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La Route du Rhum est «une fête commerciale destructrice de la nature»

Saint-Malo est le point de départ historique de la course vers la Guadeloupe.
Saint-Malo est le point de départ historique de la course vers la Guadeloupe. Image: Route du Rhum

La Route du Rhum est «une fête commerciale destructrice de la nature»

Des citoyens, des skippers et des ONG dénoncent ce qu'est devenue la mythique course transatlantique, qui s'élancera dimanche en direction de Pointe-à-Pitre.
04.11.2022, 06:5104.11.2022, 08:43
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«Saint-Malo saoulée par une Route du rhum surdimensionnée»

C'est le titre d'un article paru dans Le Monde la semaine dernière. Un reportage qui commence par la remarque acerbe d'une quinquagénaire en balade à Saint-Malo: «On dirait qu'ils préparent la Coupe du monde de football.» «Ils», ce sont les organisateurs de la Route du rhum. Ces derniers ont vu très grand en installant notamment un village départ de 70 000m2.

La zone de départ

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Un record pour l'épreuve et ce n'est pas le seul: il n'y a jamais eu non plus autant de skippers (138) depuis la création de la traversée il y a 44 ans.

La comparaison avec le Qatar peut paraître exagérée, mais ce n'est pas si absurde: les organisateurs de la course hauturière espèrent attirer plus de visiteurs sur les différents sites au départ (2 millions) que la Coupe du monde n'espère accueillir de touristes (1,5 millions). Et puis, dans les deux cas, ses opposants dénoncent un gigantisme jamais vu dans l'histoire de l'épreuve. «J'ai vu toutes les Routes mais là, il y a tout de même une exagération», dénonce une octogénaire que Le Monde a rencontré à Saint-Malo. D'autres voix dénoncent «une fête commerciale destructrice de la nature».

Mais plus que le village départ à Saint-Malo, ce qui ne passe plus, c'est d'apprendre que pour voir passer les bateaux, les spectateurs vont encore s'agglutiner dans des zones naturelles protégées, notamment au cap Fréhel.

Le cap Fréhel.
Le cap Fréhel.Image: Shutterstock

La pointe de la Varde et la pointe du Grouin devraient aussi être endommagés, estiment six associations écologistes bretonnes, réunies pour dénoncer l'invasion de visiteurs sur des «sites labellisés où se reproduisent des oiseaux remarquables, où des plantes fragiles et des habitats endogènes s’épanouissent». «Le piétinement va les endommager», assurent-elles, estimant en outre que «le milieu marin sera affecté» par le ballet des bateaux qui va «déranger des oiseaux et certains cétacés».

Interrogé par Ouest-France, Joseph Bizard, directeur d’OC Sport, a indiqué que la préservation de l’environnement était depuis le départ de la course «l’un des piliers de l’événement». Il a aussi assuré que tout sera fait pour «minimiser les impacts d’un tel événement» et que des barrières seront installées pour empêcher le public d’aller sur les lieux fragiles.

Sur la pointe de la Varde, c'est vrai, des clôtures en bois ont été rehaussées. Mais pas de quoi décourager Henri (81 ans), qu'un journaliste du Monde a croisé en balade par hasard. «Si j'ai réussi à passer à mon âge, croyez-vous que les autres vont s'en priver le jour de la course?»

La pointe de la Varde.
La pointe de la Varde.Image: Shutterstock

Les critiques envers les organisateurs ne viennent pas seulement des associations écologistes. Certains skippers militent aussi pour une évolution des mentalités. Ils sont convaincus que leur sport magnifique «doit changer». C'est ce qu'ils ont écrit dans une tribune publiée dans L'Equipe le 9 octobre.

«Nous pratiquons un sport magnifique mais il est déraisonnablement polluant et élitiste», ont soutenu les signataires, parmi lesquels de grands noms de la voile comme Francis Joyon (vainqueur de la Route du rhum 2018), François Gabart (recordman du tour du monde en solitaire) et Isabelle Autissier (première femme à avoir accompli un tour du monde en solitaire lors d'une compétition).

Au total, 88 hommes et femmes qui ont notamment rappelé sur une pleine page que «la Route du rhum avait libéré dans l'atmosphère 145 000 tonnes d'équivalent C02 en 2018» alors que, «pour mémoire, notre planète ne peut soutenir que 2 tonnes par personnes et par an». «Le temps des bouleversements climatiques est là, ont-ils insisté. Nous, navigatrices et navigateurs, pouvons y être des phares dans la nuit des tempêtes. Solides et confiants, le regard tourné vers un horizon joyeux.» Pour le moment, le temps est gris sur Saint-Malo, et l'horizon pas encore dégagé.

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