidement possible.

Avoir du flair

Stéphane Grichting pointe du doigt une autre spécificité helvétique pour un sélectionneur, liée à la faiblesse du championnat national: la difficulté de faire des choix. Le Valaisan s'interroge:

«Le niveau de la Super League est modeste. Alors faut-il, par exemple, sélectionner son meilleur buteur ou privilégier un attaquant moins transcendant, mais qui évolue dans un championnat plus huppé et relevé?»
Stéphane Grichting, ancien défenseur de la Nati

Celui qui prendra le relais de «Petko» devra avoir un nez spécialement fin et une belle confiance en lui. Même si Steve von Bergen relativise: «Il n'y a actuellement que 30 ou 40 joueurs sélectionnables en Suisse. Et si vous prenez Ruben Vargas, son niveau actuel à Augsbourg en Allemagne est incomparable avec celui qu'il avait à Lucerne».

Un habile communicateur

Les deux anciens défenseurs internationaux sont d'accord sur un point: le nouvel homme fort de la Nati devra être un très bon communicateur. «Le football aujourd'hui, c'est énormément de communication», observe Steve von Bergen, désormais entraîneur des jeunes défenseurs de Young Boys. «Le coach doit ressentir ses joueurs et son discours doit être rapidement assimilé.»

Gilbert Gress, sélectionneur de la Suisse durant un an et demi entre mars 1998 et octobre 1999, confirme: «La relation entre un entraîneur et ses joueurs est ce qui a le plus changé dans le football ces 30 dernières années».

L'entraineur Gilbert Gress, lors du premier entrainement de l'Equipe en vue du match contre l'Italie du 9 juin prochain, ce 4 juin 1999 a Montreux VD. (KEYSTONE/Fabrice Coffrini)
Gilbert Gress lors d'un entraînement de l'équipe de Suisse en juin 1999. Image: KEYSTONE

Et dans le vestiaire suisse, cette communication sera facilitée si le nouveau venu maîtrise la langue de Goethe. «Si on ne parle pas l'allemand, qui prédomine dans le vestiaire, c’est compliqué», prévient Steve von Bergen. Mais pas de quoi exclure d'emblée un candidat romand, selon le Neuchâtelois.

Il incombera aussi à l'heureux élu d'être à l'aise derrière un micro. «Un sélectionneur représente un pays, il en est un ambassadeur», rappelle le consultant de la RTS. «Il y a des attentes du public sur le successeur de Petkovic à ce niveau-là, avec le souhait de voir une personnalité plus ouverte vers l'extérieur et les médias.»

FILE -- Swiss head coach Vladimir Petkovic arrives for a press conference of the Switzerland soccer national team, in Lausanne, Switzerland, Tuesday, March 21, 2017. Petkovic leaves the Switzerand&#03 ...
Vladimir Petkovic n'est pas l'entraîneur le plus extraverti face aux médias. Image: KEYSTONE

Le technicien, désormais parti aux Girondins de Bordeaux, était régulièrement critiqué pour son prétendu manque de charisme. Il l'avait aussi été après la lourde défaite de la Nati contre l'Italie à l'Euro, pour ne pas s'être présenté en conférence de presse – les remplaçants Steven Zuber et Ruben Vargas avaient été envoyés au turbin à sa place.

«Un sélectionneur doit assumer», tranche Stéphane Grichting. «Il doit être capable de venir s'exprimer après une défaite sèche ou une polémique comme celle des Aigles au Mondial 2018.»

Un esprit flexible

Gilbert Gress n'était, lui, pas du genre à se défiler. L'ancien entraîneur mythique de Neuchâtel Xamax restera l'un des plus charismatiques techniciens du pays.

Xamax-Trainer Gilbert Gress, aufgenommen im Mai 1987. (KEYSTONE/Str)
Look de rockstar pour Gilbert Gress sur le banc de Xamax en mai 1987.Image: KEYSTONE

Pourtant, ce n'est pas la personnalité du coach qu'il met d'abord en avant lorsqu'il évoque le profil idéal du successeur de Petkovic, «qui aura suffisamment de bons joueurs pour obtenir de bons résultats».

Sa préoccupation reste l'animation du jeu. «Tout devient trop technique dans le football, peste l'Alsacien. L’autre jour, j’ai entendu parler d’un schéma en 3-2-1-2-2. C’est complètement débile, il faut arrêter! Le football se joue avant tout en mouvement. La base, c’est la technique et le physique. Un entraîneur, surtout un sélectionneur, doit rester flexible et accepter la part de spontanéité et de hasard dans ce sport.»

Il incombe maintenant à l'Association suisse de football (ASF) de trouver le candidat qui pourra remplir toutes ces caractéristiques. Tout en étant disponible, motivé et pas trop cher. Bon courage.

