Ce n'est pas ce qu'il préfère. Or en cet après-midi ensoleillé, à Berne, Nico Hischier prend quelques heures de son temps pour rencontrer les médias. Même s'il doit répondre 100 fois aux mêmes questions, il échange avec patience et gentillesse. «Dès qu'on parle un peu, le temps passe vite», dit-il en souriant.
Nico Hischier, combien de temps vous a-t-il fallu pour vous remettre de la défaite en finale du Championnat du monde?
Quelques semaines. Chaque joueur gère ça de manière différente.
Et vous, comment faîtes-vous?
Dans ce cas précis, ce qui m'a aidé, ça a été de ranger mon sac de hockey et tout mon équipement à la cave, histoire de ne plus y penser. Cela m'a fait du bien. J'ai également réalisé ce que nous sommes parvenus à faire à Prague avec cette équipe. C'était un super tournoi avec des gars merveilleux.
Le regret de ne pas avoir remporté le titre mondial n'est jamais apparu?
Si, bien sûr. Il y a eu et il y aura toujours de tels moments. Il suffit de tomber sur le but décisif de David Pastrnak sur les réseaux sociaux pour que les regrets réapparaissent. Mais il faut saluer le travail des Tchèques. Ils méritent d'être champions du monde.
Il faut des vacances pour se remettre d'une telle finale. Où êtes-vous parti et combien de temps?
Je n'ai tout simplement rien fait durant les deux semaines qui ont suivi la finale, puis je suis parti spontanément. Cinq nuitées à Majorque. Je voulais en fait rester en Suisse. Mais comme il pleuvait tout le temps, j'ai fini par m'enfuir (rires). J'ai passé quelques jours à Ibiza en juillet et je suis retourné encore une fois à Majorque avec mon frère et ma sœur. J'ai enfin eu un camp d'entraînement à Tenerife avec mon groupe hors glace.
Vous ne partez pas plus loin ou pour une période plus longue?
De tels voyages – que beaucoup de mes collègues entreprennent – me manquent. J'aimerais aller au Costa Rica, en Amérique du Sud, en Thaïlande ou en Australie. Ces destinations sont sur ma liste, mais pour l'après-carrière. Ce qui est bien, c'est que j'ai la certitude de pouvoir réaliser ces rêves un jour, si je reste bien sûr en bonne santé.
Trois semaines au Costa Rica seraient possibles dès maintenant, non?
Oui, mais puisque je vis en Amérique du Nord depuis si longtemps, j'aime revenir en Suisse l'été. Je me sentirais également mal envers mes amis et ma famille. Je ne profiterais pas d'un voyage comme celui-ci.
Combien de temps vous faut-il pour recharger les batteries après une saison aussi longue?
Presque tout un été. Les entraînements hors glace reprennent rapidement. Puis viennent les séances avec les patins.
Avez-vous du temps pour les amis et la famille?
Oui, j'essaye de passer le plus de temps possible avec mes proches. Mais en effet, les jours en Suisse passent plus vite que je ne le voudrais.
Vous incarnez les vertus suisses et dites que vous n'aimez pas être sous le feux des projecteurs. Avez-vous dû apprendre à sortir de votre zone de confort en tant que capitaine des Devils du New Jersey?
Oui. Cela me demande beaucoup d'efforts de parler devant les gens, par exemple lors d'événements caritatifs. En plus, c'est en anglais! Je fais alors quelques gaffes, ici et là, c'est comme ça. J'entends alors quelques remarques de la part de mes coéquipiers. Mais avec du recul, j'en ris (rires). Mais oui: dans ces domaines, je ne me sens pas du tout à l'aise. Je n'aime pas être le centre de l'attention.
Vous avez amassé près de 40 millions de dollars au cours de votre carrière. Que signifie cet argent pour vous?
