Alpagué à la descente du bus après un long voyage depuis Madonna di Campiglio jusqu'à Adelboden, Luca Aerni nous répond la voix détendue, malgré sa sortie de piste mercredi à l'occasion du slalom nocturne transalpin.
«C'est dommage, mais enfourcher en slalom fait partie du jeu. Mais je suis content de l'engagement, j'ai retrouvé de bonnes sensations depuis plusieurs jours en slalom, que j'arrive à mettre en application en course», informe le membre du ski-club les Barzettes.
Selon lui, il lui faut un peu de temps pour tomber sur ses pattes et pouvoir enclencher la machine, même s'il a été étincelant lors du géant de Val d'Isère. «Mes meilleures saisons, j'étais rapide dès les premières épreuves. C'est vrai que les dernières années, j'ai eu un peu de peine à prendre le rythme en début de saison», renseigne Aerni.
Le champion du monde de super-combiné de 2017 confirme avoir eu un premier déclic à Alta Badia, lors de la deuxième manche du slalom: «J'ai trouvé de petits réglages qui m'ont permis de skier plus naturellement».
Le début de l'exercice 2024/2025 n'était pas simple en slalom:
A contrario, en géant, sa deuxième discipline sur le papier, il carbure et aligne d'excellentes courses depuis sa splendide deuxième manche à Val d'Isère.
Il précise: «En géant, j'ai eu les mêmes problèmes sur la glace. Mais lors des deux courses (réd: Val d'Isère et Alta Badia), les conditions étaient plus agressives. Je m'en sors mieux sur ce genre de revêtement».
Cette saison, les conditions ont souvent fait réagir et provoqué l'ire d'Henrik Kristoffersen à Gurgl et à Alta Badia; Linus Strasser s'était emporté lui aussi à Gurgl. Luca Aerni, lui, préfère tempérer: «Il ne faut pas se plaindre. D'accord, lors du géant d'Alta Badia, c'était un peu dangereux. Mais en slalom, c'était très correct. A Gurgl, c'était parfaitement préparé et fair-play du premier au dernier dossard».
L'année est-elle compliquée, concernant les réglages? «Ça dépend de qui on parle. Si nous prenons l'exemple de Loïc Meillard, il n'a pas de problème. Mais lorsque l'engagement est juste, on sort de bonnes manches. Je dirais qu'il faut toujours se battre pour faire ces bonnes manches et ce n'est pas toujours un ski très naturel», analyse le Valaisan.
A Madonna, malgré le fait qu'il a enfourché, le ski était plus naturel, selon lui. «J'étais bien sur mes pieds, je pouvais faire ce que je voulais et j'avais le timing entre les portes. Mais sur les skis, je n'avais pas l'impression d'être à la limite, pas comme Alta Badia où j'avais l'impression de me battre de haut en bas».
Le technicien de 31 ans va aborder le week-end bernois avec des certitudes, en slalom et en géant.
Très en jambes dans sa deuxième discipline, le géant, qui se solde par un bond dans la hiérarchie des dossards, va-t-il basculer un peu plus sur sa deuxième discipline, comme l'avait fait le Norvégien Truls Ove Karlsen (excellent en slalom, avant d'abandonner la discipline pour le géant)?
Tant que les sensations sont là, pourquoi s'en priver? Il nous confirme avoir «de très bonnes sensations dans les deux disciplines, depuis cette semaine». D'autant plus que son dos le laisse tranquille depuis deux ans - «j'ai appris à bien gérer mes séances d'entraînement».
A la recherche de la bonne balance entre le physique et le ski, Luca Aerni avoue avoir trouvé un bon équilibre avec son préparateur physique.
Puis, il nous confie avoir essayé quelque chose de nouveau: «J'ai commencé le karaté, pour l'aspect mental. Ça m'a apporté beaucoup. Le but étant de favoriser mes débuts de manche. Je finissais très bien mes parcours, mais je peinais à me mettre directement dedans.»
Le changement n'est pas grand, mais il lui permet de réaliser ses mouvements plus consciemment. Une nouvelle gymnastique mentale qui devrait lui permettre de faire valoir son ski tout en souplesse, capable de claquer des angles dans chaque virage.