Paris et Manchester City sont un peu comme ces faux jumeaux auxquels on trouve plein de ressemblances quand ils sont séparés, mais dont on distingue les différences sitôt qu’ils se retrouvent ensemble. La 2e journée de Ligue des champions, qui confrontait les deux nouveaux riches du football sur le terrain du Parc des Princes mardi soir, a permis de constater ce qui séparait ces deux grandes équipes bâties à coups de millions et dont le rêve partagé est le sacre en C1.
Sur le terrain d’abord, Paris et City évoluent dans deux registres distincts, et ça s'est encore vu mardi. Le club français compte sur les fulgurances de ses individualités sans trop espérer le repli défensif de ses trois attaquants, qui ont cependant fait plus d'efforts en la matière que lors de la 1re journée contre Bruges (1-1). Il a suffi d'une incursion au PSG, la première dans la partie, pour lui permettre d'ouvrir le score. La suite n'aura été que moyenne, et c'est parce que Messi a été génial et buteur, Verratti rayonnant et Donnarumma immense que les Parisiens ont décroché les trois points.
City, au contraire, mise sur un pressing constant, collectif et coordonné, chaque joueur étant au service du groupe. Les Citizens ont, cette fois encore, majoritairement possédé le ballon (53%) et produit du danger, mais ils ont trop gâché pour recoller au score, avant de se faire surprendre en contre.
La victoire est importante pour Paris, qui disputait son premier examen sérieux de la saison dans un contexte marqué par des tensions internes. C'est une autre différence que le leader de Ligue 1 cultive avec son adversaire britannique: la gestion des affaires courantes. Car au PSG plus qu'ailleurs, l'entraîneur est un homme politique, ce que Thomas Tuchel appelait un «politicien du sport» ou un «ministre des sports», chargé de veiller à la bonne cohabitation d’un vestiaire riche en égo.
Récemment, Mauricio Pochettino a dû gérer le remplacement de Lionel Messi en cours de match et l’altercation entre Kylian Mbappé et Neymar. Mais quelle est sa marge de manoeuvre? Unai Emery (ancien technicien du PSG) a toujours pensé que l'artiste brésilien était le leader du groupe, autrement dit le patron de ce vestiaire parfois considéré comme une «République des joueurs».
C’est bien différent à Manchester City, ainsi que le rappelait Emery dans un entretien passionnant au site The Tactical Room. «L’une des chances de Pep Guardiola à City, c’est de ne pas avoir une figure majeure à laquelle se plier. Il a de grands joueurs qui, lors des moments de vérité, ne font plus qu’un.»
Le Monde part de ce double constat pour poser un regard sur le dernier mercato des deux équipes. Le quotidien explique que Guardiola aurait pu jouer de son influence et de son passé commun avec Messi pour le faire venir en Angleterre, mais que le transfert ne s’est pas fait pour plusieurs raisons, dont celle-ci: le stratège catalan «a peut-être aussi voulu s’éviter de fragiliser l’équilibre de son équipe avec un joueur de 34 ans de moins en moins porté sur l’effort défensif et difficile à sortir.»
Or, poursuit Le Monde, «Mauricio Pochettino n’a pas eu son mot à dire. Lui n’a ni révolutionné le jeu, ni encore remporté la Ligue des champions pour imposer un style directif et risquer de froisser les sensibilités de certains». C'est ce que soutient aussi L'Equipe: «Leonardo (ndlr: le directeur sportif parisien) reste l'architecte du projet. Il est celui qui dicte le tempo sur les équilibres du groupe.»
Seuls les résultats permettront au coach argentin de gagner en autorité et en sérénité. À ce titre, la victoire du PSG contre City, lors du premier examen de la saison pour les Franciliens, peut se lire comme un soulagement.