Un matériel révolutionnaire agite le monde du ski
Eirik Mysen est un excellent fondeur. Pour preuve, il s’est classé troisième du 10 kilomètres classique lors des derniers Championnats de Norvège.
Cependant, confronté à une concurrence féroce en Norvège, Mysen n’a jamais réellement intégré le groupe Coupe du monde. A 32 ans, il ne totalise que quatre courses au plus haut niveau et a construit sa carrière sur le circuit continental secondaire.
Alors, dans le but de franchir un cap et d'être sélectionné pour les Jeux olympiques, le fondeur s'efforce de tout optimiser, y compris son matériel.
C’est ainsi qu’il s’est présenté aux courses de pré-saison de Beitostolen avec des bâtons atypiques, dotés d’une poignée mobile. Habituellement fixe, de sorte que le bâton entier reste aligné avec la paume de la main, elle s’étend ici lorsque le fondeur termine son mouvement, ce qui allonge le bâton et prolonge la poussée.
La société suédoise Modd Sports, très peu visible sur le circuit de la Coupe du monde, est à l’origine de cette innovation et n’en est visiblement pas à son coup d’essai.
Sur son site internet, Modd vante des bâtons sur mesure, dont la flexibilité est adaptée à la force et au style des athlètes. «A l’instar des perchistes ou des hockeyeurs, qui choisissent la rigidité de leur équipement, les fondeurs bénéficient désormais du même avantage.»
Ces modèles comportent une poignée amovible déjà aperçue en Coupe du monde, un grip qui ne ressemble toutefois pas à celui utilisé par Eirik Mysen. Ses bâtons fonctionnent en effet avec un nouveau mécanisme élastique, développé en secret après que son coach, Vetle Leander Johansen, se soit rapproché de la société.
Le fondeur norvégien est désormais persuadé que son nouveau matériel lui confère un avantage significatif. «Cela me fait aller plus vite: j’en suis maintenant absolument certain. C’est comme si mes bâtons étaient plus longs. Je deviens tout simplement plus efficace», a-t-il savouré dans les colonnes de la NRK. Mysen estime qu’il gagne quinze secondes sur 10 kilomètres, ce qui porte à plus d'une minute la différence sur 50 kilomètres. Un gain loin d’être négligeable, surtout quand on sait que les six premiers du 50 classique des Mondiaux 2023 étaient séparés par moins de dix secondes.
Ce sentiment de vitesse corrobore les études menées par l'entreprise Modd Sports sur sa poignée mobile actuellement commercialisée, c’est-à-dire celle sans mécanisme élastique. «Des tests en laboratoire à l’Université de Dalarna montrent que le système améliore significativement la performance, en réduisant le taux de lactate jusqu’à 0,7 millimole», peut-on lire sur son site internet. Modd ajoute:
Un certain flou entoure néanmoins les poignées mobiles. Si Mysen assure qu’elles sont autorisées, ses bâtons mesurant au repos moins de 83% de sa taille, conformément au règlement du style classique, certains s’interrogent à juste titre, comme le soulignent plusieurs médias tchèques. Une annonce de la Fédération internationale de ski (FIS) est attendue pour clarifier la situation.
En attendant, nul doute que les résultats d’Eirik Mysen seront scrutés de près. A Beitostolen, il s’est classé 12e du 10 kilomètres classique, devancé par une ribambelle de compatriotes, dont Johannes Klaebo. Un résultat insuffisant pour lui ouvrir les portes de la première étape de Coupe du monde de la saison, ce week-end à Ruka.
