L'Olympique Lyonnais chasse les points, mais pas seulement. Depuis quelques jours, le club rhodanien, dernier de Ligue 1 avec trois unités en neuf matchs, cherche aussi la taupe du vestiaire, c'est à dire le joueur qui a raconté au consultant de RMC Jérôme Rothen que plusieurs cadres de l'équipe contestaient le coach Fabio Grosso. Une déclaration qui a rendu fou de rage le principal concerné. Mardi, Grosso a carrément annulé l'entraînement en demandant (en vain) à la taupe de se dénoncer.
Ce n'est évidemment pas la première fois qu'un entraîneur voit des informations sensibles sur la vie du vestiaire sortir dans les médias. Voici les cinq pires cafteurs du football.
Faire sortir les informateurs de leur trou est souvent une perte de temps tant ils peuvent être nombreux et difficiles à identifier, à moins de savoir où creuser. Sinisa Mihajlovic, lui, a trouvé. Fin 2020, à la veille d'un match contre l'Inter, le technicien de Bologne a expliqué à ses joueurs qu'il allait tenter une nouvelle tactique. L'info a fuité et s'est retrouvée dans tous les journaux du pays dès le lendemain. Sauf qu'elle était complètement fausse.
L'entraîneur avait en effet tout inventé dans un seul but, qu'il a dévoilé au grand jour en conférence de presse:
Sinisa Mihajlovic n'a finalement jamais su qui avait trop parlé, signe que même en établissant le plus ingénieux des plans, capturer la taupe reste un exercice hautement périlleux.
Il n'y a rien de pire, quand on entraîne un club aussi prestigieux que le Bayern Munich, de retrouver ses schémas de jeu dans les pages de Sport-Bild. C'est arrivé à Julian Nagelsmann en mars dernier et il n'a pas du tout aimé:
Ce ne sont pas toujours les entraîneurs qui essaient de remonter la trace des réseaux souterrains. Il arrive que les joueurs eux-mêmes traquent le coéquipier qui les trahit sans scrupule dans la presse. C'est ce que Thibaut Courtois s'est employé à faire lors du Mondial 2022 au Qatar. Le gardien belge n'avait pas apprécié que les médias fassent écho d'une violente bagarre entre plusieurs joueurs.
«On ne sait pas qui a parlé mais le fait que tout le monde prenne ça pour la vérité est problématique», a réagi le portier, avant de faire une promesse solennelle en conférence de presse:
Une menace finalement non suivie d'effets puisque le lendemain, la Belgique a été éliminée de la Coupe du monde en phase de groupes après un triste match nul contre la Croatie (0-0).
Un mystérieux informateur a sévi dans le vestiaire de la Mannschaft en 2012. Le petit malin divulguait la composition de l'équipe d'Allemagne sans se tromper alors que le sélectionneur n'avait encore rien communiqué sur le sujet. Alors que les feuilles de match sont généralement publiées 1h avant le coup d'envoi, le onze germanique et ses nombreuses surprises (titularisations de Schürrle, Reus et Klose) était ainsi sorti dans les médias 6h avant le quart de finale contre la Grèce.
L'Allemagne avait fini par s'imposer 4-2 face aux Grecs mais le sélectionneur Joachim Löw n'avait pas apprécié d'être ainsi devancé, même s'il avait bien pris garde de ne pas accuser publiquement ses joueurs. «Ils téléphonent avec leur agents ou avec des amis, que ce soit parce qu'ils sont contents ou déçus. Mais cela ne vient pas des joueurs, j'en ai la certitude. Ce sont d'autres canaux, mais impossibles à identifier.»
Cet exemple révèle à quel point la posture du coach est compliquée dans ce genre de situation. Il ne peut accuser sans preuve ses hommes, dont il a besoin, mais il doit aussi se montrer ferme.
Lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud, la presse a révélé que l'attaquant Nicolas Anelka avait insulté le sélectionneur Raymond Domenech à la mi-temps du match perdu contre le Mexique (0-2). L'Equipe a même publié ce qui a été dit dans le vestiaire: «Va te faire enculer, sale fils de pute».
La Fédération française a exclu Anelka, ce qui a provoqué la grève des joueurs (qui auraient souhaité que le buteur reste dans le groupe) et marqué le début d'une chasse aux sorcières pour savoir qui avait parlé aux journalistes de L'Equipe.
Le vestiaire s'est fracturé et la France a sombré. Elle a été sortie du tournoi dès la phase de groupes après un seul point obtenu en trois matchs, malgré une poule abordable sur le papier puisque composée de l'Uruguay, du Mexique et de l'Afrique du sud.
Une commission d’enquête de la Fédération française de football a été chargée par la suite de mettre la main sur l'informateur, sans jamais y parvenir, signe que les taupes savent aussi se faire discrètes lorsqu'il s'agit de ne pas se faire repérer.