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Fléchettes: les cracks vivent difficilement de ce sport

Stefan Bellmont (à gauche) et Niko Springer étaient en lice ce week-end à Bâle.
Stefan Bellmont (à gauche) et Niko Springer étaient en lice ce week-end à Bâle.Image: keystone

Pourquoi devenir pro en fléchettes est «incroyablement difficile»

L'élite mondiale s'affronte au tournoi de Bâle ce week-end. Un milieu où il est de plus en plus dur de se faire une place et de gagner sa vie.
27.09.2025, 07:0327.09.2025, 07:03
Niklas Helbling
Niklas Helbling

Ce week-end, l’univers haut en couleur des fléchettes pose ses valises en Suisse. De vendredi à dimanche soir, les meilleurs lanceurs de la planète s’affrontent dans la Halle Saint-Jacques de Bâle.

Parmi eux, Niko Springer, le jeune prodige allemand qui vient de signer à Budapest sa toute première victoire en tournoi PDC (la catégorie reine, à laquelle appartient aussi le tournoi bâlois). Sur sa route, il a même battu plusieurs joueurs du top 10, dont le numéro 1 mondial Luke Humphries.

Le joueur de Mayence, 25 ans, peine encore à réaliser son exploit: «J’ai reçu tellement de messages que j’ai été un peu dépassé. Le succès est arrivé de façon tellement inattendue», confie-t-il à watson.

LONDON, ENGLAND - DECEMBER 19: Niko Springer of Germany competes against Scott Williams of England in their first round match during day five of the 2024/25 Paddy Power World Darts Championship at Ale ...
Niko Springer est actuellement 66e joueur mondial. image: getty

Depuis cette année, Springer détient la précieuse Tour Card, gagnée via la Development Tour (compétition réservée aux 16-24 ans). Elle lui garantit au moins deux ans de participation aux tournois du PDC Pro Tour. De quoi quitter son poste de contrôleur des coûts dans un tribunal du Land de Hesse pour se consacrer pleinement à sa carrière dans les fléchettes.

Un choix difficile: «J’avais un bon job, très sûr, dans lequel je me sentais bien. La sécurité compte beaucoup pour moi, or dans le sport tout est plus risqué», explique-t-il.

«Si les résultats ne suivent pas et que le prize money ne tombe pas, ça devient compliqué. C’est pour ça que j’ai longtemps repoussé la décision»
Niko Springer, fléchétiste pro

Il a finalement sauté le pas, rassuré par la promesse de son employeur de pouvoir revenir à son poste à tout moment. Un privilège rare, même dans un sport en plein boom. Niko Springer, qui a toujours avancé pas à pas – du niveau régional au national, puis à l’international – le reconnaît:

«C’est extrêmement difficile de s’imposer durablement en PDC. Le niveau grimpe sans cesse, il suffit de regarder les jeunes comme Luke Littler (18 ans), Josh Rock (24) ou Gian van Veen (23). Ils sont affamés de succès, mordants et concentrés. Dans l’avenir, ça va encore s’intensifier.»
Costumes, pancartes et bonne humeur: la Halle Saint-Jacques de Bâle fait la fête ce week-end, pendant le tournoi de fléchettes.
Costumes, pancartes et bonne humeur: la Halle Saint-Jacques de Bâle fait la fête ce week-end, pendant le tournoi de fléchettes.image: keystone

Un chemin que rêve d’emprunter aussi Stefan Bellmont. Le Zougois de 36 ans a encore raté sa chance de décrocher une Tour Card en janvier lors de la Q-School. Mais il est toujours en lice: actuellement 2e du classement des gains sur le Challenge Tour – autre voie d’accès au PDC Pro Tour –, il doit conserver ce rang lors des quatre derniers tournois fin octobre pour décrocher la carte. Pour une qualification au Championnat du monde, la 4e place suffirait.

