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Les marins d'Alinghi musclent autant le cerveau que les bras

Les marins d'Alinghi musclent autant le cerveau que les bras

Le métier de navigateur a beaucoup changé. Deux recrues de la nouvelle équipe Alinghi Red Bull Racing, présentée mercredi aux médias, cassent cinq clichés de la profession.
08.06.2022, 18:4208.06.2022, 18:56
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Premier cliché

«Les marins ne sont pas des sportifs de haut niveau»

C'est tout le contraire. Les quatorze navigateurs retenus pour représenter la Suisse lors de la prochaine Coupe de l'America, qui se tiendra à Barcelone en automne 2024, ont d'ailleurs passé des tests physiques à l'hôpital de la Tour à Meyrin lors du processus de recrutement. Ceux qui n'étaient pas au niveau couraient le risque d'être recalés.

Ils sont taillés comme des safrans.
Ils sont taillés comme des safrans.

«Les marins se rapprochent de plus en plus du haut niveau, car les bateaux sont de plus en plus exigeants, estime Yves Detrey, navigateur d'Alinghi. L'aptitude physique est au centre de certaines positions à bord.»

En compétition, huit personnes prendront place sur le monocoque à foils AC75. Ils seront répartis entre le driving group et le power group. Des premiers, on exigera des qualités de navigation; des seconds, beaucoup de puissance. «Dans le driving group, dont je fais partie, les tests physiques reposaient principalement sur du cardio, rapporte Maxime Bachelin. Le but, c'est en effet d'avoir une bonne résistance au stress afin de prendre les meilleures décisions une fois sur l'eau.»

Avec deux rameurs et un cycliste

Alinghi Red Bull Racing a sélectionné onze jeunes marins de talent, mais aussi trois «outsiders»: Augustin Maillefer et Barnabé Delarze, qui viennent de l'aviron, ainsi que Théry Schir, qui a mis fin à sa carrière de cycliste sur piste après les JO de Tokyo. Les trois Vaudois n'ont pas d'expérience particulière en voile, mais feront partie du «power group» qui sera chargé, à bord du bateau, de fournir à la force de leurs muscles l'énergie qui alimentera les systèmes permettant de régler les voiles, notamment. (ats)

La sélection qui représentera la Société nautique de Genève (SNG) sera suivie par un préparateur physique jusqu'au départ de la Coupe de l'America.

Deuxième cliché

«Les marins ont le visage rongé par le sel, rougi et buriné»

Le visage de la voile a beaucoup changé. Les faciès rôtis par le soleil et sculptés par les embruns ont laissé la place à des joues lisses et roses. «C'est parce que Maxime a toujours une beauty case avec lui», se marre Yves Detrey.

Les conditions de navigation permettent aussi de garder le teint frais: les marins sont moins exposés à l'eau de mer, car ils sont souvent à un mètre de la surface de l'eau et dans une position aérodynamique.

Team New Zealand lors de l'America's Cup en 2017.
Team New Zealand lors de l'America's Cup en 2017.

Troisième cliché

«Les marins sont de grands solitaires»

«L'image du vieux de loup de mer a évolué. Surtout dans notre domaine, où c'est de la régate à la journée, constate Yves Detrey. Si on fait un parallèle avec le monde de l'automobile, on pourrait dire que les courses au large ressemblent au rallye, et ce qu'on fait à la Formule 1. On doit s'entourer d'une équipe dans laquelle les marins solitaires n'ont pas vraiment leur place.»

Yves Detrey était de l'aventure Alinghi il y a vingt ans.
Yves Detrey était de l'aventure Alinghi il y a vingt ans.

Le principe même d'un équipage de huit personnes réclame des qualités d'écoute et de coordination. Maxime Bachelin: «On travaille beaucoup la communication. Il faut qu'on se comprenne immédiatement et de façon claire et précise, surtout aux vitesses que nous atteindrons.» L'AC75 pourra réaliser des pointes à plus de 100 kilomètres-heure. Pour faciliter les échanges entre coéquipiers, chaque homme à bord sera équipé d'une oreillette et d'un micro.

Troisième cliché

«Les marins ne boivent pas que de l'eau»

En fait, c'est un cliché qui est toujours un peu vrai. Yves Detrey: «Comme nous sommes aussi des bons vivants, il nous arrive de nous réunir autour d'une bière. Mais c'est sûr qu'il y aura peu de place pour ce genre de moment dans les deux prochaines années.» «On a un poids idéal à ne pas dépasser», ajoute Maxime Bachelin.

«Quand j'avais l'âge de Maxime (réd: 24 ans), j'étais en dessous des 80 kg, se souvient Yves Detrey. Par la suite, je suis monté jusqu'à 96 kg pour faire partie du groupe qui devait produire de la puissance. Aujourd'hui, je ne peux plus me permettre d'avoir ce poids.»

Maxime Bachelin.
Maxime Bachelin.

Les équipages ne peuvent pas dépasser un poids limite, fixé par les organisateurs de la compétition. «Si on fait tous 90 kg, ce sera compliqué, poursuit Yves Detrey. Le driving group devra de toute façon laisser quelques kilos au power group qui, lui, aura besoin de muscles.»

Cinquième cliché

«Les marins ne connaissent rien à l'informatique»

Yves Detrey en rigole. Ce n'est peut-être pas à lui qu'il fallait dire ça. «Je fais un peu d'électronique sur les plus petits bateaux. C'est essentiel: quand on est à bord, on doit être capable de tout gérer et tout réparer.»

Dans des campagnes aussi complexes et prestigieuses que la Coupe de l'America, les équipes engagent des professionnels de chaque secteur. Alinghi Red Bull Racing dispose donc de son propre spécialiste informatique.

Mais sur l'eau, l'équipage se retrouve seul face aux outils. «En plus d'avoir un certain sens marin et un feeling, on doit pouvoir s'appuyer sur des chiffres, reprend Yves Detrey. On doit donc être capable de se servir de l'ordinateur de bord, qui rassemble toutes les données (vent, position, vitesse, etc.) et délivre de précieuses informations en direct.»

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