On se disait que le FC Sion allait enfin pouvoir vivre une fin de saison sereine, le 5 février dernier, quand il avait quatorze points d'avance sur le dernier de Super League, Lucerne. Raté! Cette confortable marge a fondu comme neige au soleil, les Valaisans n'ayant plus qu'une unité d'avance sur les Lucernois, barragistes. Et ce, à deux journées de la fin du championnat. Alors, autant dire que beaucoup de cheveux risquent de blanchir dans le Vieux-Pays ces prochains jours.
Depuis la trêve hivernale, Lucerne a, lui, repris du poil de la bête. Sacrément, même! Le bilan des hommes de Mario Frick? 25 points en 16 matchs, ce qui les place parmi les meilleures équipes du deuxième tour. Tout le contraire du FC Sion, qui présente un bilan digne d'un relégable: 16 unités en autant de parties, avec six défaites lors des dix dernières sorties.
Cette dynamique inquiétante se reflète aussi dans le goal average: sur les dix dernières sorties, la troupe de Paolo Tramezzani a marqué neuf buts et en a encaissé 20. Avec un tel ratio, impossible de prétendre à mieux que la lutte pour le maintien.
«Avant, le FC Sion avait l'un des meilleurs ratios nombre d'occasions-buts marqués», fait remarquer Justin Grept, journaliste à Rhône FM, qui commente les matchs de l'équipe. Mais le réalisme n'est plus d'actualité à Tourbillon. «Désormais, les contre-attaques sont aussi moins tranchantes», regrette-t-il.
Etonnant, dans cette situation, de constater que deux des hommes les plus aptes à trouver les filets adverses ne jouent pas: Guillaume Hoarau et Gaëtan Karlen. Les deux attaquants avaient sauvé presque à eux tout seuls le FC Sion la saison passée, miraculeusement maintenu en Super League grâce à un succès contre Bâle lors de la dernière journée, puis un barrage victorieux face à Thoune.
«Tramezzani dit que c'est un choix sportif de ne pas faire jouer Hoarau, il n'a jamais évoqué de problèmes humains», explique Justin Grept. «Mais même s'il a 37 ans et qu'il ne peut plus jouer 90 minutes à fond, il resterait utile.» Claude Gross, ex-entraîneur en Challenge League et actuel consultant chez blue Sports, appuie:
Quant à Karlen, le coach italien – assis sur le banc de Tourbillon depuis octobre – ne l'a titularisé pour la première fois que mercredi soir. Plus généralement, ce sont les cadres de la formation valaisanne qui ne répondent pas présents. «Un joueur dont j'attendais beaucoup et qui m'a vraiment déçu, c'est Kevin Bua», déplore Adrien Kroonen, supporter du FC Sion qui a vu tous les matchs de son équipe cette saison.
En analysant les résultats des Sédunois, une autre donnée saute aux yeux: le manque de constance. «On alterne entre de très bons matchs, comme notre victoire à Lugano (3-1) et le match nul face au FC Bâle (0-0), et des résultats insuffisants dans le contenu, comme nos défaites contre Zurich (5-1) et Lucerne (3-1)», se désole Adrien Kroonen.
Depuis plusieurs saisons, le FC Sion est quasiment incapable d'enchaîner plus que deux bonnes prestations. «Y compris dans un même match, c'est souvent très irrégulier», précise Justin Grept. De quoi se poser des questions, comme Claude Gross le fait:
La dimension psychologique joue indéniablement un rôle dans les dynamiques d'équipes. Pour s'en rendre compte, un coup d'œil sur les résultats du FC Lucerne et l'envie que ses joueurs démontrent suffit.
Le FC Sion, avec un confortable coussin de quatorze points, n'était-il pas prêt au combat contre la relégation? S'est-il trop reposé sur ses lauriers? C'est ce que suggère le grand fan sédunois, Adrien Kroonen:
Et forcément, en voyant son poursuivant revenir comme un bulldozer, les jambes deviennent lourdes. Et les gestes imprécis. «C'est une vieille règle du football: quand vous n'êtes pas en confiance, vous manquez de réussite», rappelle Claude Gross. Tout devient plus compliqué: les contrôles, les passes, les courses, les tirs. Il s'en dégage une impression de malchance – parfois bien réelle – qui a de quoi plomber le moral.
Le cercle vicieux est en marche, le piège se referme. Et sous stress, on n'est pas toujours très lucides, comme le latéral Dimitri Cavaré. «Contre Zurich et YB, il a commis deux fautes qui ont amené des penalties, transformés, en fin de match», rembobine Justin Grept.
Le journaliste valaisan est d'autant plus surpris que ces deux instants d'égarement ont eu lieu dans des temps forts sédunois.
Il reste toutefois optimiste: «Au vu des dynamiques et des calendriers des trois équipes à la lutte, je vois GC barragiste». Et donc Sion et Lucerne sauvés. «Les deux adversaires romands que Sion doit affronter, Lausanne et Servette, ne lui feront pas de cadeaux, mais c'est, à mon avis, le calendrier le plus abordable des trois», se projette-t-il.
Claude Gross a lui aussi un bon pressentiment pour les Valaisans:
Et vous, vous la sentez comment, cette fin de saison du FC Sion?