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Fin de règne: Le «brûlot» d'Omid Scobie loupe sa cible

Le nouveau livre du journaliste Omid Scobie, Fin de règne, n'annonce pas la fin de la monarchie.
Le nouveau livre du journaliste Omid Scobie, Fin de règne, n'annonce pas la fin de la monarchie.image: watson

Le «brûlot» contre la monarchie loupe royalement sa cible

Fin de règne, le livre polémique censé flinguer pour de bon la monarchie britannique, vient de débarquer dans nos librairies ce vendredi. Le brûlot de la couronne mérite-t-il d'être glissé sous le sapin de Noël? Contre toute attente, oui. Verdict de la chroniqueuse royale de watson.
01.12.2023, 18:4802.12.2023, 13:24
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Voilà trois interminables jours qu'on bouffait notre frein. Un peu comme si on avait été placé devant un gâteau triple chocolat, garni d'une belle ganache épaisse et appétissante, avec interdiction formelle d'y fourrer un doigt. Trois jours qu'on voyait s'exciter avec gourmandise tous les experts royaux d'outre-Manche. Sans nous. Faute d'avoir pu lire «LE» livre.

Ce livre, c'est Fin de règne, dernière enquête du très décrié et très médiatisé journaliste britannique Omid Scobie, enfin disponible dans sa traduction française depuis le 1er décembre.

Trois jours d'attente, autant dire une éternité dans la foisonnante actualité royale. Si bien que, vendredi matin, en ramenant le précieux bouquin à la rédaction, on avait déjà la trouille d'avoir tout entendu de ses «scoops» croustillants. De l'identité présumée des «racistes royaux», en passant par le vilain roi Charles qui réclame qu'on lui repasse ses lacets, pour finir sur l'impatient prince William qui rêve secrètement d'empoisonner son papa pour devenir roi demain.

Plongée en apnée

Omid Scobie commence par la fin. Le 8 septembre 2022, autrement dit la version royale du 11-Septembre. Une journée que tous les chroniqueurs peuvent vous raconter. Aucun d'eux n'a oublié ce qu'il était en train de faire, lorsque des informations inquiétantes sur la santé de la reine Elizabeth II, alors alitée en Ecosse, commencent à circuler.

Quelque part à Londres, Omid Scobie fait ses courses. A midi, tout s'accélère. Lui qui conserve depuis des années un costume noir en polyester au fond du coffre de sa voiture, une précaution «macabre» just in case, voilà qu'il se retrouve coincé, sans vêtements adéquats, pour annoncer la mort de Sa Majesté en direct. Le correspondant fonce dans un magasin Mark&Spencer à proximité, achète le premier pull noir venu, avant de se diriger tête baissée vers le siège londonien d’ABC News International.

Belle entrée en matière. Malgré une traduction un peu bâclée (on a arrêté de compter les coquilles dans la version française), les descriptions sont claires, limpides, prenantes. On a l'impression de courir et de pleurer avec ce fidèle correspondant qui couvre les royals depuis plus de douze ans. D'ailleurs, pour quelqu'un qui prétend annoncer sa «fin», Omid Scobie cache mal sa fascination pour cette institution encroûtée.

«Avec la disparition de Sa Majesté la reine Elizabeth II, c’est une large part de la légende, de la mystique et du secret qui entourent la monarchie qui, hélas, a disparu»
Omid Scobie, Fin de règne.

Autant l'auteur chante son amour pour la reine mère, autant il prend plaisir à s'acharner sur le fils. Ce roi «imparfait», «gâté» et surtout beaucoup trop «humain» pour assurer le job, qui a endossé un peu malgré lui un «costume trop grand». Le constat est cruel, mais on ne peut s'empêcher, parfois, d'approuver discrètement.

«Le nouveau roi et la nouvelle reine ne sont plus séparés de leurs sujets par un voile de secret et de mystère qui leur assurerait un pouvoir et une protection imparables. Tout le monde sait que le roi Charles aurait aimé être le ‘tampon’ de la reine Camilla»
Omid Scobie, Fin de règne.

