Le nom du vainqueur et la météo. Voilà deux incertitudes récurrentes chez les organisateurs de tournois de tennis en extérieur. Heureusement, ceux du Masters 1000 de Shanghai avaient anticipé les problèmes liés à la seconde. Mais leurs solutions ont donné lieu à des scènes lunaires.
La pluie incessante sur la ville chinoise depuis quelques jours a contraint le report ou l'interruption de nombreux matchs. Celui, par exemple, entre Taylor Fritz et Terence Atmane, débuté samedi, n'a pu se terminer que lundi sur le central. Le seul court officiel doté d'un toit rétractable, d'ailleurs.
Lundi, justement, face à une météo toujours aussi mauvaise et obligés de rattraper les retards dans la programmation, les organisateurs ont dû prendre une mesure drastique:
Une solution d'urgence qu'ils avaient dû utiliser pour la dernière fois en 2011.
Et c'est peu dire que les meilleurs joueurs du monde et les fans de tennis ne sont pas habitués à pareil décor pour un événement si important (seuls les quatre tournois du Grand Chelem sont plus prestigieux que les Masters 1000).
Ces deux terrains parallèles sont cougnés dans une sorte de salle de gym, avec une tribune provisoire d'environ 30 places entre-deux. Aucune bâche ni affiche publicitaire n'entoure la surface de jeu, donnant aux matchs des allures de rencontres du dimanche entre amateurs.
Sans parler du panneau d'affichage pour le moins vintage, avec les noms des joueurs et les scores – mis à jour manuellement – inscrits sur des cartons.
Même le toit a créé quelques frayeurs aux occupants de la salle, après un coup de sang de Karen Khachanov lors de sa défaite face à Marcos Giron. Fâché d'avoir perdu un point, le Russe a expédié une balle dans les airs qui est allée frapper le plafond, raconte le New York Times.
Résultat? Un panneau d'isolation est venu s'écraser sur le terrain, manquant de blesser un joueur ou un spectateur. «C'était de ma faute», a reconnu Khachanov après la partie.
Inutile de préciser que ces deux courts ne sont pas équipés de la technologie Hawk-Eye, qui permet de définir, suite à la demande des joueurs, si une balle est in ou out.
Malgré ce cadre lunaire, qui ne colle pas à l'idée que l'on se fait d'un tournoi sponsorisé par Rolex, ces deux terrains bricolés se sont révélés indispensables pour la survie de cette édition. Et, à en croire Karen Khachanov, leur revêtement est tout à fait acceptable: «Les conditions étaient bonnes», témoigne-t-il.
Son collègue néerlandais Tallon Griekspoor a, lui, souligné que ces courts étaient légèrement plus lents que ceux en extérieur. Pas un problème en soi pour qui sait s'adapter. Ce qui est, justement, l'une des qualités requises pour devenir un bon joueur.
La météo n'est, finalement, pas ce qui ternira le plus cette édition 2024 du Masters 1000 de Shanghai. Il y a d'abord eu cette énorme erreur d'arbitrage dont a été victime Stan Wawrinka lundi, au deuxième tour. Dans le deuxième jeu de la manche décisive de son match face à Flavio Cobolli, l'arbitre de chaise Carlos Bernardes s'est emmêlé les pinceaux avec le score.
Après le premier point remporté par Wawrinka (au service), le Brésilien a annoncé, de manière juste, 15-0. Juste après ce point, il y a eu une petite interruption causée par la demande de l'arbitre à un officiel d'un médicament pour Cobolli. Lors de l'échange suivant, remporté par l'Italien, Bernardes a annoncé... 0-30, alors que le score était en fait de 15-15!
Pris par son match, Wawrinka n'a pas remarqué l'erreur, ni personne parmi les officiels... Une faute grossière qui a eu, comme le rappelle Le Figaro, de lourdes conséquences pour le Suisse: il a concédé, sur ce jeu, son seul break du set, perdu 6-3. Et le match avec, donc.
Mardi, c'est le tennisman américain Frances Tiafoe qui s'est distingué négativement. Battu par Roman Safiullin au troisième tour et fâché contre une décision de l'arbitre, il a refusé de serrer la main de celui-ci tout en lui hurlant «Fuck you!» plusieurs fois. L'actuel 17e mondial s'expose à de grosses sanctions.
Elles devraient le dissuader de recommencer les prochaines fois. D'autant plus que ses paroles grossières risqueraient de résonner encore plus sur le court, puisque Shanghai prévoit l'inauguration d'un deuxième terrain avec un toit rétractable dans deux ans.