L’équipe Israel-Premier Tech a raté son Tour de France. Preuve en est, la formation de Chris Froome, ancien coureur vedette non retenu pour cette édition de la Grande Boucle, n’a récolté qu’un peu plus de 15 000 euros de primes au cours des trois semaines de compétition, soit l’un des pires bilans du peloton.
On ne retient finalement de sa présence sur le Tour que la quatrième place de Pascal Ackermann lors du sprint à Laval, les échappées d’Alexey Lutsenko et les points glanés par Michael Woods au classement de la montagne. Insuffisant pour une équipe qui avait pour ambition de décrocher une victoire d’étape.
Si en course, la formation israélienne est passée inaperçue, on ne peut pas en dire autant pour tout ce qui concerne les à-côtés.
Israel-Premier Tech a bénéficié, du Grand Départ à Lille jusqu’à l’arrivée finale à Paris, d’un important dispositif de sécurité. Jusqu’à huit policiers ont entouré son bus, parmi lesquels deux CRS et un agent armé d’un fusil d’assaut. Un tel contexte, pesant, pourrait expliquer les contre-performances de l’équipe, même si Michael Woods, en bon professionnel, a assuré ne pas être dérangé par cette escorte devenue presque habituelle.
La raison de cette surveillance accrue est évidente. Nommée en référence à l’Etat hébreu, la formation Israel-Premier Tech est financée par le milliardaire canado-israélien Sylvan Adams, considéré comme très proche du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
L’homme d’affaires ne cache pas son ambition de redorer, à travers son équipe, l’image d’Israël, largement ternie depuis la guerre menée à Gaza en représailles aux attaques du 7 octobre 2023. La présence du collectif israélien sur ce Tour de France a donc parfois suscité de vives réactions, à l’image de celle du député français Thomas Portes (LFI), qui a appelé à un «boycott massif» de la formation managée par Kjell Carlström.
Tout au long des trois semaines de course, des protestations contre la présence d’Israel-Premier Tech ont également eu lieu aux abords des routes empruntées par le peloton. C’était notamment le cas à Lauwin-Planque, ville départ de la deuxième étape du Tour, où l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) a distribué des tracts sur lesquels était inscrit: «Pas de Tour de France pour les génocidaires!». Mais aussi à Toulouse, où le sprint du Suisse Mauro Schmid pour la victoire d'étape a été perturbé par l'irruption d’un militant pro-palestinien, arborant sur son t-shirt le message suivant:
Ce slogan a été repris lors de la 17e étape entre Bollène et Valence, lorsque des manifestants ont brandi une trentaine de drapeaux palestiniens à Dieulefit, petit village drômois, connu pour avoir dissimulé 1 500 personnes, dont des Juifs menacés de déportation, durant la Seconde Guerre mondiale. Il apparaissait aussi par endroits sur le parcours, malgré les efforts des organisateurs pour effacer tout message politique inscrit sur la route.
Mais le tourbillon autour de l’équipe Israël-Premier Tech est aussi venu de l’un de ses anciens coureurs: Alessandro De Marchi. Dans une interview accordée au magazine The Observer, l’Italien est passé à l’offensive sans même se lever de sa selle, livrant le récit de son expérience lorsqu’il portait les couleurs d’Israel, en 2021 et 2022, soit avant le 7 octobre.
Désormais pensionnaire de Jayco AlUla, une formation financée par l'Arabie saoudite, nation accusée de «sportswashing», De Marchi l'assure: il ne pourrait plus, aujourd'hui, faire partie du collectif israélien.
Loin de ces déclarations, le Tour de France de l'équipe Israel-Premier Tech s'est achevé dimanche sur une note plus positive, et un message fort: Ofer Kalderon, libéré par le Hamas en début d’année, après 484 jours de captivité, a eu l’honneur de rouler à vélo sur les Champs-Elysées avant le premier passage du peloton.
L'ancien otage portait la tunique de l’équipe israélienne et était accompagné de Sylvan Adams. Ce dernier lui avait fait une promesse, alors qu’il était encore entre les mains du mouvement islamiste palestinien: qu’ils pédaleraient un jour ensemble sur le Tour de France.