Dans son prologue, le correspondant annonce qu’il casse définitivement les derniers ponts qui le relient à la famille royale. Promesse respectée. Les mots sont durs, l’avis tranché. Incisif, sans complaisance, mais aussi tellement critique qu'il manque parfois de subtilité. Quitte à paraître biaisé. Difficile en effet de ne pas sentir une pointe de rancœur de la part d'un journaliste mis à ban de la rocade royale. Sa prise de position en faveur d'Harry et Meghan lui aurait coûté, assure-t-il, ses accès privilégiés à Buckingham Palace.

Il faut reconnaître à la «bête noire» du Palais qu'elle a l'art de poser les bonnes questions. Celles qui font mal. Sur l'avenir de l'institution, son rôle, sa pertinence.

«Moderniser une monarchie millénaire, qui vient de perdre une souveraine dont la longévité au service des siens est historique, représente un défi considérable, surtout pour une famille qui a tendance à gaffer, quand elle ne crée pas un scandale»
Omid Scobie, Fin de règne.

Derrière les critiques, un amoureux de la monarchie

Après le «tournant douloureux», entre l'ère élisabéthaine et l'ère caroléenne, Omid Scobie s'attaque à la question du racisme dans la Firme, au scandale du prince Andrew ou encore à l'héritage de Lady Diana.

Les fins connaisseurs du dossier royal n'apprendront pas grand-chose de neuf, même si les détails collectés par Omid Scobie auprès de ses dernières «sources» bien placées, ont le mérite d'être savoureux. Les «menus pizzas surgelés et bonbons Haribo» achetés au supermarché les soirs où Kate avait la flemme de cuisiner. Les déplacements de William en scooter électrique, entre sa maison et le palais de Kensington.

Le portrait de la nouvelle reine s'avère plus subtil et valorisant que les quelques termes assassins choisis par les critiques. Ce n'est pas pour rien que, depuis qu’il a entamé sa «tournée de lecture», l'auteur de Fin de règne supplie de bien vouloir le lire de bout en bout: le résultat final s'avère étonnamment plus intelligent et nuancé que les extraits racoleurs qui circulent à toute vitesse depuis trois jours.

Si le but d'Omid Scobie était d'abolir la monarchie ou d'entacher à jamais la réputation des Windsor, en tout cas, c'est raté. Ce qu'on annonçait comme un «brûlot» abolitionniste passe royalement à côté de sa cible. La seule chose qu'Omid Scobie trahit vraiment dans son ouvrage, c'est un attachement profond pour la monarchie britannique et un désir de la voir survivre sur le long terme.

Alors que la plupart des défenseurs des royals ont décidé de jeter Fin de règne au bûcher, un peu rapidement peut-être, on ne saurait au contraire que trop recommander aux curieux d'y jeter un œil. Et, pourquoi pas, de le glisser sous le sapin?

Fin de règne, Où va la monarchie britannique: les derniers scandales révélés d'Omid Scobie. Editions du seuil. 40 francs chez Payot.

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Video: watson
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Cette tendance vous permet d'être en vacances sans dire à votre boss
Travailler, c'est chiant? Say no more. Avec la tendance du «quiet vacationing», vous allez pouvoir vous envoyer des rosés-piscine à l'insu de votre employeur pendant vos heures de bureau. Même si bosser, c'est génial (coucou patron!).

C'est l'été, et soit vous comptez les dodos qui vous séparent de vos vacances, soit vous en revenez déjà (les juilletistes, je vous comprends pas). Et comme l'été sous nos latitudes est moite, mais pas comme on aime (il pleut encore au moment où votre serviteur écrit ces lignes), difficile d'aller ???? des Spritz et des planchettes en terrasse après le boulot (ou dès 15 heures parce que c'est la vie que j'ai décidé de mener).

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