«Je voulais simplement vous dire (...) ma volonté ici, avec les ministres et l'ensemble du gouvernement, d'être aux côtés de la population et pour que le plus vite possible, ce soit le retour à la paix, au calme, à la sécurité. C'est la priorité des priorités», a déclaré Emmanuel Macron dès sa descente de l'avion à l'aéroport de Nouméa, où il est arrivé autour de 08h20 locales (23h20 Heure suisse mercredi).
Le président français a ensuite exclu que «l'apaisement» passe par un «retour en arrière institutionnel». «Néanmoins, nous devons remettre toutes les parties prenantes autour de la table», a-t-il plaidé. Depuis le début des violences dans l'archipel français, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles.
Quelque 86 policiers et gendarmes ont été blessés, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Les forces de l'ordre ont procédé à près de 320 interpellations depuis le début de la crise, d'après la ministre des Collectivités territoriales Dominique Faure.
Les quelque 3 000 forces de sécurité déployées en Nouvelle-Calédonie face aux récentes émeutes «resteront aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques», a promis jeudi Emmanuel Macron, en se disant plutôt défavorable à une prolongation de l'état d'urgence, à condition que les barrages soient levés.
Le président français doit installer en Nouvelle-Calédonie une mission de dialogue composée de trois hauts fonctionnaires, qui restera sur place «autant qu'il faudra» et «aura pour objectif de faire émerger un dialogue politique local dans le but de parvenir à un accord politique global», a précisé mercredi le Premier ministre français Gabriel Attal.
Le président français a assuré à son arrivée n'avoir «pas de limite» de temps sur place et a promis qu'«à l'issue de cette journée (jeudi), des décisions seront prises et des annonces seront faites».
Emanmanuel Macron, accompagné des ministres de l'Intérieur, des Armées et des Outre-mer, doit s'entretenir avec des élus et acteurs économiques de l'archipel, que les violences et destructions ont plongé dans une situation catastrophique.
Cette visite surprise intervient alors que se multiplient, jusque dans la majorité du président Macron, les demandes de report du projet de loi constitutionnelle sur le corps électoral du territoire, rejeté par les indépendantistes et à l'origine des émeutes. Il doit encore être voté par les parlementaires français réunis en Congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d'ici là.
Emmanuel Macron, qui tente avec ce déplacement improvisé un vrai coup de poker, a dit venir avec «détermination», mais avec «aussi beaucoup de respect, d'humilité». Car le risque est grand que des indépendantistes du peuple autochtone kanak boycottent la visite, comme ils l'avaient fait lors du dernier déplacement présidentiel en juillet 2023.
Pour le moment, «les réactions de la classe politique» à la venue du président «sont plutôt positives dans les deux camps. Il n'y a pas eu de dégâts supplémentaires, mais il y a tellement de choses qui sont détruites», a fait valoir le représentant de l'Etat français sur le territoire ultramarin.
Sur le terrain, où l'état d'urgence prévaut toujours (couvre-feu nocturne, interdiction des rassemblements, du transport d'armes, de la vente d'alcool et de l'application TikTok), «la nuit a été calme», a indiqué jeudi matin le haut-commissaire de la République Louis Le Franc à l'AFP.
Il est «beaucoup trop tôt» pour faire un bilan global des dégâts, car il y a encore des quartiers où les agents ne vont pas, a expliqué à l'AFP l'administration de la ville de Nouméa. Signe de la difficulté à reprendre en main la situation sécuritaire, l'aéroport international de l'archipel restera fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi matin. (mbr/ats)