L'Odi-mania est tellement omniprésente parmi le public et les suiveurs du Cirque blanc qu'on l'oublie parfois. Pourtant, Loïc Meillard a fait plus de podiums que Marco Odermatt au mois de mars. Grâce à un sprint final brillant, le skieur de 27 ans a décroché quatre podiums contre deux pour le Nidwaldien et s'est aussi assuré la 2e place du classement général de la Coupe du monde.
Mais pourquoi le succès du noble technicien est-il arrivé si tard? Quand on lui pose la question, Meillard rit de bon coeur:
D'ailleurs, il semble très détendu et joyeux ces jours-ci à Saalbach. Une décontraction qui lui a fait défaut durant la première moitié de la saison après un début d'exercice très difficile. Lors du géant d'ouverture à Sölden, il a perdu un ski en route. Puis lors du premier slalom de la saison, il a malencontreusement enfourché alors qu'il se dirigeait vers un résultat de premier plan. Lors de la première course sur sol suisse à Adelboden, enfin, il a encore perdu un ski, un évènement rare dans le carrière d'un athlète de Coupe du monde et qui, pourtant, est arrivé deux fois en peu de temps à Loïc Meillard.
Le Valaisan d'origine neuchâteloise admet que ces événements l'ont déstabilisé. «C'était difficile, concède-t-il. Je n'avais rien fait de faux et, au final, ces détails m'ont fait très mal.» Parfois critiqué pour son manque de prise de risque, Meillard n'a pour une fois pas eu peur de prendre des risques. Malgré la déception née de ses échecs, il a continué à développer le prototype de ses nouvelles fixations de ski. «Nous avons peu à peu découvert des points que je pouvais améliorer et nous avons progressé par petites étapes», explique-t-il. Il n'a jamais perdu confiance en ces fixations. «Par contre, j'ai perdu confiance en mes capacités de skieur.»
Durant la première phase de la saison, il s'est senti comme quelqu'un qui voulait absolument monter à l'étage supérieur, mais qui se cognait sans cesse la tête contre le plafond et ne parvenait tout simplement jamais à le percer. «Je n'ai jamais vraiment été récompensé de mes efforts», avoue-t-il.
Mais grâce aux «bonnes personnes» autour de lui, il a appris à accepter les événements et à les gérer de manière positive. Meillard a d'ailleurs renoncé à faire appel à un coach mental, les discussions ouvertes avec ses proches lui suffisant à cet égard. La récompense est tout de même arrivée. Ce skieur très talentueux et polyvalent a décroché son premier podium fin janvier en terminant troisième du super-G de Garmisch.
Plus récemment, il a remporté le slalom en Amérique du Nord et s'est classé deux fois deuxième derrière Marco Odermatt lors des deux slaloms géants. A Saalbach, il a profité de l'absence du dominateur de la saison pour remporter sa deuxième victoire de l'hiver. Il en est ainsi à «seulement» (compte tenu de ses capacités) trois succès en Coupe du monde dans sa carrière.
Loïc Meillard dit qu'il ne skie pas mieux maintenant qu'il y a cinq mois. «Mais j'ai repris confiance, je skie de manière plus agressive et avec moins de marge dans les virages.» Ce ne sont pas tant les résultats actuels qui le rendent fier, mais le fait «d'avoir fait mon travail et d'avoir ainsi pu inverser la tendance. Car ce n'est que lorsque le travail est fait que tu gagnes des courses».
A Saalbach, le skieur de 27 ans disputera dimanche - si la course a bien lieu - une descente de Coupe du monde pour la troisième fois seulement de sa carrière. Meillard dit que lorsqu'il aura atteint ses objectifs en slalom, il aimerait régulièrement prendre le départ des descentes. «J'adore en faire. Et en Super G, je sais déjà que je peux monter sur le podium à tout moment.» C'est ce qu'il veut encore prouver ce vendredi (11h30) à Saalbach.