L'argent est avant tout un gage de sécurité et de stabilité dans la vie. C'est un privilège, j'en suis reconnaissant. Il simplifie les choses. Je pourrais m'offrir des voitures sportives ou d'autres produits de luxe, mais cela ne correspond pas à mon style. J'ai gagné beaucoup d'argent très tôt, mais cela n'a jamais été une priorité pour moi. C'est pourquoi j'ai continué à vivre normalement.
Comment dépensez-vous votre argent?
J'aime me créer des souvenirs. De belles vacances en famille. Ou un bon repas entre amis.
Vos collègues Roman Josi et Nino Niederreiter ont investi dans leur club formateur, à savoir le CP Berne et le HC Coire. Quand allez-vous rejoindre le HC Viège?
Je n'y ai pas encore réfléchi. Vous savez, je suis un peu plus jeune que Roman et Nino et je ne pense pas à l'après-carrière (rires).
Dans les ligues professionnelles nord-américaines, la transparence est totale en ce qui concerne les salaires. Chacun sait ce que gagne l'autre. Cela ne tue pas la cohésion d'équipe?
Il y a certainement des joueurs qui ont du mal à accepter que d'autres gagnent plus qu'eux. Mais en fin de compte, il s'agit pour chaque franchise de NHL de composer la meilleure équipe dans les limites du plafond salarial. Le gâteau doit être réparti du mieux possible afin de se maintenir au sommet. Il est important d'avoir des joueurs de caractère. C'est ce qui fait la force d'une équipe.
En tant que capitaine, avez-vous à intervenir régulièrement pour gérer les égos?
Il peut arriver que l'on prenne un joueur à part et que l'on discute en privé. Mais nous avons aussi suffisamment de professionnels expérimentés, capables de régler les problèmes entre eux. Je ne dois et ne veux pas être responsable de tout. J'essaie d'être un bon interlocuteur pour mes coéquipiers. Même lorsque cela ne concerne pas la glace.
Vous pouvez depuis le 1er juillet – conformément à votre contrat avec les Devils du New Jersey – désigner 10 franchises vers lesquelles vous ne souhaitez pas être transféré. Avez-vous déjà fait votre choix?
Oui. Vous passez en revue la liste des 32 équipes et vous éliminez celles que vous ne souhaitez pas rejoindre. Mon agent m'a aidé à choisir.
Quels critères entrent en jeu?
Il arrive que l'on ne soit tout simplement pas intéressé par un lieu.
Une star comme vous a-t-elle peur d'être tradée (échangée)?
Cela arrive. Tout le monde le sait. Mais on s'en aperçoit généralement avant que cela se produise. Il arrive parfois que des joueurs soient étonnés. Je ne sais pas ce que cela fait: ça ne m'est encore jamais arrivé. Ce n'est certainement pas agréable, surtout lorsqu'on a une famille. Mais cela fait partie des risques du métier!
La nervosité doit être grande les derniers jours avant la date limite des transactions.
Oui, on le remarque facilement. Il y a des joueurs nerveux. On entend des mecs dire: «Je suis sûr de partir». Il peut se passer quelque chose jusqu'à la dernière seconde.
On attend désormais chaque année des Devils du New Jersey qu'ils percent. Ils ont recruté un nouveau gardien numéro 1: Jacob Markström en provenance de Calgary. Cela suffira-t-il pour faire un bond en avant?
On connaît l'importance du gardien. Les meilleures franchises de NHL disposent toutes d'un gardien constant et solide, capable de gagner ces matchs que tu devrais normalement perdre.
Qu’attendez-vous de cette nouvelle saison?
Nous voulons et devons nous améliorer. Mais ce sera difficile. Seule la moitié des 32 équipes se qualifie pour les séries éliminatoires. Le plus important, c'est d'atteindre les play-offs. Nous voulons être parmi les 16 meilleures équipes et jouer pour la Coupe Stanley. Dès lors, tout est possible.
Adaptation en français: Romuald Cachod.