GC veut abolir une habitude controversée du foot suisse
Si vous fréquentez les stades de Super League suisse, vous aurez remarqué que, très souvent, le nombre de spectateurs annoncé est supérieur au nombre réel dans l'enceinte. Et parfois, l'écart est très grand. On a eu souri en entendant le speaker annoncer «guichets fermés» alors qu'il restait de nombreux sièges vides.
Cette différence est notamment visible à Zurich, chez les deux clubs de la ville évoluant en Super League – le FC Zurich et GC –, qui se partagent le stade du Letzigrund. Nos confrères du Tages-Anzeiger ont pu accéder à une base de données de l'Office des sports de la ville de Zurich qui compare les nombres de spectateurs annoncés et réels, sur plusieurs années.
Résultat? Depuis le début de cette saison, le FCZ a ajouté de cette manière, en moyenne pour chaque match, 42% de spectateurs par rapport au nombre effectif dans le Letzigrund (13 032 spectateurs annoncés contre 9 194 en vrai).
L'écart était de 32% sur l'ensemble de l'exercice 2024/25. L'exemple le plus frappant a eu lieu en 2012, lors d'un match contre Servette: 9 705 spectateurs annoncés, alors que 4 506 ont réellement passé les tourniquets. Soit moins de la moitié.
Grasshopper a lui aussi procédé à ces gonflements artificiels: un écart de 30% en moyenne lors de la saison 2021/22, par exemple. Interrogé par le Tages-Anzeiger sur cette pratique, GC affirme l'avoir d'ores et déjà abandonnée:
Les Sauterelles promettent que, désormais, l'écart entre le nombre annoncé de spectateurs et le nombre réel ne dépassera jamais les 20%. Elles en profitent aussi pour tacler le grand rival, les deux pieds décollés:
Pour le moment, GC tient sa promesse: cette saison, son écart est de 16%.
Prestige et argument utile
En fait, même si le FC Zurich est pareillement fustigé par son ennemi héréditaire, il ne fait rien d'illégal: contactée par le Tages-Anzeiger, la Swiss Football League explique que cette pratique est acceptée, et pratiquée dans le monde entier. Et ce même si elle irrite certains suiveurs –qui ont l'impression que les clubs leur mentent en annonçant des chiffres fantaisistes – ou provoque des sourires narquois.
Cet écart s'explique par le fait que, dans le nombre de spectateurs annoncé, les clubs comptabilisent tous les abonnements et billets vendus ou offerts, même si leurs détenteurs ne sont pas venus au match.
Ces gonflements n'ont pas pour but de séduire les sponsors puisque, comme l'explique dans le Tages-Anzeiger le partenaire principal de GC – Elca (qui figure en grand sur le maillot) – le montant versé au club ne dépend pas de la taille du public.
Il ne serait donc question que de prestige: montrer qu'on est soutenu par beaucoup de fans. Enfin presque. Le média zurichois précise que des associations de supporters de Grasshopper et du FC Zurich ont demandé – et obtenu – une augmentation de l'aide financière à la ville en arguant une hausse du public. En présentant, évidemment, les nombres annoncés de spectateurs.
Ce n'est en tout cas pas la Swiss Football League qui se plaindra de ces gonflements: dans ses communiqués pour vanter l'engouement autour du championnat, elle reprend aussi les nombres de spectateurs annoncés, bien supérieurs aux affluences effectives.
De son côté, GC a déjà une idée concrète pour que ses chiffres se rapprochent le plus possible de la réalité: ne plus offrir à ses employés et aux juniors deux abonnements (qui étaient systématiquement comptabilisés, même sans la présence physique au stade de leurs détenteurs) et leur transmettre, à la place, des billets à prix réduit. De quoi aussi, accessoirement, éviter de jeter de l'argent par les fenêtres.