«Le bonheur des uns fait le malheur des autres», pourrait dire l'adage. Alors que la petite famille de Kate et William doit probablement se réjouir du déménagement qui l'attend d'ici la fin de l'année, dans un coquet manoir de huit chambres situé au cœur d'un parc verdoyant de plusieurs hectares, Forest Lodge, d'autres s'inquiètent de ce qu'implique de ce retrait affiché.
En effet, le but assumé de cette «maison pour toujours», comme l'a surnommée William, n'est autre que de préserver sa vie privée et celle des siens et de s'éloigner du tumulte qui suit immanquablement le prince et la princesse de Galles où qu'ils aillent.
Un choix compréhensible, dans une certaine mesure, puisqu'il découle directement de l'enfance tourmentée et dysfonctionnelle de William, marquée par la guerre ouverte de ses parents dans les tabloïds britanniques, puis par la mort de sa mère, la princesse Diana. L'expérience dévastatrice du cancer de sa femme et de la pression médiatique qui a précédé l'annonce de son diagnostic l'an dernier a aussi probablement joué un rôle important dans cet éloignement.
Cependant, le choix, «profondément troublant», pourrait également s'avérer périlleux pour l'institution monarchique, selon une tribune de la journaliste Amanda Platell dans le Daily Mail. La chroniqueuse en veut pour exemple la reine Elizabeth II et son célèbre adage: «Nous devons être vus pour être crus.»
Le credo de survie de la monarchie.
William, avec son obsession de plusieurs années de protection de sa famille, semble prendre la tangente inverse. Rarement vu (il n'a effectué que 71 engagements l'an dernier, contre 372 pour son père, pourtant atteint d'un cancer), il renvoie déjà l'image d'un homme qui fait passer sa vie de mari et de père avant celle d'héritier du trône britannique.
C'est d'autant plus vrai à l'ère des réseaux sociaux voraces, qui réclament plus que des clichés occasionnels de la progéniture royale ou une tendre vidéo de Kate serrant un arbre dans ses bras.
Forest Lodge soulève des questions sur le genre de monarque que William compte devenir. Il est évident qu'aucun public officiel ne sera jamais convié dans le manoir familial, contrairement à la plupart des résidences royales officielles, comme le château de Windsor ou Clarence House, l'actuelle maison principale du roi Charles.
Or, William ne devrait pas l'oublier: du fait de son titre, le prince de Galles bénéficie d'avantages exorbitants - parmi lesquels un duché de Cornouailles d'une valeur de près d'un milliard de livres sterling, dont il tire un énorme «salaire» de 23 millions de livres sterling par an.
«Je crains», écrit la chroniqueuse du Mail, «qu'un futur roi à temps partiel, retranché à Forest Lodge, sur le domaine de Windsor, n'entraîne un effondrement encore plus marqué du soutien parmi ses sujets». D'ici son accession à la Couronne, en effet, la population pourrait être majoritairement composée de la génération Z – dont seulement 29% pensent que la monarchie est «bonne pour le Royaume-Uni».
La manière dont le futur souverain conciliera ses propres exigences en matière de vie privée tout en étant à la tête de l’une des dernières dynasties royales florissantes au monde reste un mystère. Une chose est sûre: le prince aura une décision importante à prendre au cours des prochaines années qu'il passera caché à Forest Lodge avant de monter sur le trône.
L'auteure de la chronique, elle, ne semble guère convaincue de l'issue pour la monarchie. «Après des décennies de règne du roi William, je crains que la famille royale ne ressemble à toutes les autres familles royales européennes mineures: insignifiante, sans éclat, apparaissant occasionnellement dans les pages intérieures du magazine Hello! – et tout simplement banale.»