Les rugbymen ont l'habitude de mouiller le maillot. Mais ce week-end à Lausanne, il sera trempé non pas de transpiration mais d'eau du lac Léman. En tout cas pour les meilleurs d'entre eux.
Car oui, pour marquer un essai, il faudra plonger dans l'eau. C'est le concept du water rugby (également contracté en «waterugby»), qui sera joué pour la première fois en Suisse. L'initiative est celle du Lausanne université club (LUC) Rugby, dans le cadre des festivités de son 50e anniversaire, qui auront lieu de vendredi à dimanche à côté de la Jetée de la compagnie à Ouchy (toutes les infos ici). «On souhaitait marquer le coup avec un événement original», se réjouit Mathieu Falbriard, président du comité d'organisation.
L'idée du water rugby lui est venue quand il a découvert la toute jeune discipline sur internet, née en 2019 et pratiquée jusqu'à présent uniquement à Toulouse.
«Ça risque de bouger un peu plus sur le lac que sur la Garonne», anticipe le Lausannois. Mais les 21 équipes (16 masculines et 5 féminines) qui participeront au tournoi d'exhibition peuvent être rassurées: le terrain flottant est solide. «Il mesure 25 mètres sur 35, pour des matchs de 5 contre 5», détaille Mathieu Falbriard. «On assemble des plots de plastique de 70x70 centimètres, qu'on recouvre avec un tapis synthétique.»
Aux pieds, les joueurs n'auront pas de crampons, contrairement au rugby traditionnel, et encore moins des palmes. Simplement des baskets. Et il n'y aura pas non plus de placages, il suffira de toucher le porteur du ballon pour stopper l'action.
Mais en fait, faut-il absolument savoir nager pour pratiquer le water rugby? «Oui, on préconise fortement», se marre Mathieu Falbriard. Et si ce n'est pas le cas, pourrait-on imaginer, dans l'absolu, un rugbyman portant des manchons? L'organisateur est sceptique, mais en tout cas pas dénué d'humour:
Des sauveteurs sur leur paddle seront de toute façon prêts à intervenir au moindre souci.
En plus de quelques bases en natation, les protagonistes devront aussi avoir un certain courage et, si possible, la peau du ventre pas trop sensible. Parce que plonger depuis la plateforme en imitant les essais du vrai rugby sur gazon risque d'occasionner quelques plateaux. Outch! «Les joueurs auront des t-shirts, donc ça devrait amortir», sourit Mathieu Falbriard.
Cela dit, aucun point supplémentaire ne sera attribué pour l'esthétisme des essais. «C'est une bonne idée, on devrait y songer pour la prochaine fois!», rigole l'organisateur. Mais on ne peut pas leur reprocher, à lui et son équipe, de ne pas avoir songé aux détails. Et notamment en ce qui concerne les ballons.
Mathieu Falbriard précise qu'un kayakiste sera spécialement mandaté pour aller récupérer les ballons qui prendraient le large, comme par exemple lors des transformations au pied d'essai.
Pas sûr que les recettes des nombreuses boissons et assiettes que le LUC Rugby espère vendre ce week-end suffiront à payer un ramasseur de balles à l'année sur le Léman. Mais ce n'est pas si grave: après ce week-end, les rugbymen n'auront plus aucune réticence à se mouiller, au sens propre.