Souvenir puissant et prudence financière

Bellmont sait de quoi il parle: l'année passée, il est devenu le tout premier Suisse à disputer le Mondial au mythique Alexandra Palace de Londres. Malgré son élimination dès le premier tour face à Jermaine Wattimena, l’expérience reste gravée:

«Quand je suis redescendu de la scène vers mes proches, je me suis dit: "Je veux y retourner"»

Tour Card ou Mondial? Le choix est difficile. «Pour la suite de ma carrière, je préférerais la carte. Mais je ne peux pas répondre avec certitude», admet Bellmont. De toute façon, l’un impliquerait l’autre: décrocher la Tour Card signifierait aussi une place assurée à l'Alexandra Palace, également connu sous le nom d'«Ally Pally».

Stefan Bellmont celebrates during his first round match against Jermaine Wattimena during day one of the Paddy Power World Darts Championship at Alexandra Palace, London. Picture date: Sunday December ...
Stefan Bellmont, meilleur Suisse, occupe la 121e place du classement mondial. image: getty

Stefan Bellmont en est convaincu: «J’ai montré que je peux y arriver.» Mais comme Springer, il sait que s’installer dans l’élite est «incroyablement difficile». La densité a explosé: «Il faut jouer à une moyenne de 90 points juste pour espérer décrocher la carte.» La chance joue aussi un rôle, notamment lors des tirages au sort où chaque tour compte. Mais le Zougois relativise: «Ça s’équilibre toujours.»

Pour l’instant, le rêve du plein professionnalisme reste lointain. Gérant de son propre bar à fléchettes à Cham (ZG), l'actuel 121e au classement de la PDC peut combiner ses deux activités. Mais il met en garde:

«Même avec la Tour Card, rien ne garantit que l’argent suivra. C’est une ligne très fine: on peut vite la perdre»
Stefan Bellmont

Niko Springer, lui, a déjà franchi le cap. «C’est beaucoup moins stressant: je n’ai plus deux heures de trajet chaque jour, ce qui me laisse plus de temps pour m’entraîner», raconte-t-il. Pas encore de routine fixe à cause des nombreux tournois, mais un objectif clair:

«Utiliser les matinées pour travailler davantage, physiquement et devant la cible»

Côté finances, l'Allemand reste prudent:

«J’économise une bonne partie de ce que je gagne. Ça me donne un filet de sécurité si ça se passe mal ou en cas de blessure.»

Avec déjà près de 140 000 francs de gains cumulés, il s’est constitué une réserve. Un coup de pouce supplémentaire viendra de sa deuxième qualification pour le Championnat du monde: avec l’élargissement à 128 participants, l’indemnité de base grimpe à plus de 16 000 francs.

Un lieu sacré: l'Alexandra Palace de Londres est pour les fléchettes ce que Wimbledon est au tennis.
Un lieu sacré: l'Alexandra Palace de Londres est pour les fléchettes ce que Wimbledon est au tennis.image: keystone

Stefan Bellmont, lui, n’a encore rien assuré. Avant le sprint final fin octobre pour la Tour Card et le Mondial (11 décembre au 3 janvier), il voulait surtout briller à Bâle: «L’attente est énorme. Ce n’est pas rien d’avoir un si grand tournoi en Suisse», se réjouit-il. Pour lui, c’est aussi la preuve du boom des fléchettes dans le pays.

«C’est beau de voir la scène se développer. Le niveau a beaucoup progressé. De plus en plus de Suisses tentent leur chance à la Q-School et dans les compétitions internationales. Mais ce n’est pas encore comparable au niveau mondial.»

L’an dernier, le Zougois avait échoué en qualifications à Bâle et suivi le tournoi en simple spectateur: «Ça m’a travaillé, mais j’ai aussi pris beaucoup de plaisir à soutenir les Suisses et à profiter de l’ambiance.»

Les fléchettes, ça peut être dangereux👇

Cette fois, Bellmont s’est qualifié sans trembler. Mais vendredi soir en 32e de finale, il s'est à nouveau incliné contre son bourreau au Mondial, le Néerlandais Jermaine Wattimena. Juste avant lui, Niko Springer a lui aussi perdu contre un représentant des Pays-Bas, Richard Veenstra.

Adaptation en français: Yoann Graber

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source: boston globe / boston globe
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