Peu après l'emménagement du HC Bienne dans la Tissot Arena, en 2015, le club fait une première offre à Jonas Hiller, dont le contrat en NHL arrive à échéance. Son agent pense que cette proposition est une plaisanterie, mais le directeur sportif biennois Martin Steinegger lui dit: «Transmettez donc cette offre, s'il vous plaît». Quelques mois plus tard, l'arrivée spectaculaire de la star de la NHL est effective.
Désormais, aucun agent ne se moque d'une offre du HC Bienne. Depuis sa remontée en National League en 2008, le club seelandais est devenu peu à peu l'une des meilleures adresses de notre hockey.
Lors de ces dernières années, glorieuses, il a manqué aux Biennois une seule victoire au printemps 2023 contre Genève-Servette, en finale des play-offs, pour remporter leur premier titre depuis 1983.
Il est désormais clair que les années de gloire sont terminées. Du moins pour le moment. Depuis la saison passée, Bienne a sensiblement perdu de sa substance, le club se trouve dans une phase de consolidation et de reconstruction et aura probablement besoin de quelques hivers pour jouer à nouveau les premiers rôles.
Les play-offs, que les Seelandais n'ont manqués qu'une seule fois depuis la saison 2016/17, ne sont plus une évidence. La réponse à la question de savoir si Bienne a trouvé, avec le Suédois Martin Filander, l'entraîneur idéal est cruciale.
C'est ce qu'a réussi Antti Törmänen (2017-2023), l'architecte de la culture du hockey biennois, une culture qui ne vit d'ailleurs pas uniquement de victoires.
Pour savoir où le HC Bienne se situe avant le début de cet exercice 2024/25, on analyse les différents secteurs de l'équipe (et du club), qui sont notés (sur une échelle de 1 à 10).👇
De 2019 à ce printemps, Oskharshamn était une belle histoire pour les romantiques du hockey sur glace suédois. Un tout petit club (la ville d'Oskarshamn ne compte que 17'000 habitants) qui, avec des moyens raisonnables, a réussi à embêter la concurrence aisée. Un succès dû principalement à deux hommes: le directeur sportif Thomas Fröberg et Martin Filander, élu entraîneur suédois de la saison 2022/23.
Ils n'ont toutefois pas réussi à maintenir Oskarshamn en première division au printemps dernier, mais cet échec ne doit pas minimiser le travail accompli. Fröberg a trouvé des desperados, ces hockeyeurs tombés dans l'oubli ailleurs, et, pendant quatre ans, Filander les a développés. Le coach a toujours réussi à reconstruire l'équipe après des départs dus à des raisons financières. Cette histoire nous explique pourquoi Martin Filander est devenu l'entraîneur du HC Bienne.
Avec sa philosophie de jeu basée sur un hockey rapide et sa manière douce de diriger les joueurs, Martin Filander se rapproche d'Antti Törmänen et représente l'antithèse de l'entraîneur et ex-policier Petri Matikainen, sur le banc biennois la saison passée. Ce dernier avait rapidement perdu son autorité à cause d'une qualité d'entraînement déplorable et de ses méthodes manageriales bizarres.
Martin Filander est, à 43 ans, un jeune entraîneur qui peut convenir à un HC Bienne en reconstruction et en mutation. Mais si les résultats ne sont pas au rendez-vous, ils rappelleront à trop de monde que le Suédois est un coach qui a connu la relégation dans son pays la saison dernière.
Le champion olympique et du monde Harri Säteri n'est pas seulement un bon gardien, il est un grand gardien au CV impressionnant. Même sa fortune en jette: pendant ses six ans en KHL, il a acheté plusieurs appartements à Tampere. Autrement dit: le Finlandais peut profiter sans souci du crépuscule de sa carrière.
Mais celui qui a prolongé son contrat dans le Seeland jusqu'en 2026 aura 35 ans en décembre. Et, malgré cet âge avancé pour un hockeyeur, il ne pourra pas réduire sa charge de travail cette saison: Bienne n'a pas de numéro 2 vraiment capable de tenir la baraque.
Pourra-t-il à nouveau assumer cette charge?
Le nombre de buts encaissés n'a cessé d'augmenter au cours des trois dernières années: 128, puis 132 et finalement 140 la saison passée. Désormais, Beat Forster est passé derrière la bande (assistant de l'entraîneur), Yannick Rathgeb est parti à Fribourg, Robin Grossmann a déjà 37 ans, Yannick Burren n'a pas beaucoup de talent offensif et Miro Zryd est, lui, trop porté vers l'attaque. De son côté, Luca Christen est au devant d'une deuxième saison difficile dans l'effectif biennois, car c'est celle où il doit confirmer.
Outre les «ministres de la défense» Alexandr Yakovenko et Victor Lööv, la profondeur et la qualité de la défense font défaut comme jamais depuis la première saison dans la nouvelle patinoire (2015/16, 175 buts encaissés). Dans ce secteur, le coach Martin Filander est donc confronté à un défi de taille.
Mike Künzle, Tino Kessler et Luca Hischier, tous partis cet été, ont cumulé «seulement» 22 buts la saison passée. Mais ils constituaient un bloc de joueurs confirmés et dans la force de l'âge.
Il reste toutefois suffisamment d'attaquants au HC Bienne qui, dans un bon soir, peuvent faire des misères à n'importe quel adversaire: Lias Andersson, Damien Brunner, Luca Cunti, Gaëtan Haas, Aleksi Heponiemi, Fabio Hofer, Johnny Kneubuehler, Nicolas Müller, Toni Rajala et Jere Sallinen.
Mais certains d'entre eux sont devenus des hockeyeurs fragiles physiquement et les blessures peuvent déséquilibrer le jeu offensif. La saison dernière, le nombre de buts marqués par le HC Bienne a chuté de 174 (exercice 2022/23) à 139, soit le nombre le plus faible depuis la saison 2016/17.
Les Biennois ne vivent pas que de leurs résultats. Lors du dernier exercice, le finaliste des play-offs 2023 a reculé de la 2e à la 9e place au classement final de la saison régulière et, pourtant, le taux d'occupation de la patinoire a dépassé 97%. L'association des donateurs a annoncé un nombre record de membres et a versé un montant de 4,74 millions de francs dans la caisse du club.
La continuité aux postes clés est exemplaire.
De son côté, le directeur sportif Martin Steinegger ne s'est pas souvent trompé depuis sa prise de fonction en 2012. La seule question qui se pose est de savoir s'il parviendra à éviter toute fébrilité dans cette phase de transition actuelle.
Adaptation en français: Yoann Graber