Plus d'articles sur le sport
Le geste de ce pongiste ravive un grand débat moral
1
Le geste de ce pongiste ravive un grand débat moral
de Yoann Graber
La Ligue des champions aura son show à l'américaine
La Ligue des champions aura son show à l'américaine
de Julien Caloz
Wawrinka va jouer un match spécial
Wawrinka va jouer un match spécial
de Yoann Graber
Le nouveau coach de la Nati a un palmarès à faire tourner la tête
Le nouveau coach de la Nati a un palmarès à faire tourner la tête
de Raphael Gutzwiller
Pia Sundhage ne méritait pas cette fin
3
Pia Sundhage ne méritait pas cette fin
de Raphael Gutzwiller
«Un risque réel» plane sur les marathoniens
1
«Un risque réel» plane sur les marathoniens
Une nouvelle règle veut changer le rythme des matchs de foot
Une nouvelle règle veut changer le rythme des matchs de foot
de Yoann Graber
Shaqiri peut construire sa maison de luxe, mais à une condition
2
Shaqiri peut construire sa maison de luxe, mais à une condition
de Dennis Kalt
Ce geste de Shaqiri fait polémique
Ce geste de Shaqiri fait polémique
Il s'est passé un truc dingue au marathon de New York
Il s'est passé un truc dingue au marathon de New York
de Julien Caloz
Ce Suisse boudé par Murat Yakin cartonne en Bundesliga
Ce Suisse boudé par Murat Yakin cartonne en Bundesliga
de Stefan Wyss
Très bonne nouvelle pour le cyclisme suisse
Très bonne nouvelle pour le cyclisme suisse
de Romuald Cachod
«On tient tête aux meilleurs»: immense exploit des Suisses
«On tient tête aux meilleurs»: immense exploit des Suisses
de Stephan Santschi
Ce dirigeant visionnaire a changé le hockey suisse
Ce dirigeant visionnaire a changé le hockey suisse
de Klaus Zaugg
Cette offre improbable que Marco Odermatt a rejetée
Cette offre improbable que Marco Odermatt a rejetée
de François Schmid-Bechtel
Le monde du ski est secoué par des perquisitions
Le monde du ski est secoué par des perquisitions
de Romuald Cachod
Xhaka et Sunderland ont un soutien massif dans un pays improbable
Xhaka et Sunderland ont un soutien massif dans un pays improbable
de Yoann Graber
Il écrit une nouvelle page de l'histoire du sport suisse
Il écrit une nouvelle page de l'histoire du sport suisse
de René Barmettler
Une ex-star du foot crée un scandale à la boutique du Real Madrid
1
Une ex-star du foot crée un scandale à la boutique du Real Madrid
de Yoann Graber
Et si Thoune allait au bout?
Et si Thoune allait au bout?
de Niklas Helbling
Le foot suisse lui donne ce que la France lui interdisait
4
Le foot suisse lui donne ce que la France lui interdisait
de Robin Walz
L'accident de Dettwiler pose une question dérangeante
L'accident de Dettwiler pose une question dérangeante
de Klaus Zaugg
Sinner a réussi un exploit insolite dans l'histoire du tennis
Sinner a réussi un exploit insolite dans l'histoire du tennis
de Yoann Graber
Personne ne fait mieux que Granit Xhaka sur ce point
Personne ne fait mieux que Granit Xhaka sur ce point
de Romuald Cachod
Fribourg-Gottéron a trois ans pour devenir champion
Fribourg-Gottéron a trois ans pour devenir champion
de Klaus Zaugg
La relève suisse en géant inquiète
1
La relève suisse en géant inquiète
de Sven Papaux
Ce stade en Arabie saoudite est dingue, mais il y a un problème
1
Ce stade en Arabie saoudite est dingue, mais il y a un problème
de Yoann Graber
Le ski-alpinisme suisse devra faire un choix «difficile»
Le ski-alpinisme suisse devra faire un choix «difficile»
de Julien Caloz
Vinicius n’aurait jamais dû faire ça à un coéquipier
Vinicius n’aurait jamais dû faire ça à un coéquipier
de Julien Caloz
Noah Dettwiler – une victime du système?
1
Noah Dettwiler – une victime du système?
de Klaus Zaugg
Lionel Messi a un nouveau business en Valais
Lionel Messi a un nouveau business en Valais
de Yoann Graber
Les Jeux olympiques de Tokyo, en images
1 / 28
Les Jeux olympiques de Tokyo, en images
Les feux d'artifice au-dessus du stade olympique, lors de la cérémonie d'ouverture le 23 juillet.
source: keystone / keystone
partager sur Facebookpartager sur X
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
«Un risque réel» plane sur les marathoniens
Une étude révèle que les changements de température risquent de ruiner les performances des coureurs. Le président de World Athletics est en alerte.
Peu de coureurs le savent, mais les températures idéales pour performer sur marathon oscillent entre 3 et 9 degrés pour les hommes, et 8 et 12 chez les femmes (cet écart s'explique par des facteurs physiologiques, morphologiques et thermiques). Ces températures permettent de minimiser le stress thermique et de maximiser la performance aérobie. Le problème, pour les athlètes, c'est qu'ils peuvent de moins en moins courir dans ces conditions.
L’article